Publié18. juin 2024, 07:44
Euro 2024: Comme la France: une soirée presque ratée
Les Français sont des dizaines de milliers à travailler toute l’année à Berlin. Sauf que moi, j’ai apparemment mal calculé l’endroit et le jour pour aller les voir, lors de ce Championnat d’Europe.
parRobin Carrel (Berlin)Oui, à la fin, ça pique.IMAGO/ShutterstockL’idée de génie (ou pas. Finalement pas, en fait…) ! La France jouait ce mardi et, depuis Berlin, autant aller voir les Bleus évoluer dans un des nombreux restaurants français de la capitale, histoire de chauffer les Hexagonaux sur les dernières déclarations de Marcus Thuram et Kylian Mbappé.
Il y a plus de 30’000 Français dans la capitale allemande, ça devrait être facile à trouver. Sauf que je n’avais pas pensé à un truc très français: chez eux, on ferme le lundi.J’ai regardé sur internet et deux de mes principales cibles au niveau des bars ne semblaient pas faire cas de ce match et leurs portes étaient closes.
J’ai tenté de me rabattre sur le «Centre Français de Berlin», mais à part la future fête de la musique, une course à pied pour promouvoir les JO et une vision en commun de France-Pays-Bas dans quelques jours, j’ai trouvé portes closes.Sur le web, j’ai cru dénicher enfin une guinguette appelée la «Brasserie à Patoche» – et ça m’aurait fait plaisir après le concert de Patrick Sébastien au D ! -, mais elle a visiblement fermé il y a dix ans. OK, il va donc falloir creuser.
Heureusement, Google Maps a quand même été mon ami et a trouvé pour moi «La Muse Gueule», dans le quartier assez marrant de Berlin-Prenzlauer Berg. Oui, le jeu de mots fait plaisir.Vite rassuré par la patronne sur la possibilité de voir le match, je m’en vais découvrir le quartier pour la forme.
Revenu sur place un peu avant le match, le drame. Il n’a plu qu’une fois ce jour-là, mais le ciel a tout donné en l’espace de 10 minutes. Le temps de poutzer la terrasse et de faire fuir quelques clients… Heureusement, le ciel s’est calmé pour les hymnes.
Mais ça n’a fait qu’annoncer une soirée un peu bizarre. Comme sur le terrain d’ailleurs.J’étais quand même venu ici pour trouver des fans des Bleus.
Mais j’ai rapidement compris qu’il n’y avait pas énormément de vrais Français dans le bistrot, en entendant la table d’à côté deviser à moitié en anglais et les autres en espagnol, puis quand mes voisins de table ont demandé comme dessert… du beurre et du sel. Juste pour beurrer le pain gratuit qu’il leur restait, le saler et finir leur repas là-dessus.Oui, j’ai hésité à quitter le pays séance tenante quand j’ai vu ça.
J’étais pourtant parti dans l’optique de lancer deux ou trois débats sur les sorties récentes de Kylian Mbappé en conférence de presse ou comme ça. Mais ç’a été franchement impossible. Surtout que la table de derrière s’était amusée à compter les Noirs de l’équipe de France au moment des hymnes.
La question était donc vite répondue et je n’avais pas trop envie de creuser la chose.Surtout que la soirée a fini par virer au carrément gênant. Car quand tu es le seul – à part les patrons – à parler français dans le coin et que tu n’es pas pris en flagrant délit de franchouiardise et à sauter sur la table après le 1-0 sur un vilain auto-but, les gens se posent des questions, puis t’en posent.
Parce que j’aurais bien essayé la blague: «Ah ben dès que Mbappé passe à droite ça marche», mais personne ne l’aurait comprise. Ni celle sur Thuram et le flanc gauche d’ailleurs.