Ce sont des éboueurs qui avaient découvert le corps au petit matin du 28 août 2018 dans un fossé au lieu-dit Beaufaix. Allongé sur le ventre, du sang qui s’était écoulé par le nez et par la bouche : le corps était en état de rigidité cadavérique au moment de l’arrivée des gendarmes.Qui a tué le jeune Alexis, 20 ans à peine, dans la nuit du 27 au 28 août 2018 sur la commune de Domeyrot ? C’est la question qui occupe la cour d’Assises de la Creuse depuis ce lundi et jusqu’à vendredi. Dans le box des accusés, deux hommes : Frédéric Bernady, 48 ans, et Roland Michaud, 69 ans, respectivement père de la victime et voisin de la famille.
De témoins à meurtriers présumés
pour réclamer de l’argent à son fils pour régler une dette de stupéfiants. Sauf que les recherches ont vite établi que la tierce personne en question était incarcérée au moment des faits.
Roland Michaud parlait alors, lui, d’une soirée au cours de laquelle père et fils se seraient « chahutés comme souvent ». Les versions divergeaient aussi sur la fin de soirée : le père assurant être rentré chez lui, seul, quand le voisin affirmait être allé se coucher une fois le père et le fils repartis ensemble. Seul point d’accord qui n’a pas changé au fil des auditions et qui a été d’ailleurs vite confirmé par les expertises toxicologiques : la consommation d’alcool avait bien rythmé la soirée comme elle a visiblement rythmé la vie des deux meurtriers présumés.
Tous deux changent de version mais aucun ne reconnaît les faits
Placés en garde à vue en septembre 2018, les deux hommes sont de nouveau entendus. Et tous deux vont rapidement changer leur version des faits. Et parler alors « d’altercation ». Une « altercation » qui aura conduit à la mort d’un jeune homme d’à peine 20 ans, par « asphyxie » dit le rapport d’autopsie qui note « de multiples lésions traumatiques et plusieurs points d’impacts ».
Trois ans et demi après les faits, dans le box des accusés, aucun des deux meurtriers présumés ne reconnaît les coups fatals. « J’ai toujours nié les faits qui me sont reprochés et je les nie encore aujourd’hui », répond le voisin à la présidente. « Je n’ai pas tué mon fils », déclare le père de la victime quelques instants après.
Ils ont bien des points communs
Les assises de la Creuse vont tenter de faire la lumière sur le décès d’Alexis, survenu fin août 2018 à Domeyrot
Tous deux comparaissent pour meurtre mais n’encourent pas la même peine. 30 ans pour Frédéric Bernady, perpétuité pour Roland Michaud : « une erreur » en 2004… Il avait tué sa voisine pour « une histoire de bornage » et avait écopé de douze ans de prison ferme en appel. Ils n’ont pas non plus le même comportement dans le box des accusés : le voisin ne dit pas grand-chose, le père parle beaucoup et conteste souvent les premiers témoignages et expertises entendus.
Séverine Perrier