Une opération de vélo sur l’autoroute à Montreuil, en Seine-Saint-Denis, en septembre 2010. MIGUEL MEDINA / AFP Ce billet est extrait de l’infolettre « Chaleur humaine », envoyée tous les mardis à 12 heures. Chaque semaine, le journaliste Nabil Wakim, qui anime le podcast Chaleur Humaine, répond aux questions des internautes sur le défi climatique.
Vous pouvez vous inscrire gratuitement ici : « Bonjour. Je vous ai entendu parler plusieurs fois de la baisse de 130 à 110 km/h de la vitesse sur les autoroutes, même si une de vos invitées a rappelé que cette mesure était très impopulaire pendant la convention sur le climat [note de Nabil : c’était Hélène Landemore dans l’épisode sur la démocratie et le climat]. Est-ce que cette mesure aurait vraiment un impact sur le climat ? Combien on y “gagnerait” en émissions de CO₂ ? » Question posée par Marin à l’adresse chaleurhumaine@lemonde.
fr. Ma réponse : oui, il n’y a aucun doute que la baisse de la vitesse sur les autoroutes ferait baisser nos émissions de gaz à effet de serre. Le volume est difficile à quantifier avec précision, mais les experts estiment qu’on serait entre 20 % et 30 % de baisse de consommation d’essence sur ces tronçons et entre 1,45 et 2,6 millions de tonnes de CO₂ économisées – soit environ 3 % des émissions des voitures individuelles.
1/Pourquoi cela ferait baisser les émissions ? Cette mesure avait été retenue par la convention citoyenne pour le climat, mais immédiatement refusée par Emmanuel Macron (vous pouvez retrouver ici l’éditorial du Monde sur le sujet). La logique est assez simple à comprendre : pour la plupart des véhicules, si on va plus vite, on consomme plus de carburant, et donc on émet plus de gaz à effet de serre. Au niveau individuel, par exemple, « réduire de 10 km/h sa vitesse sur autoroute, c’est jusqu’à 5 litres de carburant économisés, soit 7 euros et près de 12 kilos de CO₂ sur 500 kilomètres », explique l’Ademe, l’agence de la transition.
J’en ai parlé avec le chercheur spécialiste des transports Aurélien Bigo : il explique qu’estimer le bénéfice d’une telle mesure dépend de nombreux paramètres. D’abord, la vitesse moyenne sur les autoroutes à 130 tourne plutôt autour de 118 km/h, donc ce ne serait pas mécaniquement une baisse de 20 km/h sur tous les trajets. Surtout : quelles seraient les évolutions des comportements avec une telle baisse ? « Quand on va moins vite, on va moins loin », souligne Aurélien Bigo, ce qui veut dire que l’effet CO₂ est amplifié.
On consomme moins, mais on fait souvent moins de kilomètres aussi. Pour toutes ces raisons, la comptabilité est difficile à faire mais on peut considérer que l’ordre de grandeur est entre 1,45 et 2,6 millions de tonnes de CO₂ économisées, si l’on se réfère aux travaux du commissariat général au développement durable (CGDD) et de l’Ademe. Il vous reste 45.
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