Aux urgences du CHR d’Orléans, rien ne bouge malgré une situation désastreuse


« De trente et un patients à hospitaliser, on est passé à vingt-huit avec le plan blanc. Autant dire qu’il n’y a pas de différence« , constate le Dr Anne Malet, cheffe du service des urgences.

Combien de lits libérés? La direction garde le silence

La direction lui aurait répondu qu’il était « trop tôt pour analyser les effets » de ce Plan blanc, déclenché le 7 décembre. Il vise notamment à déprogrammer des opérations pour libérer des lits d’aval, qui font cruellement défaut aux urgences et conduisent à une stagnation des malades dans des conditions indignes, passant plusieurs jours sur des brancards.

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« On ne sait pas précisément combien de lits ont été libérés. Y en a-t-il réellement, d’ailleurs ? Je me pose la question… » Contactée mardi sur ce point précis, entre autres, la direction ne nous a pas répondu. Aucun chiffre donc sur le nombre de lits d’aval disponibles en plus, ni sur le nombre d’opérations déprogrammées, ni sur les personnels rappelés en renforts.

« On voit que le Plan blanc n’est pas efficace. On n’a aucun renfort et tous les services ne veulent ou ne peuvent pas déprogrammer. »

Une réunion avec l’Agence régionale de santé s’est bien tenue, en urgence, vendredi 10 décembre au matin. Mais pour accoucher d’une souris, semble-t-il. Elle a demandé que soient dégagés quarante lits quotidiens supplémentaires. Or, le CHRO ne pourrait en fournir que trente au maximum. Les cliniques (Oréliance et Archette) devaient donc pallier les dix autres.

« Ce n’est pas faisable ! Oréliance en a pris un par jour. L’Archette doit ouvrir six lits Covid non réanimatoires mais elle n’a pas assez d’infirmières de nuit. »

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Bientôt un « Bed manager » pour soulager les médecins?

L’ARS demande aussi la création d’un poste de « Bed manager » (chargé de trouver des lits d’aval), comme le réclamaient les urgentistes, dans le but de leur libérer du temps médical.

« On espère que ce sera le plus vite possible. Ça devient indispensable car mes collègues appellent cinq ou six fois pour un même patient, décrit Anne Malet. Mais il faut trouver la bonne personne et valider ses missions. Il faut que ce soit un médecin, pas un administratif. »

En attendant, le flux de patients, lui, ne s’est pas calmé. Et le personnel manque toujours : 

« Il faut casser la tirelire pour mieux payer les soignants. C’est juste ça le problème ! Il faut être attractif et abaisser la charge de travail. En dix ans, au moins un tiers, voire la moitié des médecins sont partis car ils se sont épuisés à la tâche. On avait d’excellents professionnels… Il y a un problème, on ne sait pas les garder »

Alerte donnée par le médecin du travail

Le 26 novembre, la médecin du travail, aujourd’hui elle-même en arrêt maladie, avait déjà rendu à la direction un rapport accablant sur la santé au travail des personnels des urgences. Il faisait, entre autres, état de « dysfonctionnements majeurs », de « travail empêché », de tensions et de violences, de sécurité des patients mise à mal. « Il est resté sans effets. Le chef de pôle n’était pas au courant. Le directeur ne m’en a même pas parlé. C’est consternant… », déplore le Dr Anne Malet, qui veut continuer à alerter sur la situation critique de son service.
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Marie Guibal