À Carcassonne, le Festival du film politique plongera dans la dure réalité de la reconversion des anciens sportifs pr...


L’événement, qui se déroulera du 14 au 18 janvier 2022, proposera le 16 janvier à 17 h 15, à l’Odeum, une projection-débat du documentaire « Le sport, les médailles et après ! ». Entretien avec la co-réalisatrice Véronique Barré, dont l’association « Collectif sports » aide les sportifs à préparer leur arrivée dans le monde du travail et de l’entreprise.

Vous avez été vous-même volleyeuse de haut niveau, avez-vous connu ces difficultés de reconversion à l’issue de votre carrière sportive ?

À Carcassonne, le Festival du film politique plongera dans la dure réalité de la reconversion des anciens sportifs pr...

Non, car c’était une autre époque. J’ai toujours fait du sport en parallèle avec d’autres activités. J’ai été chef d’entreprise à 24 ans car j’ai eu très vite envie de lancer des choses sur un plan professionnel, tout en continuant de jouer au volley. Avant, c’était encore possible. Aujourd’hui, les sportifs pros ont deux entraînements quotidiens et ne maîtrisent plus leur emploi du temps.

Quand avez-vous décidé de vous investir pour aider les sportifs de haut niveau à préparer l’après carrière ?

Vous présentez au Festival « Le sport, les médailles et après ! », co-réalisé avec Alex Dell. Pourquoi avoir voulu tourner ce documentaire ?

 

Dans le film, un coureur cycliste que j’ai accompagné il y a quinze ans raconte qu’à la fin de sa carrière, il a voulu entreprendre un bilan de compétences : la personne de l’organisme spécialisé lui a répondu que c’était inutile et que s’il ne savait rien faire d’autre que du cyclisme, il n’avait qu’à vendre des vélos. Beaucoup de gens ignorent encore que le sportif de haut niveau a des talents cachés, des ressources insoupçonnées pour les entreprises. Il est encore compliqué d’introduire dans la logique d’un recruteur ce que ça représente d’aller chercher un titre national, international ou olympique. Réaliser une performance sportive mobilise des compétences dont on a aussi besoin en entreprise !

qu’ils ne sont pas légitimes. Alors que pourtant, imaginez ce que représente pour un sportif de suivre des études en plus de sa carrière ! J’ai voulu faire ce film pour que ce regard évolue, pour qu’il y ait une prise de conscience. Clubs, fédérations ou chefs d’entreprise, chacun peut faire bouger les choses à son niveau.

Je suis allée voir des personnes que je connaissais, elles et leur histoire. Elles ont souvent accepté pour contribuer à ce que la situation évolue positivement. Je pense notamment à Emilie Andéol, championne olympique de judo à Rio, pour laquelle ça ne s’est pas super bien passé par la suite. J’ai voulu balayer différents sports, différents niveaux, faire parler des jeunes en cours de carrière et des sportifs qui l’ont terminée. Mais je donne aussi la parole à des gens issus d’autres milieux, de l’entreprise notamment. Mon objectif est d’inviter à la réflexion, de montrer qu’un ancien sportif ne devient pas forcément coach ou commentateur. On connaît les victoires ou la popularité de quelques-uns, mais le sport professionnel représente en France 30 à 50 000 personnes.

Diriez-vous que le modèle que vous avez connu était plus sain que le monde sportif pro d’aujourd’hui ?

L’équilibre psychologique et familial était davantage préservé, on ne connaissait pas de burn-out dans le sport. Aujourd’hui, le sportif de haut niveau est obligé d’être à 200 % sur sa pratique, c’est un citron que l’on presse au maximum pour qu’il crache un peu de sa performance, pour qu’il apporte au spectateur son lot d’émotions. Je trouve que le sportif est devenu un objet, et qu’on ne respecte plus trop la personne qu’il y a derrière.

Aude – Renaud Herpe et la reconversion des anciens sportifs : « J’ai vu beaucoup de dépressions »

Un sujet plus politique qu’il en a l’air

Président du Festival, Etienne Garcia estime qu’il n’y a rien d’illogique de poser la question de la reconversion d’anciens sportifs dans une manifestation dédiée au film politique. « La politique s’invite dans de nombreux domaines, explique-t-il. Or le sport n’en est pas exempt : il n’y a qu’à voir les débats autour de la Coupe du monde au Qatar, les boycots diplomatique des JO de Pékin ou le regard porté sur l’équipe de France de foot, parfois considérée comme le reflet de la société ». Véronique Barré confirme. « La thèmatique de mon film est complètement politique. La nature des parcours, les moyens donnés aux sportifs pro pour préparer la suite, le fait de décider s’ils doivent ou non choisir de vivre de leur sport. Tout cela résulte de choix politiques, déterminant la place que l’on donne au sport dans notre société. »

Pour en débattre le 14 janvier prochain à l’issue de la projection du film, seront présents, outre la réalisatrice, Mathilde Becerra, championne de France d’escalade, Philippe Guillard, ex rugbyman devenu réalisateur de cinéma, Yannick Jausion, ancien joueur de rugby reconverti notamment dans les assurances (par ailleurs conseiller régional), et Muriel Hurtis, championne du monde du relais 4 X 100 m en 2003, qui travaille aujourd’hui pour le Crédit Agricole. Le public pourra prendre part aux échanges : des sportifs et représentants de différents clubs locaux sont aussi attendus.