Vendredi 2 février, une femme de 76 ans a été jugée à Carcassonne devant le tribunal correctionnel à juge unique, pour répondre de « blessures involontaires par conducteur d’un véhicule terrestre à moteur, avec une incapacité supérieure à trois mois ». Reconnue coupable, elle a été condamnée à une amende de 1 000€, dont 500€ avec sursis. Ainsi qu’à six mois de suspension de son permis de conduire.
Dans cette affaire, où il est question d’un accident de la circulation entre une voiture et une moto, deux versions s’affrontent au sujet des circonstances exactes de la terrible collision. Les faits remontent au 11 août 2021 à Carcassonne, par une belle journée d’été. Ce jour-là, Danielle est au volant de sa voiture et circule sur la route de Villemoustaussou quand elle entreprend de tourner à gauche.
Pour aller où elle le souhaite, elle doit alors couper la route, tout en faisant attention qu’il n’y ait personne qui circule sur la voie opposée à la sienne… Et puis, c’est le terrible choc. Une collision d’une extrême violence, avec un motard qui n’a pu éviter l’avant droit de la voiture de Danielle. Le pilote de la grosse Suzuki va ainsi être éjecté à une quarantaine de mètres sur la route. Il souffre de plusieurs fractures au fémur, au radius et au pied droit. Grièvement blessé dans l’accident, il en est aujourd’hui à sa huitième opération sous anesthésie générale. Il n’est pas encore consolidé.
Je suis certain qu’elle n’avait pas mis le clignotant !
Deux ans et demi plus tard, c’est dans ce contexte que Danielle, une Carcassonnaise de 76 ans, a dû répondre de « blessures involontaires par conducteur d’un véhicule terrestre, avec une incapacité supérieure à trois mois ».
Vendredi, face à la présidente Anne Nappez, la prévenue est restée accrochée à sa ligne de défense : elle n’a « pas vu la moto », car elle a été « éblouie par le soleil. Je pense que la moto allait très vite. Au choc, j’ai tout d’abord cru que c’était un camion qui m’avait percutée ».
Devant le tribunal elle aussi soutenu mordicus avoir « mis son clignotant » pour signaler son changement de direction. Selon le motard, équipé d’une canne pour venir à la barre, Danielle ment : « Le soleil était à droite en face de moi. Elle l’avait dans son dos, caché par de grands arbres ! «
Autre contradiction avec la prévenue : « Je suis certain qu’elle n’avait pas mis le clignotant ! Je n’ai pas eu assez de temps pour réagir et freiner… » Le motard indique qu’il a encore subi une opération, la semaine dernière : « Je n’ai pas encore pu reprendre le travail… Mais je n’ai aussi pas pu assister à la première rentrée de ma fille à l’école, ni à l’enterrement de ma grand-mère. »
Il faut s’en tenir à la gravité des blessures de mon client, car elle est très floue sur les circonstances de l’accident.
De la personnalité de la prévenue, on apprend qu’elle est retraitée, et veuve depuis trente ans : « Je suis seule. Ma voiture, j’en ai besoin pour faire mes courses, aller au kiné… » Pour les intérêts du motard, Me Annabelle Lacombe s’est interrogée sur les capacités de la prévenue à conduire : « A en croire ses conclusions, c’est elle qui aurait été victime d’un chauffard ! Il faut s’en tenir à la gravité des blessures de mon client, car elle est très floue sur les circonstances de l’accident. » Un renvoi sur intérêts civils a été sollicité par l’avocate carcassonnaise.
Pour le ministère public, la substitute du procureur, Agathe Charriau, a ensuite requis une peine de six mois de prison avec sursis, ainsi que l’annulation du permis de conduire, avec l’interdiction de le repasser avant un mois.
Pour la défense de Danielle, son avocat montpelliérain a pesté contre cette procédure, « où c’est finalement la parole de l’un contre celle de l’autre ». À l’issue de son délibéré, le tribunal a finalement condamné Danielle à une amende de 1000€, dont 500€ avec sursis, ainsi qu’à six mois de suspension de son permis de conduire.