aux règles…
Présentation de l’oeuvre :
Persépolis est une œuvre autobiographique, de Marjane Satrapi au style graphique et narratif très personnel. Publiée aux éditions L’Association entre 2000 et 2003, la bande dessinée a donné lieu à la production d’un long métrage d’animation, Persepolis, réalisé par Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud et sorti en France en 2007.
Titre de l’œuvre : PersépolisNature/genre de L’œuvre : Bande-dessinéeArtiste : Marjane Satrapi (1968- )Date de création : 2000
Catégorie
Domaine : Arts du visuel
Thématiques possibles :
Repérage chronologique
Quelques dates sur l’histoire des droits de la femme :– 1924 : les programmes scolaires deviennent identiques filles/ garçons– 1944 : les femmes sont éligibles et électrices– 1965 : les femmes peuvent avoir un compte bancaire à leur nom et exercer un métier sans l’accord de leur mari– 1967 : droit à la contraception– 1975 : Loi Veil sur la contraception, tous les établissements publics doivent être mixtes– 1980 : loi sur le violQuelques dates sur l’histoire d’Iran :– 1953 : coup d’état du Shah, il prend le pouvoir– 1979 : prise de pouvoir par l’Ayatollah Khomeiny– 1980 : l’Irak de Saddam Hussein envahit l’Iran– 1989 : mort de Khomeiny, fin de la guerre– 2005 : élection comme président de Mahmoud Ahmadinejad, maire ultra-conservateur de Téhéran
Vie de l’artiste
Marjane Satrapi est née en 1969 à Téhéran dans une famille aisée, cultivée et libérale. Elle a vécu les bouleversements politiques des dernières décennies en Iran : fin du régime du Shah, révolution islamique, guerre Iran-Irak. En 1992, elle part en France, poursuit ses études à l’École supérieure des arts décoratifs de Strasbourg. Elle devient une auteure de bande dessinée à succès. Elle est notamment l’auteur de Persépolis, Broderies (2003) et Poulet aux prunes (2004).Marjane a dix ans lorsque la révolution éclate, elle habite Téhéran avec ses parents. Elle voit la chute du Shah et l’arrivée au pouvoir des islamistes. A quatorze ans, ses parents l’envoient, pour la protéger au lycée français de Vienne. Elle retourne en Iran finir ses études supérieures puis part s’installer à Strasbourg puis à Paris où elle vit encore. Elle a adapté Persépolis au cinéma en 2007 et Poulet aux prunes en 2011.
Contexte historique de création
cadre géographique ? Evènements marquants ? Eléments d’inspiration.
La bande dessinée représente les événements dans l’imaginaire de l’enfant qu’est Marjane, avec notamment, la représentation des différents régimes politiques, celui du Chah et de la Révolution Islamiste, ainsi que la figuration de la violence et de la mort.L’auteure dessine en France de nos jours, mais son travail s’inspire de son passé en Iran et tourne souvent autour des figures féminines qui l’ont aidées à se construire (mère et grand-mère). Marjane Satrapi avoue aussi avoir pour source d’inspiration Art Spiegelman auteur de Maus, que nous aborderons dans un futur article.
Description de l’œuvre
en mutation, passant d’un régime autoritaire à un autre. La vie de Marjane bascule le jour de la «Révolution Islamique» de 1979. Elle rencontre, dès lors, la guerre, la peur, le sort réservé aux femmes sous le régime des Mollahs, l’exil en Europe, la perte de repères et l’isolement au moment crucial où elle passe de l’enfance à l’âge adulte. Sa narration, rythmée par les différentes «métamorphoses» de l’être, se présente en plusieurs tomes, quatre au total, dont les épisodes correspondent aux différentes périodes de sa vie, mais également aux allers retours entre son pays natal et l’Europe.
Le dessin est noir et blanc, il est épuré et laisse la place à un texte fourni (paroles et commentaires de la narratrice). La langue est riche et mélange les tons et les registres : ceci est le signe de la richesse de l’éducation donnée à la fillette.
On remarque qu’il y a une circularité dans les regards : Marjane regarde sa mère, elle attend d’elle qu’elle persuade le père, la mère regarde son mari, elle cherche le contact visuel pour lui prouver sa force, le regard du père descend sur sa fille, car ce sont ses peurs qui le font hésiter, pas ses convictions politiques. Ce cercle du regard illustre le lien fort qu’il existe dans cette famille. Le plan rapproché crée l’impression de l’intimité dans laquelle est invité le lecteur.
« ma mère avait changé » qui s’érige en figure de la lutte des femmes. Ce combat est souligné par les deux parties du visage de la mère, une face à la vue de tous, une face cachée celle du côté du poing qui lui est déjà dans la lumière.
La fillette est un point blanc parmi les ombres noires des femmes. Elle sourit alors que tous les visages autour d’elle sont mécontents (sourcils froncés, bouches béantes qui crient). Marjane représente une certaine innocence. Elle est heureuse d’être à la manifestation, d’aider (distribution de tracts) mais ne comprend peut-être pas encore ce qui est en jeu alors même qu’elle est entourée des cris des femmes qui viennent de toutes parts (forme de la bulle, comme une explosion, majuscules et point d’exclamation).
Vignette 19 (illustration ci-dessus) : La vignette est rectangulaire, cette forme permet de représenter la vague des assaillants, une vague noire (habits, barbes) qui s’abat sur les manifestants. Cette masse est bien sûr violente, elle est tâchée du blanc des battes de base-ball, et de celui des profils pointus des intégristes. Le mouvement se dirige vers la partie droite de l’image, vers le blanc, la lumière, le salut. Le slogan « Le fichu ou la raclée » plane en haut et au centre de l’image. On remarque que par rapport à celui des femmes dans la vignette précédente, il semble plus puissant et surtout on arrive mieux à déterminer d’où il provient (flèches plus importantes dirigées vers les hommes), comme pour montrer la supériorité de l’organisation des intégristes. Enfin on peut voir cette masse comme un rouleau compresseur qui écrase la révolte et uniformise tout sur son passage.
La qualité autobiographique de la Bande Dessinée repose sur un discours narratif concis, précis, des phylactères ramassés, un langage incisif, direct, souvent familier, pétri d’autodérision. Le dessin est d’une grande pureté, simple, en noir et blanc. Les décors sont à peine esquissés car tout repose sur la caractérisation des personnages tant dans les traits de crayon que dans les mots que Satrapi met dans leur bouche.
L’adaptation reprend la trame générale de la BD et le trait de crayon de Marjane Satrapi. Elle y ajoute un récit cadre, en couleur, une palette de gris pour le retour dans le passé. Elle resserre l’intrigue autour du contexte politico-historique en supprimant les épisodes plus anecdotiques de la Bande Dessinée.
Portée ou influence de l’œuvre
L’adaptation cinématographique de Persépolis a reçu le prix du jury de Cannes en 2007 et l’année suivante les Césars du meilleur film et de la meilleure adaptation.
Rapprochement avec d’autres oeuvres :
- 1° Un premier rapprochement peut se faire avec l’adaptation de la bande dessinée au film.
Affiche du film :
Synopsis de Persepolis
L’histoire d’une jeune fille Iranienne, Marjane, pleine de rêves. A huit ans, elle est encore choyée par ses parents et grands-parents, lorsque sa vie bascule suite à l’instauration de la République islamique. C’est le début du temps des « commissaires de la révolution », qui contrôlent tout et notamment les tenues et les comportements. La jeune iranienne doit faire face à ce bouleversement, amplifié par la guerre contre l’Irak. Bombardements, privations et perte de ses proches : dans un contexte de plus en plus pénible, Marjane finit par s’affirmer et à entamer une certaine rébellion. Ses parents choisissent alors de l’envoyer en Europe… Elle y découvrira la solitude, la liberté, l’amour et la différence.
institutfrancais.de/IMG/pdf/Cinefete10_Persepolis.pdf
Extrait du film Persepolis
- 2° La série de bande dessinée Chat du Rabbin de Joan Sfar a été adaptée au cinéma, colorisée par Brigitte Findakly. Ce long métrage est sorti en 2011. Elle peut être mise en parallèle. Ce film d’animation est une adaptation des tomes 1, 2 et 5, dont le personnage principal est le chat d’un rabbin d’Alger qui acquiert la parole après avoir mangé un perroquet et se met en tête de faire sa bar-mitsva. Le film est réalisé en animation traditionnelle 2D, mais utilise la 3D relief. Il a obtenu le Cristal du long métrage lors du festival d’Annecy 2011.
La bande annonce du film :
Synopsis de « Chat du rabbin »
Alger, années 1920. Le rabbin Sfar vit avec sa fille Zlabya, un perroquet bruyant et un chat espiègle qui dévore le perroquet et se met à parler pour ne dire que des mensonges. Le rabbin veut l’éloigner. Mais le chat, fou amoureux de sa petite maîtresse, est prêt à tout pour rester auprès d’elle… même à faire sa bar mitsva ! Le rabbin devra enseigner à son chat les rudiments de loi mosaïque ! Une lettre apprend au rabbin que pour garder son poste, il doit se soumettre à une dictée en français. Pour l’aider, son chat commet le sacrilège d’invoquer l’Eternel. Le rabbin réussit mais le chat ne parle plus. On le traite de nouveau comme un animal ordinaire. Son seul ami sera bientôt un peintre russe en quête d’une Jérusalem imaginaire où vivraient des Juifs noirs. Il parvient à convaincre le rabbin, un ancien soldat du Tsar, un chanteur et le chat de faire avec lui la route coloniale… Source : UGC Distribution
Pour plus de détail sur l’oeuvre, voir le site.
- 3° La série Women of Allah de Shirin Neshat 1994
Shirin Neshat, Women of Allah. 1994
Shirin Neshat, Speechless, 1996, impression numérique et encre
Issue d’une famille occidentalisée et aisée, son père l’inscrit dans une école catholique de Téhéran. En comparaison à son foyer familial, elle y trouve l’ambiance froide et hostile. Son père l’a encouragée « à être une personne, à prendre des risques, à apprendre, à voir le monde. », et contrairement à la pratique conventionnelle de l’époque, il a envoyé ses filles aussi bien que ses fils à l’université pour faire des études supérieures. En 1974, elle quitte l’Iran pour étudier l’art à Los Angeles, San Francisco, puis New York.En 1990, elle retourne en Iran et découvre le fossé entre l’Iran contemporain et celui d’avant la Révolution.
Elles sont recouvertes de calligraphie Farsi.
JR et Marco affichent d’immenses portraits d’israéliens et de palestiniens face à face dans huit villes palestiniennes et israéliennes et de part et d’autre de la barrière de sécurité.
Regard sur l’œuvre
Exprimer son ressenti…Le ressenti est personnel, les élèves peuvent librement s’exprimer dans cette partie, mais doivent toujours justifier leur propos.
Conclusion
Il peut être intéressant de comparer certaines planches de la bande dessinée aux extraits du film qui l’illustre. Le passage à l’adolescence est traité plus longuement dans la BD : découverte de la contestation, de la cigarette…
On soulignera, que la révolte adolescente prend un tour éminemment politique, non en raison d’une conscience politique exacerbée chez Marjane, mais en raison des circonstances politiques : la Révolution Islamiste qui la pousse très vite à la contestation au nom de son désir d’indépendance, d’émancipation, d’une forme d’inconscience liée à cet âge de la vie : car vivre son adolescence normalement veut dire braver les interdits et cette bravade passe par le refus de certains codes, d’une norme, d’obéissance. Or, le régime taliban est extrêmement normatif, réglementé, fondé sur l’interdit. Il supprime toutes traces d’individualité, de personnalité. Le statut de la femme est même nié. En bravant ces règles, les adolescents s’exposent à des représailles.
goûts, comportement plus risqué…)
L’oeuvre autobiographique met en mémoire le tiraillement de Marjane, déchirée entre la culture de son pays d’origine et celle liée a son exil. Elle met en avant les difficultés de grandir dans un contexte politique changeant.
Un dossier pour les enseignants : pour plus de détails
CAP et Terminale Bac Pro.
Sources
- https://teachartwiki.wikispaces.com/Shirin%20Neshat,%20Women%20of%20Allah%20Series
- https://leadpaperink.wordpress.com/2014/09/15/the-absence-of-portraiture-in-islam/
- http://hidaclaudemasse.blogspot.fr/2012/11/shirin-neshat-artiste-contemporaine.html
(c) Katia Rigo, professeur de français et Sylvia Ladic professeur d’arts plastiques, académie Aix-Marseille
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