Publié le 27 Août 21 à 16 :12
Le Journal de l’Orne
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moissons hasardeuses… La pluie estivale de cette année 2021 complique la tâche des agriculteurs. Comme Clément Thomine, cultivateur à Nécy, près de Trun.
Depuis le début de l’été, on a fait plus de route qu’autre chose.
Pointant du doigt le sol gravilloneux de la cour, il cite pour exemple :
il a plu 2 millimètres ; ça nous a bloqués pour la journée.
Installé au Marais-de-la-Chapelle, au nord de Trun, il cultive du blé, de l’orge, du colza, de l’avoine, du lin… Avec son père, Philippe, ils se voient aussi confier par des clients le battage du blé, « comme des prestataires de services », illustre l’homme à la moustache grise.
« On a pris facilement 10 jours de retard »
Le garçon de 30 ans raconte avec dépit :
Un jour, on est arrivés aux Moutiers-en-Auge. On n’avait pas fait 20 mètres qu’il s’est mis à pleuvoir. On a décidé d’aller voir à Fourches, on a pu faire un hectare avant qu’il ne se mette à pleuvoir.
Pour les agriculteurs, le mauvais temps au moment des moissons nuit d’abord à leur organisation. Il précise :
Normalement, on commence fin juin par l’orge et on attend que le blé mûrisse un peu. On fait les cultures les unes après les autres et le tout est fini autour de la première semaine d’août. Cet été, on a commencé le 13 juillet !
Et le père d’ajouter : « On a pris facilement dix jours de retard. »
« On s’attendait à des records »
D’autant que le planning s’en trouve aussi bousculé :
Habituellement, on planifie à la semaine ; là, c’est plutôt du matin pour l’après-midi.
Soulagement pour les Thomine : « On arrive au bout ! »Mais la pluie provoque des dommages bien plus importants qu’une simple question de gestion : elle agit directement sur la qualité des céréales, et notamment sur le blé, qui constitue environ 70 % des cultures de Clément. Le jeune exploitant précise :
C’est celle qui sèche le moins vite. Quand le grain est humide, on ne peut pas le stocker ; il lui faut un minimum de 15 °C.
Des normes à respecter
Par ailleurs, de nombreuses normes doivent être respectées pour être vendu en blé dit meunier, qui servira notamment à la fabrication du pain. D’abord, le poids spécifique, qui doit atteindre la barre des 76. Le fils, citant un voisin, souligne :
Là, on tourne autour des 70 ; et avant les grosses intempéries, le maximum qu’on a atteint, c’est 73.
Désabusé, il remonte :
Les années se suivent et ne se ressemblent pas. L’an passé, fin juillet, on était à 80. Il y a quelques mois, on s’attendait à des records ! Mais à cause du manque d’ensoleillement, on a perdu près de 10 points en poids spécifique.
Ensuite, le taux d’humidité fait également la valeur de la céréale. Une fois qu’il est envoyé à la coopérative, un échantillon est prélevé pour déterminer ce taux, ainsi que celui de protéines et le poids spécifique.
S’il ne répond pas à toutes les normes, son prix baisse.
Inquiétude
Ou bien il ne peut plus être vendu que sous forme de blé fourrager, qui vaut également moins.Le trentenaire, dont la voix trahit malgré tout une certaine inquiétude, se convainc :
Pour l’instant, on est en plein dans les moissons, on ne parle pas encore du prix. Les coopératives essaient de trouver des contrats qui vont en revaloriser le tarif, mais c’est à la rentrée que ça va se décider. En même temps que vont arriver les charges.
Le père et le fils ont déjà pu négocier trois contrats au printemps, qui vont leur permettre de maintenir la tête hors de l’eau. Sans compter que les autres cultures ont moins subi les caprices météorologiques.Un dicton bien connu des agriculteurs dit :
Le mauvais temps, c’est celui qui dure.
Pour nombre d’entre eux, la pluie a déjà duré trop longtemps.Cet article vous a été utile ? Sachez que vous pouvez suivre Le Journal de l’Orne dans l’espace Mon Actu. En un clic, après inscription, vous y retrouverez toute l’actualité de vos villes et marques favorites.