Alex Jones, la star américaine du complotisme, condamnée à payer près d’un milliard de dollars


Pendant longtemps, ses mensonges lui ont rapporté gros. Aujourd’hui, ils risquent de lui coûter cher. Mercredi 12 octobre, un jury du Connecticut a ordonné à Alex Jones, star du complotisme, de payer 965 millions de dollars (990 millions d’euros) de dommages aux familles des victimes de la fusillade de Sandy Hook, ainsi qu’à un agent du FBI, dans le cadre d’un procès en diffamation. L’animateur de talk-show avait qualifié de « canular » la tragédie de 2012, où vingt enfants avaient été froidement abattus dans une école, et décrit leurs proches comme des « acteurs ». Ces derniers ont ensuite été visés par des menaces en ligne qui ont transformé leur vie en calvaire.

Pendant des années, ce roi de l’« infox » s’est servi de ses émissions de radio, diffusées dans une centaine de stations aux États-Unis, pour colporter les mensonges les plus fous sur le 11 Septembre ou l’existence d’un « État profond », accusé de vouloir asservir et désarmer la population américaine. Juste avant la présidentielle de 2016, il avait fait croire que la candidate démocrate Hillary Clinton gérait un cercle de pédocriminels sous un restaurant de Washington. Un mois plus tard, un homme armé se présentait à l’établissement pour « sauver » ces jeunes captifs imaginaires.

Alex Jones, la star américaine du complotisme, condamnée à payer près d’un milliard de dollars

70 millions de dollars par an

Cet été, un jury au Texas lui avait déjà enjoint de payer 49 millions de dollars à la famille de l’une des victimes de Sandy Hook. Ce procès avait été ponctué de moments de vérité pour le moins inconfortables pour le vendeur de mensonges. Confronté à une mère en colère, il avait fini par reconnaître que le massacre était bien réel. Pour ne rien arranger, ses avocats ont envoyé, par erreur, des SMS confidentiels de leur client à leurs confrères représentant le camp adverse. Les messages ont montré que Jones avait menti sous serment en assurant qu’il n’avait jamais évoqué Sandy Hook dans ses communications personnelles.

Par exemple pour avoir fait croire que ses équipements avaient truqué l’élection présidentielle de 2020.

Des précautions prises par les complotistes

Le vent est-il en train de tourner ? Pas si vite, analyse Kevin Roose. il raconte dans le New York Times que des élus politiques et d’autres animateurs de talk-shows complotistes prennent désormais leurs précautions. Ainsi, plutôt que d’affirmer haut et fort des contre-vérités et de risquer un procès en diffamation, ils se protègent en assurant qu’ils ne font que poser des questions… « Tant que les médias, les réseaux sociaux, les sites complotistes et les personnalités politiques seront récompensés sur les plans financier et électoral pour souffler sur les braises, je serai fataliste quant à la direction du pays », avance Andrew Garner, professeur de sciences politiques spécialisé dans l’étude de la démocratie à l’Université du Wyoming. Dans son émission du 12 octobre, Alex Jones a déclaré que le jugement était une « blague » destinée à « faire peur » à ceux qui, comme lui, remettent en question les autorités. Il a promis de faire appel de la décision… avant d’exhorter son public à se rendre sur son site pour acheter une boisson vitaminée et d’autres produits afin de financer sa croisade. On ne se refait pas.