​Immigration : pas de permis d’études en vue pour des étudiants indiens


Des milliers d’étudiants indiens qui attendent depuis des mois leur permis d’études pour venir dans des collèges du Québec devront prendre leur mal en patience  : le gouvernement fédéral, qui admet avoir suspendu le processus pour les étudiants de dix collèges privés sur lesquels enquête Québec, ne sait toujours pas à quel moment le traitement de leurs visas de visiteur pour étudiant va reprendre.

Les étudiants étrangers inscrits dans les collèges sous enquête, dont certains attendent depuis plus d’un an, peuvent-ils espérer recevoir bientôt leur permis d’études ? « Non, on ne le sait pas exactement aujourd’hui », a répondu le ministre.

​Immigration : pas de permis d’études en vue pour des étudiants indiens

Or

Une enquête non finalisée

En novembre dernier, la ministre de l’Enseignement supérieur, Danielle McCann, avait lancé une enquête sur dix collèges privés non subventionnés qui dépendent de cette clientèle d’étudiants étrangers prêts à payer jusqu’à 25 000 $ pour leur formation. Le gouvernement du Québec avait indiqué avoir des doutes sur la qualité de l’enseignement au sein de ces établissements et s’inquiétait de certaines pratiques jugées douteuses sur le recrutement international, notamment en Inde.

Un rapport promis au printemps n’a toujours pas été rendu public.

À la suite des révélations de médias, dont Le Devoir, sur les pratiques douteuses de certains collèges, le gouvernement Legault avait adopté un décret le 31 décembre 2020 pour suspendre temporairement l’émission des certificats d’acceptation du Québec (CAQ), mais l’avait presque aussitôt annulé à la suite d’une décision de la Cour supérieure.

« Je suis très sensible à leur situation et je sais que ça présente des défis.

En même temps, il faut protéger l’intégrité du programme. »

Au cabinet de la ministre de l’Immigration du Québec, Nadine Girault, on assure que les CAQ ont continué à être délivrés et qu’aucune directive n’a été donnée à IRCC pour qu’il cesse de traiter les demandes de permis d’études des étudiants indiens. « Le gouvernement fédéral doit prendre ses responsabilités, analyser les demandes de ces étudiants et leur fournir des réponses quant à l’avancement des dossiers », a réitéré Flore Bouchon, attachée de presse de la ministre.

Étudiants et collèges en colère

Inscrite au Collège Canada pour devenir éducatrice à l’enfance, Gurjant Singh a déposé sa demande de permis d’études en mars 2020, soit bien avant que le ministère de l’Enseignement supérieur ne démarre son enquête sur le réseau de collèges. Elle a même obtenu son « approbation de principe » au mois de septembre, toujours avant que son collège ne soit visé par une enquête. Elle dit ne pas comprendre pourquoi elle attend depuis si longtemps, alors que d’autres étudiants inscrits dans des collèges ailleurs au Canada n’ont aucun mal à obtenir un visa de visiteur pour étudiant.

« Mon avenir est gâché », déplore-t-elle. Son choix de venir étudier dans un collège du Québec est pour elle « la pire décision de vie ». Il y a un mois, elle s’est jointe à un grand rassemblement devant le Haut-Commissariat du Canada en Inde, à Chandigarh, pour protester contre la lenteur du traitement.

Depuis, elle fait partie des nombreux étudiants indiens qui assaillent de questions leurs collèges et les gouvernements.

Pour les collèges privés au cœur de l’enquête, seuls les gouvernements Legault et Trudeau sont à blâmer. « C’est hallucinant ce qui se passe.

Ça fait 25 ans qu’on est en affaires et on n’a jamais eu de blâme du ministère de l’Enseignement supérieur. Une partie importante de nos activités est pourtant paralysée depuis qu’on a été nommés dans une liste de collèges qui font l’objet de vérifications », dit en soupirant Henriette Morin, propriétaire de l’Institut supérieur d’informatique (ISI) de Montréal.

Elle fait pression sur Québec pour qu’il dévoile au plus vite son enquête, et sur Ottawa pour qu’il débloque le traitement des permis d’études.

Environ 110 étudiants indiens attendent un visa pour venir étudier à l’ISI. « Il y a quelque chose de pas clair qui se passe entre Québec et Ottawa, et ce sont les étudiants qui en font les frais . »

« Mais les dommages causés à notre école et à notre système d’éducation sont déjà faits », croit-il. Il dit avoir eu 400 demandes de remboursement d’étudiants indiens en date de la semaine dernière.

Le collège Matrix, dont l’ex-président Naveen Kolan a fait l’objet d’accusation de fraude en lien avec son entreprise de recrutement, est aussi préoccupé par les retards de traitement des visas des étudiants étrangers.

« Leur situation est un véritable drame humain », indique Roland Auger, directeur de cet établissement montréalais. Ces jeunes femmes et ces jeunes hommes ont répondu aux critères du Québec, aux conditions d’admission à leur formation et ont commencé cette dernière, pour certains, depuis septembre 2020 sans avoir aucune nouvelle concernant l’émission de leur visa d’études. »

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