18 ans de réclusion pour l'assassin de son "patron" à Miribel-les-Echelles


A la question, José Goncalves-Teixeira a-t-il volontairement donné la mort à Julien Descotes-Genon, les jurés ont répondu « oui », écartant l’acte de violence volontaire ayant entrainé la mort, sans intention de la donner. Ils confirment la qualification « d’assassinat » pour laquelle l’accusé était renvoyé. Dans une histoire où se mêlent travail au noir et dette d’argent.

Des textos annonciateurs

« La préméditation, c’est le contraire de l’impulsion subite » avait commencé le réquisitoire de l’avocate générale. Pour Mathilde Porret-Blanc l’assassinat, c’est à dire le meurtre avec préméditation, ne fait aucun doute. Elle avait requis 20 ans de réclusion criminelle avec une peine de sureté d’un tiers. Les jurés l’ont quasiment suivi.C’est le faisceau d’intentions concordantes qui justifie cette condamnation. Deux SMS qui annoncent l’intention de tuer, une heure puis une demi-heure avant le drame. SMS envoyé à un ami qui n’a pas répondu, puis à la victime elle-même : « Je vais te trouer la peau » Quand on sait que Julien Descotes-Genon est mort d’un pneumothorax provoqué par une balle de 7.65 dans le haut du poumon.Et puis, il y a l’achat de l’arme. Quand ? Teixeira n’a pas voulu répondre. Et encore, pour tirer avec ce 7.65, il y a cinq actions à faire comme remplir le chargeur, enlever le cran de sécurité ou armer le canon.  En plus, le pistolet a été plaqué à bout touchant sur une zone létale du corps  : le haut du torse. Enfin, après le tir, le meurtrier a ramassé ses lunettes tombées au sol et il est reparti sans chercher à porter secours à celui qu’il appelait son ami. Des arguments repris par Me Florent Girault, l’avocat des parties civiles  : « Si vous ne vouliez pas le tuer, pourquoi ne pas lui avoir porté secours ? Vous êtes parti en laissant votre ami au sol » le comparant au dormeur du val de Rimbaud. « Il était encore vivant. Après un pneumothorax on peut parler pendant trente secondes et on agonise encore pendant dix minutes »

18 ans de réclusion pour l'assassin de son

Pourquoi mes enfants n’ont plus de père ?

« Pourquoi mes enfants n’ont plus de père ? Pourquoi, il a fait ce qu’il a fait ? J’attends toujours la réponse » demandait, mercredi soir, Mouna Descotes-Genon en sanglots. La jeune veuve, âgée de 34 ans, remet en cause le mobile du crime  : « C’est trop simple de parler de paiement »Mais lorsque la présidente de la cour d’assises, Valérie Blain, lui demande  « Est-ce que c’était du travail au noir ? »  Mouna répond  : « Je ne pourrais pas vous dire »  La présidente poursuit  : « votre mari avait retiré 27.200 euros en liquide » Réponse de Mouna Descotes-Genon  : « C’était pour aider des gens »   Dans sa plaidoirie, jeudi matin, Me Giraud, son avocat relevait « qu’il eut été bon de démontrer ce que devait chacun »Dans son réquisitoire, Mathilde Porret-Blanc, avait également noté des virements bancaires de Julien à José  : 9.000 euros dans la dernière année, citant encore les artisans qui ont témoigné et qualifié Julien Descotes-Genon « d’honnête » 

C’est parole contre parole

Dans ses dernières déclarations, mercredi soir, José Teixeira, avait maintenu sa version  : « Il me devait 22.000 euros d’arriérés pour le travail sur plusieurs années et 6.000 euros pour du parquet pour sa maison » Et c’est justement « la moitié du parquet » que réclame José Teixeira, une heure avant le meurtre. Le problème avec le travail au noir, c’est que le portugais n’a aucun document pour le prouver. Mais l’accusation est également dans l’impossibilité de produire la comptabilité de la SCI de Julien Descotes-Genon, qui prouverait une rémunération basée sur des factures ou un contrat de travail. Reste que José Teixeira travaillait beaucoup pour la victime. Tous les témoins l’ont dire, son épouse compris. 

– Gerard Fourgeaud

Alors, « le vrai mobile du crime ne serait-il pas la jalousie, envers un ami qui va plus vite », demande Me Florent Girault. Julien était sur un autre projet avec d’autres investisseurs. Quand José Teixeira lui réclame 3.000 euros, la victime lui répond qu’elle a besoin de cet argent pour ce nouveau projet.  « Il vivait cette période comme une profonde injustice » a reconnu l’avocate générale, avant de réclamer 20 ans de réclusion criminelle assortis d’une peine de sureté d’un tiers. Mathilde Porret-Blanc rappelle que le geste de tuer un homme, « c’est une relégation des moyens constructifs de règlement des différents. Dans le code pénal, un assassinat c’est juste après les crimes contre l’humanité » Mais à la fin de son réquisitoire,  elle relève aussi une fragilité de l’accusé ; « Les experts l’estiment réadaptable. La peine que vous prononcerez doit en tenir compte»

L’éloigner de la société sans le bannir définitivement

Pour lui, au moment du tir, l’arme est tombée au sol, après que la victime ait donné deux gifles à l’accusé.  » Il s’est baissé pour ramasser l’arme empoignant la gâchette comme un prolongement de la crosse ». « S’il veut tuer, il tire plusieurs balles » plaide le défenseur.« Vous devrez requalifier les faits en violence volontaire ayant entrainé la mort sans intention de la donner »

Plus tôt, Me Ronald Gallo avait donné aux jurés une référence :  les quatorze ans de réclusion criminelle contre Marc Cécillon pour l’assassinat de son épouse, en 2004. Ce dernier était défendu par l’actuel garde des Sceaux, notait l’avocat.La cour d’assises n’a pas suivi les avocats de la défense. José Teixeira pourra faire appel du verdict. En théorie ! Car avec une condamnation à 18 ans, compte-tenu des 2 ans et 8 mois de prison préventive, il pourrait sortir dans sept ans. A cette idée, Mouna Descotes-Genon est indignée. L’épouse de la victime espérait une condamnation plus forte. 

Assises de l’Isère : un meurtre sur fond de travail au noir