Avishai Cohen en concert à La Seine Musicale


De Londres à Paris, Rolling Stone a suivi Robert Plant et ses Sensational Space Shifters pour la sortie de leur album Lullaby and… The Ceaseless Roar. Première partie : Londres. Par Kathleen Aubert.

dont la sortie fera événement début septembre.

Avishai Cohen en concert à La Seine Musicale

Après nous avoir précisé que ce que nous allons entendre est top secret, on nous fait entrer dans un auditorium caché au sous-sol du bâtiment. Plant est là.

Il a l’air content. Cheveux tirés en queue-de-cheval et lunettes sur le nez, il monte sur scène avec son ami guitariste Justin Adams pour présenter le disque, dernière étape en date d’un voyage sans fin à la recherche de l’illumination musicale aux confins du rock, du blues, de l’électro et des musiques africaines et orientales.

Nous travaillons ensemble depuis une quinzaine d’années. Nous avons beaucoup voyagé, nous avons découvert des endroits magnifiques et très romantiques, et emmené cette musique partout avec nous, l’enrichissant à chacun de nos voyages, que ça soit en Tunisie, au Maroc ou au Mali (grâce à Justin). Vous présenter ces titres ce soir, c’est partager avec vous un peu de l’intensité de notre amitié et de l’expérience qui unit notre groupe.

Je suis arrivé à un moment de ma vie où je me sens à l’aise avec tout ça (…) »

« Quand on pense à la musique des années 60 et 70, il est facile d’oublier qu’à l’époque où elle a été créée, il n’existait aucune formule pour la faire. Tout était neuf.

C’est cet esprit d’aventure qui habite les Sensational Space Shifters, Robert aux commandes », s’enflamme l’ex-punk nourri aux sons du désert africain. « Nous allons sans cesse de l’avant, nous évitons les sentiers battus. Nos racines profondes pourraient être dans le Mississipi ou en Afrique, la musique celtique ou un stade de foot.

Quand nous sommes sur scène et que je regarde autour de moi, je vois le jeune prodige jazz Dave Smith à la batterie, l’incroyable maestro de la musique africaine Juldeh Camara, le flamboyant guitariste liverpudlien psychédélique Skin, avec sa longue barbe, les Bristoliens bâtisseurs de paysages électroniques Billy Fuller et John Baggott, et au milieu du tout, Robert, qui évoque tour à tour Howlin’ Wolf ou Elvis, mais dont la voix porte aussi en elle la mystique des montagnes du Pays de Galles et des forêts de chêne d’Avalon. Nous sommes très fiers de ce disque, et nous espérons qu’il vous plaira ».

Pendant l’écoute, Plant reste caché dans l’ombre, calé contre le mur du fond de la salle, discret, le sourire aux lèvres.

Il n’en sortira qu’une fois la plupart des invités partis, pour boire un verre de vin avec ses amis au bar mis à disposition pour l’occasion. Un petit barbu en blouson de cuir tout de noir vêtu, qui n’est autre que le clavier John Baggott, m’aborde pour me demander ce que j’ai pensé de l’album. « Ca t’a plu ? C’est bizarre de faire écouter un album dans ce genre d’endroit.

Dans ces conditions, ça n’est pas facile d’entrer dans l’esprit du disque », s’excuse-t-il presque. Après une discussion sur la dimension mystique de la musique, la culture celte et la scène artistique de Bristol, c’est l’heure de partir pour la petite troupe. « Rendez-vous dans trois semaines pour le concert qu’on donne à Paris.

Je t’invite  ! », me lance John.

 

Le 22 juin, nous nous retrouvons donc à Paname pour le concert que Robert Plant & The Sensational Space Shifters donnent au Bataclan à guichets fermés. La tournée mondiale du groupe a débuté à Rabat, au Maroc, un peu plus de deux semaines plus tôt devant plusieurs milliers de fans, mais dans la salle de 1500 places, l’ambiance est tout aussi torride.

Au menu ce soir  : des titres de précédents albums de Plant, des reprises de classiques blues et de titres de Led Zeppelin, et deux morceaux du nouvel album, le tout accommodé à la sauce psyché-world envoûtante concoctée par le chanteur et ses amis.

la musique devient hypnotique.

La transe gagne peu à peu le public. La fusion est totale. Robert et ses sensationnels voyageurs soniques sont habités par l’esprit du blues et des griots africains.

Le chanteur conclut cette véritable communion rock sur le mot LOVE.

« C’était extraordinaire, vraiment. Merci d’être venus », remercie-t-il avant d’entamer les rappels.

C’est en français qu’il aura le mot de la fin  : « Jusqu’à la prochaine, au revoir, mes potes. »

 

Kathleen Aubert