Avant d’entendre les trois aînés de la fratrie, ce mardi 22 juin, la
Cour a écouté et interrogé hier Lucas, qui avait aidé à l’enfouissement
du cadavre. « Je suis désolé, mais on s’est fait justice soi-même, ce
n’était pas la bonne solution. – Ça serait quoi une société dans
est mort de mort violente, ainsi que celui dans lequel le crime a été comme effacé, en tous cas volontairement dissimulé. Les circonstances de révélation de l’assassinat seront également exposées. Puis, sur un autre versant, des experts psychiatre et psychologue rapporteront leurs conclusions relatives à la personnalité de l’accusée.Il semble acquis que le parcours de cette femme est marqué depuis son plus jeune âge par les désordres et une forme de perversité des adultes qui pourtant en étaient responsables, entraînant forcément des carences. Elle a néanmoins enfreint un interdit majeur qui est au fondement de la vie en société : l’interdit de tuer. La peine encourue pour un assassinat est la peine de réclusion criminelle à perpétuité (parce qu’il inclut la préméditation, ce qui, au passage, n’était pas reproché à Jacqueline Sauvage, qui encourait, sauf erreur, la peine maximale de 30 ans de réclusion). Sauf révélations fracassantes il semble également acquis qu’en réalité cette peine ne sera pas requise. La peine encourue est la peine la plus haute possible mais chaque dossier est singulier, cette singularité est prise en compte et appréciée par les magistrats. Restent les jurés – le jury populaire – qui auront eux aussi à se prononcer, en se gardant de céder aux pressions qui se jouent sur une autre scène.Il est évidemment compréhensible, et même, légitime, que les différentes formes de violences qu’a subies l’accusée dès son enfance suscitent la compassion. Serait-il pour cette raison acceptable qu’elle soit dispensée d’avoir à rendre des comptes pour le crime qu’elle a commis et dans le secret duquel elle a impliqué des adolescents, ainsi que sur sa volonté d’échapper, précisément, à sa responsabilité ? Ce procès à venir est volontiers présenté comme comportant « des enjeux ». On ne voit pas lesquels. Cette femme a reconnu les faits les plus graves. Si elle est accusée d’avoir prémédité son geste c’est que des éléments d’enquête permettent de l’affirmer. Les seuls enjeux qui valent la concernent, elle, car il s’agit de sa vie, passée, présente, et future. Chaque jour d’audience apportera des lumières, il est à craindre que le tableau social dépeint soit terrible.Florence Saint-Arroman