CNR Jeunesse : la feuille de route du gouvernement répond-elle aux attentes des jeunes  ?


Décryptage

Marine Ilario,

publié le 22 juin 2023

6 min

Alors que les groupes de travail ont présenté l’ensemble de leurs propositions sur les thématiques abordées en CNR, les jeunes gardent un avis mitigé de ces rencontres, entre satisfaction d’avoir pu donner de la voix et désillusions sur les propositions retenues. Réactions.

CNR Jeunesse : la feuille de route du gouvernement répond-elle aux attentes des jeunes  ?

Sur les pavés réguliers de la cour de Matignon, plusieurs centaines de jeunes sont rassemblés sous un immense barnum blanc, à l’abri du soleil et de la chaleur ambiante. Ce mercredi 21 juin, ils sont là pour entendre les restitutions des groupes de travail des rencontres jeunesse qui se sont tenues durant quatre mois en début d’année.

Pour chacun des quatre thèmes abordés (engagement citoyen, écologie, avenir professionnel et vie quotidienne) au cours de ces CNR (Conseil national de la Refondation) quelques jeunes ont présenté un peu plus d’une dizaine de propositions.

Si certains saluent le procédé, inédit, qui leur a permis de s’exprimer et d’échanger sur des questions qui les touchent, d’autres déplorent des effets d’annonce et des demi-mesures, bien loin des véritables aspirations des jeunes.

Un reflet biaisé des aspirations des jeunes ?

Après plus de deux heures de présentation, Imane Ouelhadj, présidente de l’Unef ne peut cacher sa colère. « Pendant plusieurs mois, nous avons tenté de faire des propositions sur les problématiques des jeunes, mais elles ont été balayées avant même que l’on puisse les travailler », estime-t-elle.

La jeune militante se pose clairement la question : « Est-ce que ce CNR a vraiment été fait pour permettre aux jeunes de poser leurs aspirations pour la société de demain ? » Sans détour, elle répond par la négative.

« On a demandé une réforme structurelle des bourses pour changer le modèle actuel. Mais cette proposition a été refusée en nous disant que ce serait vu plus tard. Et, malheureusement, nous sommes plusieurs à avoir reçu comme réponse un ‘plus tard’ ou un ‘jamais’. »

Valoriser certains engagements

Comme la proposition de Ryane sur la mobilité des jeunes. Au départ, le jeune lycéen de 18 ans fait émerger l’idée d’un Pass inter-rail, à l’instar de ce qui a été mis en place en Allemagne. « Après des discussions avec des organismes, on a compris que ça ne pourrait pas être mis en place. Alors, nous avons proposé un billet de train découverte aller-retour à 1 euro pour tous les jeunes de 18 à 20 ans afin de découvrir des territoires français. »

Finalement, sa proposition a été remaniée et la Première ministre a annoncé la création d’un Pass train permettant aux jeunes de 18 à 20 ans, engagés en service civique, service national universel (SNU) ou contrat engagement jeune de voyager en illimité pendant un mois sur le réseau TGV et Intercités.

De même, quid de ceux qui s’engagent autrement, dans des associations de quartiers ou encore des syndicats lycéens ou étudiants ?

Une exclusion qui passe mal. « Nous voulions valoriser tous les engagements, sans distinction, en proposant un statut jeune engagé. Mais finalement, la seule vision que le gouvernement veut laisser paraître de l’engagement, c’est celui en SNU, service civique, etc. », constate amèrement Ephram Beloeil, membre de La Voix Lycéenne, un syndicat lycéen.

Des mesures peu coûteuses

Anastasia Léauté, présidente du réseau étudiant pour une société écologique et solidaire (RESES) regrette l’absence d’information sur les budgets alloués pour chaque mesure. « Selon moi, on a un empilement de mesures sans cohérences avec un réel manque de moyens financiers. »

Découverte des métiers, mentorat, brevet vert… Autant de mesures « qui demandent de la logistique, mais pas beaucoup de fonds ».

Imane Ouelhadj parle même de mesures « pansement ». Par exemple, sur les questions du handicap, plusieurs propositions ont émergé, dont celle de donner accès à l’AAH (allocation aux adultes handicapés) dès 18 ans. « La seule chose qui a été reprise, c’est la création d’un guichet unique MDPH au sein des universités. C’est, certes, une bonne chose, mais on voit bien qu’il s’agit d’une mesure peu coûteuse. »

Rester associé dans les mois à venir

 » Pour Ali, lycéen de 19 ans, ce sont les nombreux échanges avec des experts sur les différents sujets traités qui l’ont marqué.

Pour Ryane toutes les mesures retenues constituent un bon début. Même si sa proposition de départ n’a pas été conservée, il garde le sentiment d’avoir été écouté. Il attend maintenant de voir ce que cela va donner concrètement par la suite.

à minima, un métier vert et un métier du numérique par an. « J’espère qu’à partir de la rentrée prochaine, nous serons recontactés pour développer nos idées ».

relève Mathieu Maucort, délégué interministériel à la Jeunesse. « On sent que leur grosse préoccupation est que le processus se poursuive et qu’ils puissent continuer à suivre ce qu’il va se passer.

Le CNR jeunesse connaîtra d’ailleurs un acte II à l’automne 2023, puisqu’un comité interministériel sélectionnera de nouvelles mesures issues de ces rencontres.

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