« Nous avons atteint la rentabilité dans la production d’énergie renouvelable »


Sur le plan purement comptable, TotalEnergies se porte on ne peut mieux. Avant de commenter les chiffres, pouvez-vous nous rappeler ce qu’est le groupe TotalEnergies ?

Isabelle Patrier. TotalEnergies c’est une présence dans 130 pays, c’est 100 000 collaborateurs dont 35 000 en France. Notre résultat 2023, qui est un peu en dessous de 20 millions d’euros est forcément commenté, positivement ou non, En tout cas, nos résultats dans les renouvelables sont scrutés notamment par les observateurs financiers.

« Nous avons atteint la rentabilité dans la production d’énergie renouvelable »

Certains actionnaires pensent que TotalEnergies serait plus performant encore avec moins de renouvelables dans son portefeuille.

Disons que quand on nous dit  : vous n’allez pas assez vite dans le renouvelable, je réponds que nous sommes les plus rapides des cinq.Sur le plan purement comptable, TotalEnergies se porte on ne peut mieux. Avant de commenter les chiffres, pouvez-vous nous rappeler ce qu’est le groupe TotalEnergies ?

Isabelle Patrier. TotalEnergies c’est une présence dans 130 pays, c’est 100 000 collaborateurs dont 35 000 en France. Notre résultat 2023, qui est un peu en dessous de 20 millions d’euros est forcément commenté, positivement ou non, En tout cas, nos résultats dans les renouvelables sont scrutés notamment par les observateurs financiers.

Certains actionnaires pensent que TotalEnergies serait plus performant encore avec moins de renouvelables dans son portefeuille.

Disons que quand on nous dit  : vous n’allez pas assez vite dans le renouvelable, je réponds que nous sommes les plus rapides des cinq plus grandes entreprises pétrolières. Cet investissement massif dans les renouvelables provoque un certain nombre d’interrogations. Or, je rappelle que nous avons réussi à avoir une rentabilité supérieure à celle de nos concurrents dans le pétrole et le gaz et nous avons atteint la rentabilité tout court dans la production d’énergie renouvelable et dans sa distribution. Nous sommes les seuls du secteur dans ce cas.

D’accord mais alors que TotalEnergies annonce 18 milliards d’euros d’investissement en 2024, pourquoi, dans ses conditions, se « contenter » d’en consacrer 5 aux énergies renouvelables qui sont rentables ?

pourquoi pas plus ? Tout simplement parce qu’il faut trouver les projets… les capacités logistiques, les ressources humaines, obtenir les permis, pour les mener à bien et que tout est question d’équilibre.

25 % en biomolécules, biogaz, biocarburants… et 25 % en pétrole et en gaz

Isabelle Patrier, directrice générale de TotalEnergies France

PHOTOPQR/NICE MATIN/MAXPPP

C’est-à-dire ?

Aujourd’hui, la demande mondiale d’énergie repose encore à 80 % sur les énergies fossiles, on ne peut pas non plus déséquilibrer l’offre de la demande, sinon, l’ajustement se fait par le prix. Une offre inférieure à la demande entraînerait une augmentation du prix de l’énergie tout simplement.

Quel est, actuellement le « mix énergétique » TotalEnergies ? Comment se répartissent vos activités entre les différentes énergies ?

Nous avons l’ambition d’être zéro émission nette en 2050 où notre activité se répartira de manière suivante  : 50 % en électricité, 25 % en molécules bas carbone, biogaz, biocarburants… et 25 % en pétrole et en gaz car il y a encore des usages pour lesquels on ne sait pas remplacer ces énergies fossiles.

C’est quoi être « zéro émission nette » quand on est un acteur majeur mondial du pétrole, du gaz ?

Vous avez raison de faire la remarque, la précision est importante  : il s’agit, pour nous, d’atteindre en 2050 le zéro émission nette de CO2 et non pas zéro émission. Nous mettons en œuvre un plan d’actions ambitieux pour réduire au strict minimum nos propres émissions de gaz à effet de serre qui relèvent de notre responsabilité. Nous investissons aussi dans des projets de stockage et séquestration de carbone afin de « neutraliser » les émissions résiduelles. Nous travaillons sur le rendement de nos batteries, le recyclage des batteries, l’amélioration de la performance énergétique de nos biocarburants, etc. Nous y consacrons 1 milliard d’euros par an  !

« Ce ne sont pas les résultats réalisés en France qui permettent autant d’investissements en France sur le plan énergétique, environnemental et social »

Le pétrole représente désormais 45 % du modèle économique de TotalEnergies… mais l’essentiel de ses résultats financiers.

XAVIER LEOTY

Vous présentez TotalEnergies comme le plus vertueux, sur le plan environnemental, des cinq plus importants groupes pétroliers, qu’est-ce qui fait cette différence ?

Le fait que l’on soit français est assez déterminant sur ce plan. Il y a une vraie volonté de notre groupe d’avoir des engagements dans le domaine, de tenir ces engagements. Certains de nos concurrents ont fait des pas en arrière (NDLR  : l’Italien Enel a annoncé en novembre dernier un net recul de ses investissements dans les énergies renouvelables pour les trois ans à venir, Shell et BP freinent également leurs investissements dans ce domaine), nous, on dit ce qu’on fait, on fait ce qu’on dit. Tant sur le plan de la rentabilité que sur le plan des énergies renouvelables.

Reste que la polémique accompagne chaque publication des chiffres de l’activité de TotalEnergies, comme les 19,88 milliards d’euros de bénéfices pour 2023. Comment vivez-vous cela ?

C’est vrai que ce n’est pas toujours agréable de lire certains commentaires, mais je trouve que cette année, les choses sont plus apaisées. J’ai le sentiment d’une prise de conscience plus forte de la réalité de notre impact environnemental et social. Parce que nous réalisons des résultats importants à l’étranger, nous pouvons investir en France et accompagner le consommateur français. Le prix à la pompe plafonné à 1,99 euro, il n’y a qu’en France que nous l’avons fait. Je crois que de plus en plus de gens prennent conscience de cela. Ces quatre dernières années, nous avons investi 6 milliards d’euros en France, dont 3 dans la transition énergétique… Ce ne sont pas les résultats réalisés en France qui permettent autant d’investissements en France sur le plan énergétique, environnemental et social.

Avez-vous du mal à recruter ? Quelle est la marque employeur de TotalEnergies ? Êtes-vous encore séduisant pour les jeunes talents ?

Ceux qui nous contestent s’expriment plus bruyamment que les autres… Mais nous n’avons aucun mal à recruter. Nous avons embauché 2 500 personnes en CDI en 2023. Notre présence de plus en plus forte dans les énergies renouvelables ou bas carbone nous permet de proposer des parcours professionnels pour tous. Je rappelle que 8 000 de nos 35000 salariés français travaillent désormais pour la transition énergétique en France.

Que représente la Nouvelle-Aquitaine pour TotalEnergies ?

Dans votre région, nous avons 5 000 collaborateurs. 1 500 personnes travaillent pour Saft sur les batteries, 2 300 au centre de recherches de Pau, nous avons des équipes à Lacq chez Sobegi qui fournit du gaz aux industriels de la plateforme industrielle. Et bien sûr, les stations-service et les équipes qui travaillent sur la croissance de la mobilité électrique, les énergies renouvelables, le développement d’unités de production de biogaz, nous en comptons trois en Nouvelle-Aquitaine actuellement. Toutes ces activités mobilisent aussi de plus en plus de collaborateurs.