Analyse : Pourquoi la BoP de l'Alpine a-t-elle été révisée  ? (+ Réaction Philippe Sinault)


Ce matin, en conférence de presse. Mais depuis l’Hyperpole hier, les spéculations vont bon train dans le paddock. En cause, le chrono de Nicolas Lapierre, qui a parcouru les 13,626 km du circuit en 3’24″850, à seulement 0″442 de la pole. Jusque-là, on pourrait se dire que la BoP est parfaite, puisque celle-ci est censée donner égale chance de victoire aux concurrents de la catégorie en question. « Glickenhaus n’est qu’à une seconde derrière et nous sommes toujours un peu moins rapides en course », nous a soufflé Philippe Sinault

 

Analyse : Pourquoi la BoP de l'Alpine a-t-elle été révisée  ? (+ Réaction Philippe Sinault)

 

nous a-t-on assuré. Et jamais, l’an passé, il n’a vraiment chercher à titiller le chronomètre, bien conscient que la pole était hors de portée. »

 

Cet après-midi, la sentence est tombée : décision est prise par le tandem ACO/. La puissance de l’Alpine passe de 427 à 417 kW, soit un niveau moindre que celui dont jouissait l’A480 lors de la Journée Test et mercredi, à savoir 420 kW.

Pourquoi ce revirement de situation ?

Si cela est une interprétation qui n’engage que nous, cela sonne comme une sanction. Il semble être reproché à l’équipe tricolore d’avoir caché son jeu pour quémander une révision de la BoP en sa faveur entre la Journée Test et la journée du jeudi.

 

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Et ce avant de reprendre  : « Il y a des règles et un arbitre qui prend des décisions et que nous respectons. Mais celle-ci, nous ne la comprenons pas. Je trouve que le réajustement est dur. »

 

Il pourrait avoir en effet des conséquences fort néfastes pour le trio Matthieu Vaxiviere-Nicolas Lapierre-André Negrao. et pour la course en elle-même. Mais surtout, ce que Philippe Sinault ne veut pas, c’est que l’on « remette en cause notre loyauté », et par la même occasion l’esprit sportif de son entité.

Quelles conséquences pour Alpine ?

N’étant pas en mesure de le dire, nous avons tout simplement posé la question à Philippe Sinault pour en avoir le cœur net. Et à croire l’intéressée, elles seraient inquiétantes.

 

et que nous n’allons pas faire 12 mais 11 tours par relais, déplore-t-il. Et nous en bouclerons non pas un moins bien deux de moins que Toyota par relais. »

 

De quoi, à la régulière, encore diminuer les chances de victoire de la n°36, déjà minces tant Toyota domine son sujet dans la Sarthe. En performance pure, elle devrait se placer derrière les deux Glickenhaus. « Et nous devrions avoir du mal à doubler les LMP2, ce qui va grandement nous compliquer la tâche dans le trafic » nous a glissé l’un des trois pilotes. Chez les Bleus, plus que jamais, on se dit condamné à une course d’attente.

Que penser de cet imbriglio ?

sommes interrogés sur les décisions prises par le législateur concernant la BoP. Mais nous n’avons pas accès à toutes les analyses de données sur lesquelles se basent ce dernier. Pas plus qu’aux directives dictées par les équipes à leurs pilotes. Même pour nous, la zone d’ombre est conséquente. En GTE Pro, c’est clair, aucun des trois constructeurs n’a joué à fond l’Hyperpole. Nick Tandy (Corvette C8.R) s’est adjugé la pole en 3’49″985. Un chrono à rapprocher de la pole de l’an passé (3’46″011) et du meilleur tour en course (3’47″501). Risible n’est-ce pas ?

 

Mais qu’en est-il en Hypercar ? L’écurie Alpine a-t-elle caché son jeu jusqu’à la troisième séance d’essais libres ? C’est ce que semble penser le législateur, surpris par l’écart de chrono entre les EL3 et l’Hyperpole  : – 4″4. Ce qui est énorme, même s’il faut prendre en compte un réglage plus « agressif » pour l’Hyperpole.

 

Une chose est sûre, ce débat autour de la Balance de Performance vient polluer cette 90e édition bien plus intéressante qu’il n’y paraît, en plus de donner un arrière-goût amer à cette Hyperpole pourtant si excitante à laquelle il nous a été donné d’assister hier. Et ça, nous le regrettons grandement  ! Déjà complexe à mettre en place en GTE, ce stratagème totalement contraire aux fondamentaux du sport automobile semble plus ardu encore à gérer dans la catégorie-reine.

 

Tous ces débats et la prise de pouvoir de la politique sur le sportif font de l’ombre à notre sport favori. L’ACO laisse-t-il trop ses concurrents se larmoyer ? Le système de BoP est-il tout simplement adapté et maîtrisé ? Alors que l’Endurance a tout pour vivre, ces prochaines années, l’une des belles ères de son histoire, attention à ne pas tout gâcher.

 

Bon nombre de constructeurs – et non des moindres  ! – sont en approche. Certains avec des quatre roues motrices non permanentes, d’autres avec de simple propulsion, avec des pneus de tailles différentes, des concepts différents. Mais tous s’attendent à avoir des chances de jouer la gagne à chaque week-end de course, comme le leur laisse sous-entendre la BoP.

 

Mais nous avons un scoop, à la fin de chaque épreuve il n’y aura qu’un vainqueur. Les déçus s’en iront-ils alors tous crier à l’injustice auprès du législateur ? Est-ce réellement à ça que les fans souhaitent assister ? Au vu de vos réactions sur les réseaux sociaux, cela ne semble pas être le cas. C’est sur la piste et non en coulisses que la lutte pour la gagne doit se dérouler.