“l'âge de départ à 64 ans, c’est trop ! J’attends la retraite et je veux en profiter”


La Première ministre Elisabeth Borne doit dévoiler mardi 10 janvier sa réforme des retraites et proposer un report de l’âge légal de départ à 64 ans, au lieu de 62 ans actuellement, après avoir envisagé 65 ans. Travailler plus, une perspective qui ne réjouit pas tous les actifs.

Êtes-vous prêt à travailler plus longtemps ? Nous avons posé la question aux travailleurs de Franche-Comté alors que la réforme, sensible socialement va être dévoilée.

“l'âge de départ à 64 ans, c’est trop ! J’attends la retraite et je veux en profiter”

L’âge légal de départ à la retraite change, et pour beaucoup, c’est une mauvaise nouvelle. Pour cet ouvrier dans les travaux publics, c’est le coup dur. “Quand on travaille dans les travaux publics depuis des années, on est fatigués, on travaille dehors par n’importe quel temps. On ne peut pas aller plus loin. J’attends la retraite et je veux en profiter”.

Lui aussi ne se voit pas des années supplémentaires au volant de son camion. “On fait déjà beaucoup d’heures, avec l’âge, on va en faire encore plus. Je pense qu’on va être plus dangereux sur les routes. Je pensais partir moi à 60 ans, ça va tout changer. S’il faut aller encore plus loin, ce ne sera pas évident, il y a le travail la nuit, les ports de charges, la vigilance au volant. »

La retraite en France était pour l’instant à 62 ans si on avait tous ses trimestres cotisés.

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Pour Franck, « la retraite ne doit pas être une question d’âge, mais de trimestres cotisés. Notre devise français est : Liberté, ÉGALITÉ, fraternité, ou est l’égalité dans ces lois ?” s’interroge-t-il.

Un Bisontin interrogé en centre-ville ne voit pas d’inconvénient à travailler plus longtemps. “Je suis prêt. C’est, je pense le seul moyen de sauver le régime de retraite par répartition, il me semble. À partir du moment, où on n’est pas épuisé physiquement, et qu’on est épanoui, on peut travailler, je pense jusqu’à 67 ans”.

Travailler plus longtemps, ce Bisontin y est prêt.

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alors je serais heureux qu’il se manifeste vite je n’y vois pas d’inconvénient ! “ dit-il.

Sans se prononcer pour ou contre, vous êtes nombreux à vous interroger sur ce que sera votre santé à l’approche de la retraite. Comme Mathieu. “Dans mon métier ils sont tous « cassé » bien avant 60 ans que ce soit le dos, les épaules. alors comment faire bosser jusqu’à 64 ou 65 ans. Il faut grimper sur des presses en hauteur, brider des moules manuellement. À 63 ans vous voyez quelqu’un faire ça ? »

Vincent lui ne souhaite pas travailler plus longtemps. “Non, car il y a suffisamment de gens inactifs et de postes non pourvus pour obliger les anciens à travailler plus. Maintenant chacun fait comme il veut. Il n’ y a pas que le travail dans la vie. De plus, elle passe tellement vite”. Cristina s’interroge : “on a déjà du mal à trouver un travail à 50 alors jusqu’à 65 ans”.

En France, la retraite était jusqu’à présent à 62 ans… Comme en Suède, Norvège ou Slovaquie, ailleurs dans les autres pays les âges de départs varient de 64 à 67 ans.

Ermeline rappelle qu’en Suisse voisine, “la retraite est à 65 ans pour les hommes, 64 ans pour les femmes depuis pas mal d’années. Depuis peu, après les votations, elle est passée à 65 ans pour les femmes aussi.Tout en sachant que l’on travaille entre 40 et 42 heures par semaine. Que les ouvriers du bâtiment cotisent chaque mois plus, et prennent leur retraite à 60 ans. Rien de plus normal. Personne ne s’en plaint, tout en sachant que l’on vit de plus en plus vieux, il est juste de travailler plus longtemps… !  »

64 ans ou 65 ans ? Quelles seront les conséquences sociales de cette nouvelle réforme ? La France a connu depuis une trentaine d’années une série de grandes réformes de ses systèmes de retraite pour répondre au vieillissement de la population et à la dégradation financière de ses caisses.  À chaque fois ou presque, l’allongement annoncé du temps d’activité avait provoqué des mouvements sociaux, dans un pays où le taux d’emploi des seniors est en outre particulièrement bas. Le taux d’emploi des seniors est de 56 % environ aujourd’hui, il était de 29 % à la fin des années 1990.