James Harden vs Daryl Morey, qui va gagner ?


Un été sans feuilleton ne serait pas vraiment un été, surtout en NBA où l’omniprésence du show pour le business et du business pour le show relègue parfois le sportif au deuxième rang. La grande ligue est-elle en train de devenir la plus grande des téléréalités ? L’est-elle déjà ? Le nouvel épisode de la série James Harden vs Daryl Morey, sorti en début de semaine, peut être considéré à lui seul comme une raison de répondre oui à ces deux questions.

Attention si vous n’aimez pas le drama ou les conjectures et autres supputations au conditionnel, cet article n’est probablement pas fait pour vous. En même temps, maintenant que vous êtes là, pourquoi vous priver de ces quelques lignes de “téléréalittérature” qui sentent bon le mensonge, la trahison et la rupture sur fond de déclaration fracassante ? 

James Harden vs Daryl Morey, qui va gagner ?

Dans les épisodes précédents… 

Une discussion aurait eu lieu l’été dernier entre James Harden, la (super ?) star et Daryl Morey, le président des Sixers autour de son avenir à Philadelphie. Morey aurait fait des promesses de prolongation de contrat bien juteuse à l’été 2023 à son barbu préféré. Cette hypothèse est tout à fait plausible. À l’époque, cela permettait de convaincre Harden de prolonger, à court terme, pour un tarif jugé raisonnable et donc d’avoir les moyens de faire venir PJ Tucker par exemple. L’idée était de renforcer l’équipe avec un soldat expérimenté dans le but d’enfin pouvoir prétendre au titre. Harden avait alors apposé sa signature sur un contrat de deux ans et 68 millions de dollars dont la deuxième année était soumise à une Player Option. Un deal gagnant – gagnant qui s’est terminé en défaite au match 7 des demi-finales de conférence Est des derniers Playoffs contre les Celtics de Jayson Tatum et du gagnant de la Supermax Lottery, Jaylen Brown. Bref, une fin en eau de boudin dans laquelle James Harden n’est pas exempt de tout reproche, loin de là. Deux conséquences directes : Doc Rivers est remercié et prié d’aller exercer ses talents ailleurs. La télé semble tout à fait adaptée. Joel Embiid a pu profiter de la fin du mois de mai et du mois de juin pour admirer le jeu léché, la mentalité et la cohésion d’équipe des Nuggets de Nikola Jokic. Le MVP de saison régulière a dû adorer. 

Très vite après la fin de la saison, des rumeurs ont circulé comme quoi James Harden pourrait ne pas prendre sa Player Option et être agent libre au 1er juillet. Coup de stress à Philly. À ce moment-là tensions et négociations doivent émailler les journées des dirigeants des Sixers et du clan Harden. On le comprend mieux maintenant mais fin juin, on ne le savait pas : Harden voulait sa juteuse prolongation sauf que Daryl Morey avait finalement d’autres projets en tête, ou disons que ses projets avaient évolué depuis l’accord tacite passé un an plus tôt entre deux hommes en confiance. La confiance ayant volé en éclat et Harden sentant qu’il n’aurait pas sa prolongation, il a opté – c’est le cas de le dire – pour une autre solution : prendre sa player option. 36 millions pour la saison 2023-24 quand même ! Mais l’ami James a pris cette Player Option en demandant à son président Daryl de le transférer. Il paraît même que ce jour-là, Harden est sorti du bureau de Morey en chantant : Philly c’est fini. Et dire que c’était la ville de mon premier amour. Philly c’est fini. Je ne crois pas que j’y retournerai un jour. 

Histoire de rendre tout cela un peu plus fun, Harden a indiqué n’être intéressé que par une seule destination : les Clippers, à Los Angeles. C’est qu’il est né là-bas le James. En bon président, un peu embobineur mais dévoué, Daryl Morey s’est lancé dans des discussions avec ses homologues de la franchise californienne. Le hic, et ça pour le coup on l’a senti venir assez tôt, c’est que récupérer un James Harden de 34 ans pour une saison à 36 millions et aucune garantie pour la suite est une perspective qui peut intéresser les Clippers à condition que la contrepartie à fournir soit légère. Par légère, comprenez pas de Paul George, pas de Norman Powell. Pas de Terence Mann non plus. Quand on sait que Morey a déclaré en juillet que les Sixers ne feraient pas le trade s’ils n’obtenaient pas un très bon joueur ou quelqu’un qui peut devenir un très bon joueur en échange de James Harden, on saisit tout de suite les difficultés des quatre dernières semaines. Des difficultés qui ont mené les Sixers, Daryl Morey et James Harden dans une impasse. 

Aujourd’hui, James Harden est fâché. 

Il n’aime plus Daryl malgré les années Houston, malgré le trade depuis les Nets pour le retrouver à Philadelphie. Daryl Morey lui aurait menti, par deux fois. Pas de prolongation assortie d’un gros chèque et, pour l’instant, pas de trade en vue vers les Clippers. Ah oui parce que la goutte d’eau qui a fait déborder le vase pour Harden date d’il y a quelques jours quand les Sixers ont annoncé mettre fin aux discussions autour de leur arrière gaucher. Actuellement en Chine, Harden a réagi avec la diplomatie et le tact qu’on lui connaît en matière de gestion de transfert. Il a profité d’une apparition dans un événement pour sortir la machette, expliquant que Daryl Morey est un menteur et qu’il ne ferait jamais partie d’une organisation dont Morey fait partie. 

on peut comprendre le pétage de plomb d’un joueur qui a la sensation d’avoir été floué par un dirigeant en qui il avait confiance. Ce qui est plus compliqué à comprendre c’est pourquoi Harden a décidé de prendre sa Player Option fin juin dernier quand Morey ne lui a pas donné la prolongation attendue. Il aurait pu se retrouver agent-libre et ainsi être maître de son destin. Il ne l’a pas fait. C’est dommage car il aurait eu bien plus de poids dans les négociations qu’il n’en a aujourd’hui. Pour l’instant, c’est Daryl Morey qui donne le tempo. 

C’est là que le bas blesse pour James Harden. Si sa relation avec Daryl Morey – et donc avec les Sixers – semble bel et bien être dans une impasse, le dirigeant n’a pas l’air inquiet de cette situation. Malgré la déclaration très agressive de James Harden depuis la Chine, Morey n’a pas daigné répondre, du moins pas dans les médias. Selon Keith Pompey du Philadelphia Inquirer, Morey n’a pas été surpris par cette déclaration essayant de rendre les choses personnelles. Il se fait traiter de menteur en place publique par un des joueurs de son équipe mais il ne bouge pas une oreille. Il s’attend à voir son gaucher barbu avec le groupe pour le training camp ! ?

Tranquille comme Daryl. 

En attendant, l’affaire ne prend pas une bonne tournure pour Harden. À 34 ans, ses meilleures années sont derrière lui, on l’a vu. Le fait qu’il n’y ait visiblement pas une équipe, autre que les Clippers s’entend, pour venir faire une offre aux Sixers en se disant “Allez on tente le coup James Harden et on verra bien dans un an” est le signe que la cote du Barbu a bien baissé. Les statistiques sont encore là, la régularité dans le jeu n’y est plus. De plus, l’image du MVP 2018 a été sérieusement altérée par trois demandes de transfert en deux ans et demi. Les Sixers ont l’air prêts à prendre le risque d’abîmer leur groupe avec un Harden mécontent qui boude au moment de la reprise. Le contrat, qu’Harden a décidé de prolonger d’un an, leur en donne le droit. Le pouvoir même. Cela peut-il coûter sa place à Morey le menteur si l’affaire dégénère encore plus ? Peut-être. Doit-on y voir une nouvelle preuve que ce qu’on appelle le Player Empowerment n’est en fait qu’un Superstar Empowerment et que le statut de superstar n’est plus si évident quand il s’agit de James Harden ? Évidemment. 

À propos de superstar, que doit se dire Joel Embiid de tout ce bazar médiatique dans SON équipe ? Sûrement pas que du bien. Nul doute qu’il doit être déçu, voire atteint, par ce qui se passe à Philadelphie pendant cette intersaison. Attention tout de même à ce qu’il ne perde pas patience et décide d’emmener ses talents ailleurs. À moins peut-être qu’il ne s’agisse également d’un risque que les dirigeants des Sixers se sentent prêts à prendre…