80 ans des Glières  : un film d’animation pour transmettre la mémoire


Au départ la commune de Fillière cherchait comment impliquer dans les commémorations les enfants des écoles des cinq villages d’Aviernoz, Évires, des Ollières, de Saint-Martin-Bellevue, et de Thorens-Glières sur un même projet. Un grand rassemblement sur le plateau a vite été écarté : la perspective de voir monter sur ce site fragile un millier d’enfants – et autant de bus pour les conduire – a vite fait renoncer élus et services de la commune. Une autre proposition a vu le jour : celle d’un film d’animation sur l’histoire de la Résistance dans le Massif des Bornes et des combats des Glières, avec la contribution des enfants des écoles, en partant des témoignages des anciens. « La mémoire s’éteint au fil des années, souligne Thomas Antunes, chargé de mission sur ces commémorations pour la commune de Fillière. On n’a plus cette année de mémoire vivante de rescapé des combats des Glières. Il reste ces personnes des villages qui ont vécu plus ou moins directement ce conflit et cette période difficile ».

Dix anciens ont répondu aux questions des élèves de CM1 et CM2

Ils sont dix anciens à avoir accepté de répondre aux questions des élèves de CM1 et CM2. Le plus jeune a 76 ans – il n’était pas né en 44 mais son père, Républicain espagnol engagé dans la Résistance des Glières, lui a transmis ses souvenirs -. La doyenne a 99 ans.Emmanuel Vindret – qui avait 10 ans en 1944 – a répondu aux question des enfants d’Evire, bien que réticent au début. « On a toujours peur de raconter, dit Emmanuel Vindret, parce que pendant la guerre, il y a eu des choses pas jolies ni d’un côté ni de l’autre. C’est sûr qu’il faut pas rentrer dans ces détails ». Il souligne que l’Union européenne, ça ne voulait rien dire il y a 80 ans :  » On naissait avec la haine des Allemands, et eux avec la haine des Français. En changent les mentalités, on peut faire autre chose, c’est ce que les enfants doivent retenir « . Emmanuel Vindret, qui fêtera bientôt ses 90 ans, fait partie des anciens qui ont partagé leurs souvenirs avec le élèves des écoles. –
Ségolène Julienne Comment vivaient-ils pendant la guerre ? Est-ce qu’ils allaient toujours à l’école ? Est-ce qu’ils ont vu des combats, des arrestations ? C’était quoi les parachutages sur le plateau des Glières ? Comment s’est déroulée la Libération ? Ce sont quelques unes des questions de ces enfants de 9 et 10ans, intéressés par la vie quotidienne pendant la guerre autant que par le récit des affrontements entre Résistants, et les miliciens et les soldats allemands.

80 ans des Glières  : un film d’animation pour transmettre la mémoire

Les témoignages vont être diffusés dans un film d’animation

Ces témoignages audios et vidéos vont maintenant faire l’objet d’un film d’animation, à partir de dessins que les enfants ont peints et découpés, puis photographiés image par image avec Julie Brillant – intervenante en éducation à l’image – et le concours de la cité de l’image CITIA d’Annecy.Devant un dessin représentant le plateau des Glières avec des avions que les enfants font avancer centimètre par centimètre pour chaque photo,  Julie Brillant explique :  » Cette séquence va venir illustrer un des témoignages qui racontait le jour d’un parachutage où il faisait mauvais temps. Il expliquait qu’il fallait que la nuit soit claire pour parachuter les containers d’armes au bon endroit pour que les maquisards les retrouvent « . A une autre table, des enfants ajoutent du coton pour illustrer des chalets d’alpage incendiés par les Allemands et la milice pour détruire des caches d’armes. Les dessins que les enfants ont peints et découpés, puis photographiés image par image viendront illustrer les interviews des anciens pour le film d’animation. –
Ségolène Julienne

Un travail de mémoire pour sensibiliser les plus jeunes à  » la fragilité de la paix « , dit la directrice de l’école d’Evires

Quand on demande aux enfants à quoi cela sert de connaître ce qui s’est passé il y a 80 ans, Niki répond spontanément :  » Il faut se souvenir de ce qu’ils ont vécu parce qu’ils ont souffert « . Avel, en CM2 lui aussi à l’école d’Evires, ajoute :  » Si on ne se rappelle plus de ce qui s’est passé pendant la Première et la Seconde Guerre mondiale, on va en faire une troisième et là ça ce sera vraiment catastrophique avec les armes nouvelles. Ca sera comme la fin du monde mais en beaucoup plus douloureux « .La directrice de l’école d’Evire Anne-Marie Humbert précise que la 2nde guerre mondiale est au programme de ces élèves de CM2. Pour L’occasion ils se sont rendus sur le plateau des Glières, ils ont aussi cherché des photos de cette période, et trouvé des similitude avec certaines images d’actualité. L’enseignante souligne :  » Faire mémoire du passé, c’est aussi avoir une lecture de l’actualité et les sensibiliser à cette fragilité de la paix « .  Et les faire réfléchir sur le présent.Les élèves des villages de Fillière qui ont participé à ce film d’animation seront reçus au Panthéon à Paris le 14 mai pour recevoir le prix « héritiers de mémoire » du ministère des Armées.Le film sera projeté en juin dans les écoles de Fillière. loading