Zapping Onze Mondial Top 10 : Les plus fortes hausses de valeursTu es né à Aboudé, au sud de la Côte d’Ivoire, le 23 décembre 1990. Qu’est-ce que tes premiers pas en France t’évoquent ?Je me suis très vite adapté car presque toute ma famille était déjà en France. Je suis arrivé très tôt, vers l’âge de cinq ans, peut-être moins. Mon père, comme mon grand-père avant lui, faisait partie de l’armée française, ce qui a facilité ma venue. Je vivais à Porte de Châtillon et j’ai effectué toute ma scolarité dans le quatorzième arrondissement de Paris.De quelle manière le football est-il venu à toi ?C’est très simple ! Mon père m’a inscrit dans le club de Montrouge. Mon coach est ensuite parti à Issy-les-Moulineaux donc je l’ai suivi même si j’ai fait des essais dans des clubs professionnels. C’est après Issy-les-Moulineaux que j’ai pu intégrer le centre de préformation du PSG.C’était en 2002. Est-ce que tu as rencontré des difficultés lors de tes premiers pas au club ?Honnêtement non ça allait. La formation était vraiment pas mal à mon époque au PSG. En plus, j’ai eu la chance de faire partie d’une super génération même si au final peu d’entre nous ont eu la chance de signer professionnel. Je peux quand même citer Mamadou Sakho, Alexandre Letellier ou Tripy Makonda. Sans oublier Yacine Brahimi et Sébastien Corchia qui étaient à l’INF Clairefontaine en même temps.La présence de ton cousin Franck t’a-t-elle été bénéfique ?Pas spécialement car Franck ne faisait pas partie de la même génération que moi. Quand il était au centre de formation, j’étais encore en préformation. Le centre de préformation était à Conflans et le centre de formation à Saint-Germain-en-Laye. Il y avait même un autre centre de préformation à Verneuil.Tu quittes le PSG à l’été 2010. Tu rejoins Évian en Ligue 2. Pourquoi ?Je pense qu’aujourd’hui, un jeune joueur peut intégrer l’équipe première et franchir des paliers beaucoup plus vite qu’à mon époque. Personnellement, j’ai eu la chance de m’entraîner régulièrement avec le groupe pro même si au final je n’ai fait aucune apparition avec l’équipe première. Je sortais de plusieurs saisons en réserve donc quand Évian, qui venait de monter de National, est arrivé je me suis dit « pourquoi pas » ? J’ai vu cette opportunité comme un challenge.Dès ta première saison, le club remporte la Ligue 2 et accède à l’élite. Dans quelle mesure le club est-il entré dans une autre dimension ?Quand le club est monté, de superbes joueurs sont arrivés comme Sydney Govou, Christian Poulsen ou Thomas Kahlenberg pour ne citer qu’eux. Sydney avait un vécu immense avec Lyon et l’équipe de France. C’était un joueur référence du championnat. Poulsen avait connu la Juventus ou Liverpool. Le groupe était beaucoup plus expérimenté. D’autant plus que plusieurs joueurs connaissaient parfaitement le championnat au sein de l’effectif. Je pense à Olivier Sorlin, Cédric Barbosa, Guillaume Lacour et Cláudio Caçapa. Les entraînements, l’approche des matchs : tout était différent.En 2012-2013, Évian réalise une belle épopée en Coupe de France. En quarts de finale, vous éliminez le PSG aux tirs au but. As-tu pris cette victoire comme une revanche ?Non, pas du tout. Le PSG m’a vu grandir et j’étais très heureux là-bas. C’était plutôt une fierté car ce n’était pas facile de battre cette équipe-là. Peu de gens nous voyaient gagner ce match ! C’est la magie de la Coupe de France !À Évian, tu es entraîné par Bernard Casoni, Pablo Correa et Pascal Dupraz. Lequel de ces trois entraîneurs a eu le plus d’influence sur toi ?Je ne peux pas en citer qu’un ! J’étais proche des trois. Ils étaient différents mais me donnaient tous de très bons conseils. Je me rappelle que Pascal Dupraz me convoquait souvent dans son bureau pour me remonter les bretelles (rires). Même si je faisais des bons matchs ! Il ne voulait pas que je me repose sur mes lauriers. Pascal, je pouvais l’appeler à tout moment. Il a toujours répondu présent pour moi.Tes prestations remarquées t’ouvrent les portes de la sélection ivoirienne. Qu’est-ce que cela représente pour toi ?Quand on est jeune et qu’on a l’opportunité de jouer pour son équipe nationale, c’est une immense fierté. J’aurais pu intégrer l’équipe de France Espoirs mais la Côte d’Ivoire souhaitait que je fasse partie de l’équipe A. Je me souviendrai toujours de mon premier rassemblement. On avait fait un match contre Israël à Genève.Tu fréquentes notamment Didier Drogba ou Yaya Touré en sélection. Qu’est-ce que tu as pu apprendre d’eux ?Ce ne sont pas des petits noms (rires) ! Quand tu t’entraînes avec ces mecs-là, c’est autre chose. Ce sont des champions. Ils veulent toujours gagner mais ils sont toujours très humbles. Ils savent donner les bons conseils aux autres membres de l’équipe.Tu enchaînes les bonnes performances et tu es très courtisé, notamment par le PSG. Est-ce que tu peux nous en dire plus sur les contacts que tu as pu avoir avec Paris à ce moment-là ?Oui, c’est vrai que j’aurais pu y retourner. J’étais régulier avec Évian et j’avais conscience d’être surveillé par certains clubs. Avant, il fallait faire plusieurs saisons de qualité pour espérer franchir un palier important, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui. Le niveau était plus élevé avant. Mais si cela ne s’est pas fait avec le PSG, c’est le destin. On ne peut pas tout avoir dans la vie (rires).ONZE MONDIAL N°346 TOUJOURS DISPO !
« J’avais vraiment envie d’aller à la CAN en 2015 »
L’équipe se connaissait par cœur La CAN est un tournoi très important, au même titre que l’Euro par exemple, même si certains la négligent sans vraiment savoir pourquoi. C’est un sujet assez complexe. Personnellement, je pense que les clubs qui interdisent à certains joueurs de prendre part à la CAN doivent se remettre en question. Pour un Africain, c’est magnifique de jouer devant tout son continent.Lorsque la Côte d’Ivoire a remporté la compétition, est-ce que tu as pu être frustré d’avoir manqué un tel événement ?Non, au contraire. La Côte d’Ivoire, c’est mon pays. J’étais très content, très heureux. J’aurais voulu faire partie de ce groupe qui a gagné la CAN mais on avait pris une décision commune avec le coach. La vie continue. Il ne faut pas avoir de regrets. Dans la vie, il n’y a pas que des regrets. Il y a aussi des bonnes choses à retenir de chaque expérience. Après la victoire de la Côte d’Ivoire, Hervé Renard est d’ailleurs venu à Marseille. On a pu évoquer ça ensemble, et on en a rigolé.
« Si Bielsa était resté à l’OM, tout aurait été différent »
Comment l’expliques-tu À quel point Il a su leur montrer le grand joueur qu’il est. Personnellement, j’aurais aimé voir la paire Lass Diarra – Abou Diaby. C’est vraiment dommage de ne pas avoir connu ça.Après une saison compliquée pour le club, tu t’engages à Watford. Pourquoi ce choix ?J’aurais pu rester à l’OM, mais le club avait besoin de vendre des joueurs pour faire rentrer un peu d’argent frais dans les caisses. Quand j’ai dû partir, mon choix s’est porté sur Watford et la Premier League même si j’avais de nombreuses autres possibilités.Ta préparation est tronquée par une blessure au pied. En quoi cela a-t-il été problématique lors de ton arrivée ?Déjà, quand j’arrive, je suis blessé. Je me suis fait mal en sélection. Le médecin de l’OM à l’époque, Christophe Baudot, m’a beaucoup conseillé par rapport à ma blessure. Il a fait un rapport au service médical de Watford avant que je signe là-bas. Ma blessure devait durer trois ou quatre semaines mais la cicatrisation a été plus longue que prévue et malgré ça, on m’a forcé à reprendre plus tôt. Ma blessure s’est aggravée. Je ne pouvais même plus marcher. Je n’ai donc pas été inscrit en Premier League. Cela m’a mis un gros coup mentalement. Au final, ma blessure a traîné pendant un an et demi.Fin janvier, tu es de nouveau retiré de la liste des joueurs inscrits en Premier League alors que ta situation avait été réglée au début du mois. Sur le moment, quelle a été ta première réaction ?Le deuxième ou le troisième gardien du club s’est blessé quelques jours avant la fin du mercato. C’est là que j’ai été éjecté de la liste. Sans en être informé. Au final, je crois que j’ai dû apprendre la nouvelle un jour avant la fin du marché des transferts. J’ai pété les plombs ! Je l’ai très mal pris. J’ai pris ça comme un manque de respect. J’ai dit aux dirigeants que ce n’était pas normal et que je ne pouvais pas rester au club dans ces conditions.En quoi cet épisode a-t-il mis un frein considérable à l’évolution de ta carrière ?Ma blessure et l’ensemble des décisions qui ont été prises dans la foulée m’ont été fatales. Je venais d’arriver, je ne me voyais pas partir au clash avec Watford. D’autant plus qu’une certaine somme avait été dépensée pour moi. Ce n’était pas évident. J’ai pris mon mal en patience. J’avais tellement envie de retrouver les terrains que j’allais jouer avec la réserve de Watford. Je voulais être bien physiquement pour retrouver un nouveau défi.Au bout d’un an et demi, tu signes finalement à Lens dans le cadre d’un prêt. En quoi c’était important pour toi de retrouver du plaisir ?C’était un soulagement. C’était important de trouver un nouveau challenge à titre personnel après plusieurs mois sans jouer. Mais même pour aller à Lens, je me souviens que cela avait été compliqué ! Heureusement, j’ai bien pu y signer au final. Le plus important, c’était vraiment de jouer. Revenir en France, c’était une belle opportunité pour moi.
« Si demain j’ai l’opportunité de retourner en France, je fonce ! »
Pourquoi rejoindre la Turquie après ton expérience de six mois à Lens ?Après mon prêt à Lens, j’aurais pu retourner en Angleterre. J’étais toujours sous contrat avec Watford mais d’autres clubs anglais, la plupart de Championship, étaient intéressés par mes services. Mais je ne me voyais pas revenir en Angleterre après ce que j’avais connu. J’avais le choix entre la Turquie et l’Espagne, mais je souhaitais vraiment voir autre chose.Qu’est-ce que tu peux me dire sur le football turc en général ?La Turquie me fait un peu penser à Marseille dans le sens où le peuple turc aime le foot. Les supporters sont très passionnés, comme au Vélodrome. Quand je suis parti d’Ankara, j’aurais pu aller à Trabzonspor ou à Başakşehir mais finalement cela ne s’est pas fait et je suis allé à Kayseri. Il y avait un bon projet avec Emmanuel Adebayor notamment, mais je n’ai signé qu’un an. En Turquie, je n’ai signé que des contrats d’un an pour être disponible au cas où un bon projet se présentait à moi. J’ai pu rater des bons clubs de première division à cause de ça d’ailleurs.Cette saison, après une première expérience en deuxième division du côté de Samsunspor, tu as rejoint le club de Denizlispor. N’avais-tu pas d’autres possibilités ?Après Kayseri, j’étais libre de tout contrat. C’est à ce moment-là que le président de Samsun m’a contacté. J’étais sur Paris et j’avais une certaine appréhension quant à un potentiel retour en Turquie. Il a su me convaincre en me présentant un projet ambitieux, même si je n’étais pas très chaud au départ (rires). Après Samsun, j’ai encore raté plusieurs clubs de première division à cause de ma volonté de ne signer qu’un an avec mon prochain club. La situation sanitaire liée au coronavirus n’a pas arrangé les choses. Il faut aussi savoir qu’en Turquie, il y a un quota en ce qui concerne le nombre de joueurs étrangers. Il n’est pas possible d’aligner une équipe entièrement composée d’étrangers. La plupart des clubs de première division ne pouvaient pas recruter un nouvel étranger. Et comme je ne me voyais pas rester sans jouer une fois de plus pendant de nombreux mois, j’ai signé à Denizlispor.Vous venez d’éliminer Galatasaray à l’extérieur en coupe. Est-ce qu’il y a un coup à jouer dans cette compétition ?Pourquoi pas ? On vient d’éliminer un favori. Personnellement, j’étais suspendu donc je n’ai pas pu jouer mais l’équipe s’est qualifiée pour le tour suivant et c’est l’essentiel. Après, avec un peu de recul, je pense que l’objectif prioritaire du club est de bien figurer en championnat. L’équipe n’a pas bien débuté la saison. Un nouveau coach est arrivé. On va essayer de remonter la pente pour accrocher une place pour les play-offs en fin de saison.Quelles sont tes ambitions pour la suite de ta carrière ?Le fait d’aller à l’étranger m’a permis de découvrir de nouvelles cultures. En plus, je parle anglais couramment, ce qui est un plus. Si j’ai l’opportunité de retourner en France, je fonce ! Après, si je dois rester en Turquie, cela ne me dérange pas non plus. Aujourd’hui, je suis très bien physiquement et j’enchaîne les matchs. Je veux jouer encore longtemps. Le plus important, c’est de jouer. Cela me donne plus de visibilité.Peux-tu nous révéler ton onze de rêve ? En t’incluant dedans et en ne choisissant que des anciens coéquipiers.Tu me demandes quelque chose de compliqué, ce n’est pas gentil (rires) ! Je vais mettre Steve (Mandanda, ndlr) dans les buts. Moi à droite, même si j’aurais préféré être sur le banc ou dans les buts (rires). Dans l’axe, Nico Nkoulou et Cláudio Caçapa. À gauche, Ben Mendy. Au milieu, Yaya (Touré, ndlr) avec Lass Diarra. J’aurais pu citer Abou Diaby aussi, mais il n’a pas beaucoup joué à l’OM. Dimitri Payet en numéro dix avec Sydney Govou à droite et Dédé Ayew à gauche. Et en pointe, Didier (Drogba, ndlr). Je n’ai pas le choix (rires). Même si j’aurais pu faire une petite place à Dédé Gignac.
En résumé
Brice Dja Djédjé se confie en exclusivité pour Onze Mondial ! L’international ivoirien, formé au Paris Saint-Germain, est longuement revenu sur son parcours lors de cet entretien. Il a notamment évoqué un certain Marcelo Bielsa, qu’il a connu à l’Olympique de Marseille.