l’essentiel
À l’occasion de la Journée de l’Europe hier, Emmanuel Macron a proposé la création d’une « communauté politique européenne » pour accueillir notamment l’Ukraine.
Ce 9 mai a vu se télescoper deux événements majeurs sur la scène internationale, pour ne pas dire deux visions du monde. D’un côté, à Moscou, Vladimir Poutine a présidé le défilé militaire et des cérémonies commémorant la victoire de l’Armée russe en 1945, en faisant des parallèles spécieux avec la guerre qu’il a déclenchée en Ukraine. D’un autre côté, à Strasbourg, les représentants de l’Union européenne célébraient en cette Journée de l’Europe la déclaration de Robert Schumann, cet acte fondateur qui, en 1950, jeta les bases de l’UE sur un message de paix.
Une convention citoyenne pour améliorer l’UE
Soixante-douze ans plus tard, les chefs d’État et de gouvernements européens ont voulu entretenir ce message de paix et montrer combien l’Union européenne pouvait poursuivre sa consolidation au service de la paix, notamment en s’appuyant sur les conclusions de la Conférence sur l’avenir de l’Europe. Depuis mars 2021, des citoyens et des experts ont travaillé pour trouver des pistes d’amélioration au fonctionnement de l’UE, sur le modèle de la Convention citoyenne sur le climat en France. La conférence sur l’avenir de l’Europe est d’ailleurs une idée d’Emmanuel Macron.
Cet exercice sans précédent a abouti à un rapport axé sur 49 propositions incluant des objectifs concrets et plus de 320 mesures pour que les institutions de l’UE assurent un suivi sur neufs sujets : changement climatique et environnement ; santé ; une économie plus forte, justice sociale et emploi ; l’UE dans le monde ; valeurs et droits, État de droit, sécurité ; transformation numérique ; démocratie européenne ; migration ; éducation, culture, jeunesse et sports.
Emmanuel Macron et Olaf Scholz
AFP – JOHN MACDOUGALL
Ce rapport a été remis hier à la Présidente du Parlement, Roberta Metsola, à Emmanuel Macron, président du Conseil qui a salué « une bouffée d’air frais pour notre continent », et à la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen. Nombre des proposions émises par les citoyens européens – conférer un droit d’initiative législative au Parlement, élargir les compétences de l’UE en matière de défense ou de santé… – parmi lesquelles des listes transnationales pour les prochaines élections européennes, vont nécessiter un changement des traités européens et notamment la fin de la règle de l’unanimité avec laquelle le veto d’un seul pays peut tout bloquer, comme actuellement sur la question de l’embargo du pétrole russe.Mais aller vers une majorité qualifiée pour prendre des décisions est loin d’être acquis. Si Emmanuel Macron et d’Ursula von der Leyen se sont dits favorables à une révision des traités pour renforcer l’UE, treize des 27 pays membres s’y opposent. « Il faudra réformer nos textes, c’est évident. L’une des voies de cette réforme est la convocation d’une convention de révision des traités. C’est une proposition du Parlement européen et je l’approuve », a déclaré Emmanuel Macron pour son premier discours sur l’Europe depuis sa réélection, avant de partir à Berlin pour rencontrer le chancelier Olaf Scholz.« Agir fort, allez vite, rêver grand, ces mots ne sont pas seulement l’apanage de la Chine ou des États-Unis d’Amérique », a lancé Emmanuel Macron face à « une volonté de démonstration de force, d’intimidation et un discours résolument guerrier » du président Vladimir Poutine.
Créer une « communauté politique européenne »
Pour répondre à la demande d’adhésion à l’UE de l’Ukraine, qui prendrait des années, Emmanuel Macron a proposé de créer une « communauté politique européenne », nouvelle organisation qui « permettrait aux nations européennes démocratiques adhérant à notre socle de valeurs, de trouver un nouvel espace de coopération politique, de sécurité, de coopération ». « La rejoindre ne préjuge pas d’adhésion future à l’Union européenne, comme elle ne serait pas non plus fermée à ceux qui ont quitté cette dernière », a détaillé Emmanuel Macron en référence au Royaume-Uni. Cette nouvelle organisation serait aussi, d’évidence, plus européenne et plus politique que l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) où siègent les Etats-Unis…