Bienvenue un brainstorming sur la confiance...


sur Agoravox.

Si je vous parle de ça, c’est d’abord parce que le sujet m’a toujours passionné et je me suis un temps penché dessus en tant que chercheur avec alors l’espoir de construire une sorte de « serre » à idées dans laquelle il suffirait de planter des graines pour voir ensuite les meilleures « pousser » grâce à la « création collaborative » façon Wikipedia. Mais, en définitive, j’étais trop attaché à mes idées pour les abandonner comme ça à la vox populi car on ne sait plus alors ce qu’elles vont devenir.

Les contributions des lecteurs se trouvent, de fait, réduites aux seuls commentaires.

 Ce fonctionnement hiérarchique avec distribution des rôles sans équivoque entre auteur et lecteur limite passablement le potentiel de l’intelligence collective mais il présente aussi l’avantage de le canaliser utilement. En effet, dès lors qu’ils ne sont pas du pur trollage, les commentaires et les discussions qu’ils amènent peuvent constituer un réel et très sérieux apport de connaissances susceptible de complémenter utilement l’article initial ne serait-ce qu’en opérant une forme de brainstorming.

J’étais donc déjà en route vers le brainstorming et aujourd’hui je voudrais essayer d’adopter plus franchement l’attitude consistant à mettre des vues et mes conceptions en retrait afin de laisser davantage de place aux apports des lecteurs.

par ailleurs cela va de soi.

par avance Soyez très à l’aise « à l’insu de leur plein gré » ;-).

Quoi qu’il en soit, il est temps d’aborder notre sujet du jour  : qu’est-ce que la confiance ? Telle est la question que je ne vais donc plus m’efforcer de « traiter » à proprement parler mais dont je vais seulement tenter de faire le tour, comme dans une promenade en boucle, une circon-spection (regard circulaire) ou une encyclo-pédie (marche en cercle). Autrement dit, les perspectives vont s’enchaîner comme on enfile des perles. Le fil thématique restera présent mais il n’y aura pas nécessairement une articulation.

Une fiancée est donc

Celui-ci.  :

signifie qu’on remet quelque chose de précieux à quelqu’un, en se fiant à lui et en s’abandonnant ainsi à sa bienveillance et à sa bonne foi.

On pourrait donc dire que, d’une certaine manière, dans la confiance, on « s’en remet à l’autre », on en fait le gardien de quelque chose qui nous est précieux comme, par exemple, lorsqu’on partage un secret ou quelque chose de nature con-fidentielle.

ça tombe sous le sens — il apparaît que la confiance est une prise de risque. En faisant confiance, nous renonçons à un total contrôle sur quelque chose de précieux, quoi que ce soit, pour le confier à une autre personne. de confiance.

en effet, le tout premier paragraphe de l’entrée Confiance (Trust)  :

pour des conseils Mais la confiance implique aussi le risque que les personnes en qui nous avons confiance nous déçoivent, car s’il y avait une garantie qu’elles ne nous déçoivent pas, nous n’aurions pas besoin de leur faire confiance. La confiance est donc dangereuse. Ce que nous risquons en faisant confiance, c’est de perdre des choses précieuses que nous confions à d’autres, y compris peut-être notre amour-propre, qui peut être brisé par la trahison de notre confiance. »

Pour résumer, nous sommes dans la confiance quand, quelque chose qui nous est précieux, matériel ou immatériel, est remis dans les mains d’une autre personne qui, de par sa nature humaine, trop humaine, est toujours susceptible de nous faire défaut, de sorte qu’une prise de risque est inévitable.

que ce soit simplement le garagiste à qui nous confions notre véhicule avec l’idée qu’il fera ce qui doit être fait dans notre intérêt et pas le sien, il y a nécessité d’une confiance/prise de risque dans toutes les interactions humaines puisque n’avons jamais de garantie que la personne de confiance l’est vraiment ou, si elle l’est, le restera jusqu’au bout.

A ce moment de l’exposé, s’il était présent, un auditeur impertinent pourrait me demander  : « le bout de quoi ? ». Force me serait de répondre  : « bonne question  !  ».

En effet, de quoi parle-t-on, lorsqu’on évoque le fait de confier quelque chose de précieux à quelqu’un, si ce n’est d’une transaction appelée, comme toutes les autres, à se terminer en respectant un certain nombre de normes fondamentales des relations humaines telles que la réciprocité, l’équité, la justice, l’honnêteté, etc.

Quand, par exemple, nous sommes en voyage et qu’un autochtone nous invite à venir manger et même dormir chez lui, il nous dit sans même l’avoir dit qu’il nous fait confiance et nous sommes invités à lui faire confiance. Refuser l’invitation serait traduire un manque de confiance, c’est-à-dire, refuser de s’en remettre à lui, refuser de lui confier nos biens et peut-être nos vies.

La question de la confiance nous fait donc plonger au cœur des relations humaines, quand il s’agit de se risquer à l’ouverture nécessaire pour accueillir l’autre tel qu’il est autant qu’il nous accueille nous-mêmes comme nous sommes, avec une part de vulnérabilité qui nous oblige à faire confiance.

Grâce au Ciel, et à des voyages improvisés qui ont été autant de micro-aventures, j’ai vécu cela bonne nombre de fois dans ma vie et cela a toujours été de belles expériences. Je dirais même que cela a été des moments de grâce, justement parce qu’il s’agissait de propositions grâcieuses, gratuites ou gratis, sans arrière-pensées, sans calculs. C’était du pur don auquel je n’ai souvent pu retourner que ma gratitude et la reconnaissance de facto du statut de « personne de confiance » que valait à mon hôte le fait que je sois venu dormir chez lui.

Il me semble qu’il serait possible d’explorer à l’infini ces jeux de miroir de la confiance supposément mutuelle dans les affaires humaines mais, pour finir, je préfère tenter un passage à la limite en considérant le rôle de la confiance dans le « commerce » humain sous l’angle. économique et politique.

Sous l’angle économique d’abord, il importe, je crois, de rappeler que la question de la confiance a été à la base du développement économique en raison de son rôle en manière d’argent. Pour commercer à l’autre bout du monde, au sortir du Moyen-Age, il fallait faire confiance… aux banquiers, aux marchands, aux transporteurs mais, avant tout, à la monnaie. Même l’or peut-être contrefait, alors les billets au porteur, c’est un challenge. La prise de risque est importante. Il faut avoir confiance dans le fait qu’ils seront dûment payés en monnaie sonnante et trébuchante le moment venu. Il s’agit en fait d’une reconnaissance de dette et c’est pourquoi rien de mieux qu’une dette sur le souverain lui-même car, lui, au moins, on peut avoir confiance  ! De là l’image des rois et des reines sur les billets des monarchies passées et présentes. Ils sont les garants de l’ordre financier et du caractère repayable de la dette que constitue le billet. On peut accepter ce fiduciaire en confiance.

parfois à l’autre bout du monde. On s’évite ainsi les risques du transport de fond et quand la maison est solide, on a alors des garanties  : un contrat remplacera avantageusement la confiance.

Sauf que lorsqu’on se débarrasse du risque et de la nécessité de faire confiance, on se débarrasse aussi de ce qui fait la beauté des relations humaines. On est plus alors que dans une transaction calculée qui peut devenir parfaitement inhumaine puisque la confiance mutuelle n’a plus lieu d’être, puisqu’on peut faire l’économie de ce qui se trouve en son cœur et que la notion de famille révèle, à savoir, la fraternité, c’est-à-dire, le fait de se reconnaître mutuellement semblable (homo) donc humain avant toute chose.

quel que soit son taux même le plus minime — on peut mettre des hommes dans l’esclavage de la dette et donc dans une quête avide d’argent par tous les moyens possibles, donc par l’exploitation indéfinie des hommes et de la Terre.

Je sais, je livre là une vision enflammée et dramatique qui peut légitimement apparaître très discutable à première vue. Mais ne s’agit-il pas pour moi d’allumer la mèche du débat. Quoi qu’il en soit, je lui laisse cette question et je viens à la dernière, politique en diable et diaboliquement problématique.

Je comprends bien que tout homme est un homme et mérite d’être respecté et même aimé en tant que tel

Il est très clair que nous avons généralement besoin de faire confiance et nous sommes alors plutôt enclin à faire confiance au semblable, de sorte que nous sommes ensuite soucieux de vérifier qu’il n’en a pas que l’apparence. Nous craignons le traître, la cinquième colonne, celui qui est avec nous mais au service d’intérêts étrangers.

Autrement dit, la confiance, souvent et de plus en plus, se mérite. On fera confiance à ceux qui ont risqué leur vie pour nous. Mais quelle confiance peut-on avoir vis-à-vis de ceux qui ne songent qu’à nous exploiter ?

Quelle confiance avoir en une classe politique au service de la finance et qui nous met en situation d’esclavage via la dette souveraine ?

Pour ma part, je n’ai plus confiance dans les institutions. Je crois que nous allons au désastre. A plus ou moins brève échéance, plus rien ne sera garanti par la loi. Nous, les humains, nous retrouverons alors face à face, prêts à en découdre ou à nous rassembler selon que nous serons dans la défiance ou la confiance. Si, comme disait Martin Luther King, nous ne voulons pas mourir comme des idiots, ce sera le moment de réapprendre à vivre en frère.

Voilà ce que je crois, à vous la parole  !

Qui veut la prendre ?