PORTRAIT. Gabriel Attal : comment le premier de la classe est devenu Premier ministre


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Gabriel Attal, 34 ans, est entré en macronie comme simple député. Son ascension jusqu’à Matignon a été fulgurante. Portrait.

PORTRAIT. Gabriel Attal : comment le premier de la classe est devenu Premier ministre

« Combien y a-t-il de jeunes en Erasmus tous les ans ? ». Le regard de Gabriel Attal vacille, « 80 000 », lance-t-il hésitant avant de se tourner vers son collaborateur  : « C’est bien ça ? ». Alors que les portables sont appelés à la rescousse, le vieux monde surgit dans un éclat de rire  : « Jean-Louis Borloo nous disait toujours  : quand tu ne sais pas, donne un chiffre, n’importe lequel, mais donne-le avec assurance », s’amuse l’un des convives. Le jeune ministre tente de sourire, son collaborateur confirme « 80 000 ».

Gabriel Attal vient d’apprendre l’une de ses premières leçons de politique  : le fond ne suffit pas, la forme est essentielle. La scène se déroule dans le Nord en novembre 2018. Le jeune ministre est alors en charge de la mise en place du SNU (Service National Universel). Le dossier a peu progressé depuis mais le ministre, en revanche, a beaucoup évolué et a très vite appris à allier le fond à la forme.

Il sait se faire remarquer

Étudiant à Sciences-po, Gabriel Attal a fait ses premières armes au PS en soutenant la candidature de Ségolène Royal à la présidentielle en 2007. Cinq ans plus tard, il entre au cabinet de Marisol Touraine au ministère des Affaires sociales où il rédige les discours.

Mais pour quitter le PS, il attend d’obtenir son investiture En Marche aux législatives. Gabriel Attal a de solides appuis au sein du parti d’Emmanuel Macron mais il ne fait partie d’aucune bande, ni de celle des anciens strausskahniens comme Benjamin Griveaux ni de la bande de Poitiers proche de Jean-Christophe Cambadelis qui sera le bras armé de En Marche.

La guerre avec Blanquer

Le jeune homme est un solitaire qui sait se faire remarquer comme lorsqu’il lâche en avril 2018 face à la double grève des cheminots et des étudiants  : « Il faut sortir ce pays de la gréviculture » ce qui lui vaut d’être nommé le 16 octobre 2018 secrétaire d’État auprès du ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, Jean-Michel Blanquer. Il est, à 29 ans, le plus jeune membre d’un gouvernement. Mais entre les deux hommes c’est la guerre. « Blanquer le maltraitait », reconnaît a posteriori, un membre du gouvernement.

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Gabriel Attal ne va réellement s’épanouir qu’à partir du 6 juillet 2020 lorsqu’il est nommé porte-parole du gouvernement pour succéder à Sibeth Ndiaye. Une tâche d’autant plus compliquée que la France est en plein Covid-19 et que le moindre faux pas à un impact considérable  : « C’est une mission compliquée parce que la situation l’est et j’essaie d’être sur tous les fronts afin d’expliquer le plus clairement possible les choses aux Français. La parole aujourd’hui est importante car expliquer les mesures c’est faire en sorte qu’elles soient comprises, donc qu’elles soient appliquées et qu’elles aient un impact sur le virus », nous expliquait-il alors.

« J’ai souvent envie de lui mettre des claques »

En mai 2022, l’Élysée veut le nommer ministre des Relations avec le Parlement. Le jeune homme refuse, préfère redevenir simple député mais Bruno Le Maire lui propose d’intégrer Bercy au ministère des Comptes Publics. « Il savait que c’était un garçon brillant », assure aujourd’hui l’entourage du ministre de l’Économie.

Lors des débats budgétaires, Gabriel Attal siège au banc nuit et jour et répond du tac au tac aux oppositions. « J’ai souvent envie de lui mettre des claques mais je dois reconnaître qu’il nous rend fier », reconnaissait alors l’un de ses collègues de Bercy.

Son plan fraude contre les grandes entreprises d’une part et contre ceux qui abusent des aides sociales de l’autre est la première mesure qui captera l’attention médiatique et détournera les Français du sujet des retraites.

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La star du moment

Le 20 juillet 2023, contre toutes attentes, Emmanuel Macron le choisit pour succéder à Pap Ndiaye rue de Grenelle. Il y fait une arrivée fracassante en interdisant l’Abaya et en se montrant ferme sur les questions de harcèlement.

Lors du Campus de Renaissance à Bordeaux en octobre dernier, Gabriel Attal est la star du moment. Les députés sont dithyrambiques même ceux qui appartiennent à d’autres écuries comme ce proche du Bruno Le Maire qui nous assurait récemment  : « Gabriel Attal pour moi c’est l’homme de l’année 2023. Je savais qu’il était bon mais un tel brio c’était au-delà de toute espérance »… Pas facile de ne pas décevoir dans ces conditions.