Taïwan, au cœur des discussions
Dans l’enveloppe adoptée par le Congrès américain, une somme de huit milliards de dollars a été allouée à Taïwan et la région indo-pacifique afin de renforcer leur capacité militaire face à la Chine. Pékin met en garde et demande aux États-Unis d’arrêter de s’immiscer dans ses relations, soulignant que cette aide ne faisait qu’aggraver le risque de conflit. De plus la Chine demande également aux Américains de cesser de fournir des armes à l’archipel, bien que Washington ait vendu des armes à Taïwan depuis de nombreuses décennies et soit son principal soutien militaire. Selon les responsables américains, Antony Blinken cherchait à apaiser les tensions entre la Chine et Taïwan avant l’investiture du nouveau président taïwanais, peu apprécié par Pékin. Un éventuel conflit dans le détroit de Taiwan aurait des conséquences désastreuses sur l’économie mondiale car Taïwan fournit 70% de la production mondiale de semi-conducteurs, essentiels à de nombreuses industries. De plus, plus de 50% des conteneurs transportés dans le monde passent par le détroit de Taïwan.
Guerre en Ukraine
Un autre sujet majeur évoqué est bien sûr la guerre en Ukraine. Les États-Unis accusent en effet la Chine de contribuer activement au réarmement de la Russie en lui fournissant du matériel et des technologies à double usage, à la fois civil et militaire. Après sa rencontre avec le président chinois, Antony Blinken a déclaré aux journalistes :
« Il serait plus difficile pour la Russie de continuer son assaut sur l’Ukraine, sans le support de la Chine. La Chine est le principal fournisseur de composants à double usage qui permet à la Russie de produire des armes et d’envahir un pays souverain ».
Les États-Unis exigent des mesures concrètes de la part de la Chine et menacent de sanctions visant potentiellement une centaine d’entreprises chinoises.
Des propos qui ont immédiatement été repris par le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Wang Wenbin qui a déclaré :
« Les États-Unis ont lancé des accusations infondées, allant à l’encontre du commerce habituel entre la Chine et la Russie. Ce type d’approche est extrêmement hypocrite et totalement irresponsable et la Chine s’y oppose certainement ».
Il convient de noter que le président russe, Vladimir Poutine, effectuera une visite officielle en Chine en mai, bien que aucune date officielle n’a encore été annoncée.
Semi-conducteurs : la Chine garde le cap
Après plusieurs vagues de sanctions américaines sur les semi-conducteurs chinois, le secteur des semi-conducteurs ne montre aucun signe d’étouffement à Pékin. Au contraire, il accélère son développement. Un professionnel du secteur a affirmé à l’AFP :
« Plus les Etats-Unis nous imposent des restrictions, plus vite certaines de nos entreprises nationales vont se développer. »
Selon les experts, ces restrictions n’aident qu’au renforcement de ses produits en les poussant à se développer différement, en proposant des produits de meilleure qualité. Bien que l’on ne sache pas si ce sujet a été abordé lors de leur rencontre, il reste un point sensible dans les relations sino-américaines. Le secrétaire d’État, Antony Blinken, a déclaré lors d’un entretien avec la National Public Radio, vendredi, que les restrictions américaines sur l’exportation de processeurs informatiques avancés vers la Chine n’ont pas pour but de freiner le développement économique ou le progrès technologique de la Chine.
Guerre des réseaux sociaux
Nous avions déjà abordé cette question en détail dans un article précédent, mais suite à l’adoption d’une loi menaçant d’interdire totalement TikTok aux États-Unis, Pékin a décidé de supprimer WhatsApp de tous les App Store d’Apple. Quelques jours plus tard, le président américain a effectivement signé l’interdiction de TikTok et a demandé à la société mère, ByteDance, de céder ses parts. Washington soupçonne en effet TikTok d’être utilisée pour espionner et collecter les données des citoyens américains au profit de la propagande chinoise. ByteDance nie fermement ces accusations et n’envisage pas de vendre ses parts.
Pressions en mer de Chine
C’est dernier mois, les tensions entre Pékin et Manille ont atteint des niveaux rarement vus depuis longtemps. Un regain de tension a refait surface en mer de Chine à la suite de plusieurs incident impliquant des navires des deux pays. Dans le courant du mois de mars, Manille avait fait part, de ses « vives protestations contre les actions agressives entreprises samedi par les garde-côtes et la milice maritime chinoise » à l’encontre d’un bateau de ravitaillement philippin au large du Second Thomas Shoal, un récif contesté entre les deux pays. Ce récif se trouvant à environ 200km des Philippines et à plus de 1000km de la Chine. Blinken n’a pas hésité à condamner également les manœuvres de Pékin en mer de Chine et ces incidents répétés entre navires chinois et philippins. Blinken a profité de la rencontre pour réitérer son soutien aux Philippines.
Bien que cette visite n’ait pas abouti à des résultats concrets, elle a permis de remettre sur la table des dossiers importants et montrer une petite baisse de tensions entre la Chine et les États-Unis. Wang Yi estime que les relations ont commencé à se stabiliser depuis le sommet Xi-Biden en novembre dernier, tout en mettant en garde contre la persistance d’éléments négatifs. La visite d’Antony Blinken s’est conclue par une phrase positive : « Nous devrions être des partenaires et non des rivaux. Le monde est assez vaste pour nous deux », a déclaré le président chinois.