Depuis le dernier bloc, Aurillac a « enregistré » trois départs avant la fin de saison (Ormond, Gajion, Farret). Comment gérez-vous ça ?
« Quand tu as un effectif, tu regardes les joueurs, tu ressens et tu vois leur besoin de jouer. Et on essaie de répondre à leurs besoins. Il y avait ces occasions qui s’étaient présentées, et si c’est mieux pour le joueur, pourquoi créer une frustration en disant “on te garde et tu ne vas pas jouer” ? On s’adapte à leurs attentes. Je pense que c’est une bonne chose pour eux. »
Lewis Ormond et le Stade Aurillacois se séparent d’un commun accord avec effet immédiat
Vous avez confiance dans le groupe pour finir la saison sans soucis, même en cas de pépins physiques à ces postes ?
Il y a toujours un décalage, on le sait. »
Il y a une marche à franchir entre Espoirs et pros. Mais il vaut mieux les préparer en fin de saison dans l’optique de la saison prochaine.
Face à des Toulonnais ragaillardis, les Espoirs du Stade aurillacois l’emportent grâce à une grosse seconde période
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Comment voyez-vous cette équipe de Nevers ?
« C’est une équipe qui joue beaucoup sur ses points forts, dont le maul. C’est une des équipes qui marque le plus sur cette forme de jeu. C’est aussi une équipe toujours en construction, qui essaie de faire de nouvelles choses, intègre des jeunes, mais qui est joueuse et qui a clairement sa place dans ce top 6. Franchement, c’est beau ce qu’ils font. »
Avec le recul, comment jugez-vous le dernier bloc aurillacois ?
« On est passé à côté de 2-3 matches, Rouen notamment, même si sur le début, c’était cohérent. Ensuite on a perdu le fil. On prend cher. À Bourg, on avait des ambitions et on échoue à pas grand-chose. L’essai qu’on prend sur les cinq dernières minutes, on l’a encore en travers. Et il y a Grenoble, où on passe complètement à côté en première période, même si on réagit ensuite avec une deuxième période de haut niveau.
Depuis le début de l’année civile, Aurillac n’a pas été avantagé par les conditions météo pour travailler tout au long de la semaine, comme pour mettre en place un jeu plus vivant. Si la fin de saison doit être favorable, le météo s’annonce malgré tout encore délicate vendredi.
Mais on gagne. Grâce à la conquête, peut-être aussi au caractère. On n’a rien lâché. On travaille beaucoup sur les « 3P » : la pensée positive permanente, pour que les joueurs ne doutent jamais de leurs forces, et ça a payé. Ça a été long, très long, avec ce décalage du match de Bourg qui nous a perturbés, entraînant l’absence de coupure.
Le final d’Aurillac sur le terrain de Provence (20-16) est la piste à suivre pour sa fin de saison
Et puis il y a aussi eu les nombreux changements de terrain : Baradel, Jean-Alric, la Ponétie… Ça nous a fatigués et les conditions météo aussi. »
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Roméo Gontinéac (Entraîneur en chef d’Aurillac)
Le classement doit aussi vous permettre d’aborder ce bloc avec une pression moindre, non ?
« On se met toujours de la pression. Parce qu’on bataille. Je suis là depuis deux ans et on travaille pour changer la mentalité, parce qu’on vit depuis 4-5 ans avec le syndrome d’une équipe qui doit batailler pour le maintien. C’est sûr qu’avec notre enveloppe, nos joueurs, beaucoup d’équipes nous voient dans cette lutte. Mais c’est à nous, de l’intérieur, et au niveau des joueurs, de changer cette mentalité. À nous de se dire qu’on veut se battre pour autre chose que le maintien. Peut-être la 6e place. »
On a de très bons joueurs pour l’avenir. Est-ce qu’on sera capable d’avoir de la continuité avec ces joueurs ? Est-ce qu’on est assez fort pour que ces joueurs parviennent à faire comme Hewat, Saginadze, Segonds ? Ça reste un pari, mais aujourd’hui il est plutôt gagnant. Pour revenir sur la pression, on se la met toujours, pour batailler le plus haut possible.
Votre classement doit-il alors vous permettre de jouer sans frein à main ?
« Oui, peut-être qu’on peut se lâcher un peu. Sur les 15 derniers jours, on s’entraîne dans des conditions printanières, avec des joueurs qui restent debout, jouent leurs duels, font vivre le ballon. Ce sont des conditions qu’on n’a pas eues sur les dix dernières semaines. Est-ce que les conditions de vendredi (annoncées délicates, N.D.L.R.) permettront un autre visage dans le jeu ? Je ne sais pas. En tout cas, il faut montrer un beau visage dans la performance. »
Fin de saison compromise pour quatre joueurs
Le dernier bloc avait laissé des traces et Aurillac aborde la dernière ligne droite avec des joueurs qui en ont certainement déjà fini pour cette saison. « On a deux catégories de blessés, avec quatre joueurs touchés sur le long terme pour qui la fin de saison est malheureusement compromise », déplore Roméo Gontinéac. C’est le cas de Moukete, Sagote, Le Huby et Tsutskiridze qui ont dû subir des opérations. « En six semaines, ça paraît compliqué de revenir. Et pour Tsutskiridze, c’est sûr qu’il ne pourra pas. Et après, on a d’autres joueurs qui ont des petites entorses ou de la bobologie classique », détaille l’entraîneur en chef.
Interview réalisée par Jean-Paul Cohade