Les taux projetés sont insuffisants pour contrôler le virus et atteindre une immunité de groupe. Il restera des infections, des hospitalisations, des entrées en réanimation et des décès. Avec potentiellement des conséquences en matière de restrictions  : fermetures d’établissements scolaires. tests payants, isolement… Comment le gouvernement veut éviter une quatrième vagueÊtes-vous favorable à la vaccination obligatoire pour les soignants et les personnels en Ehpad?Oui. Pour ces professionnels, on a atteint ce point de dernier recours. Moins de 60% de couverture dans les Ehpad, 64% dans les hôpitaux, cela reste clairement insuffisant. La vaccination leur est ouverte depuis janvier. Certains sont encore dans l’attente ou la réflexion. Ils doivent le faire pour eux mais aussi pour protéger les patients. C’est un principe de responsabilité et d’exemplarité.À qui s’appliquerait-elle et quand?À tous ceux qui sont au contact des patients  : soignants, administratifs, médico-sociaux, transport… Le plus tôt possible, mais cela relève du domaine législatif.
« Le variant Delta, plus transmissible, nous préoccupe. Mais il est sensible aux quatre vaccins autorisés en France »
Quelles sanctions envisager?L’idée n’est pas de stigmatiser et j’espère qu’on n’en arrivera pas là . Il faut mettre en route la machine avec une grande campagne, sans agressivité. Renforcer la pédagogie par les pairs. Il est possible qu’agiter cette idée suffise à convaincre. Mais si les résistances sont trop fortes, on pourrait envisager un changement de poste tant qu’on n’est pas vacciné. En Italie, cela fonctionne.Pourrait-on contraindre aussi les 24-59 ans, comme le suggèrent des sénateurs?Pour d’autres catégories professionnelles ou de population, on n’y est pas encore et cela doit rester le dernier recours. Ce n’est pas exclu, mais cela me semble plus problématique.Que répondez-vous à ceux qui disent que le vaccin est inutile car on meurt peu du Covid?Si on est jeune, c’est vrai, il y a peu de décès. Mais il reste des personnes âgées non vaccinées ; des jeunes en réanimation ; d’autres qui font une forme chronique. L’argument majeur en faveur du vaccin est double. D’abord l’intérêt personnel  : nul n’est complètement à l’abri d’une forme grave. Le vaccin est efficace et sûr. Si tout le monde aspire à retrouver une vie normale durable, le virus doit circuler le moins possible. D’autre part l’intérêt collectif et la solidarité à l’égard des plus fragiles  : on a le droit de penser aux 200 000 personnes immunodéprimées ou aux très âgés dont la sécurité dépend des autres.Certains considèrent le vaccin inefficace.C’est faux ! Il protège à 95% contre les formes graves. Dans la plupart des cas d’infection post-vaccinale, les gens n’étaient pas encore protégés. Le variant Delta, plus transmissible, nous préoccupe. Mais il est sensible aux quatre vaccins autorisés en France.
« En se vaccinant aujourd’hui, on est protégé pour la rentrée »
Même si ce processus est plus lent et complexe.
« Certains ne sont pas opposés au vaccin mais ont d’autres priorités. Il faut aller les chercher »
Enfin, se vacciner, c’est protéger les adultes de leur entourage.Certains jugent éthiquement inacceptable « d’utiliser » les jeunes pour pallier la couverture insuffisante des adultes…C’est inexact  : on ne fait pas l’un à la place de l’autre – ce qui serait en effet inacceptable –, mais l’un et l’autre. Même si tous les adultes se faisaient vacciner, on n’obtiendrait pas l’immunité de groupe.Que répondez-vous aux parents méfiants?Près de 700 000 ados ont reçu au moins une dose. Aux États-Unis, ils sont plusieurs millions. À cet âge, ils sont ceux que le vaccin protège le mieux. On a une petite alerte sur un risque mineur de myocardites sans gravité. On propose désormais un test sérologique TROD avant la première dose  : s’ils ont déjà eu le Covid, une injection suffit. C’est très raisonnable.
« Au début de l’épidémie, un Français sur deux disait hésiter. Aujourd’hui c’est 20%. Cela me rend optimiste »
Et aux « antivax »?Ceux qui le sont par idéologie sont un tout petit noyau. Face à eux, il n’y a rien à faire. Le plus important, c’est de convaincre ceux qui attendent et s’interrogent. Au début de l’épidémie, un Français sur deux disait hésiter. Aujourd’hui c’est 20%. Cela me rend optimiste. On peut espérer qu’ils ne seront bientôt plus que 10% !Est-ce qu’un élargissement du périmètre du passe sanitaire, conditionnant l’accès à des musées ou restaurants, pourrait booster la vaccination?Cela se discute, c’est une façon très forte de faire comprendre que le vaccin permet de retrouver une vie normale.Et dérembourser les tests?Je n’ai pas d’opinion à ce stade. A priori cela permettrait d’éviter des tests à répétition à la place de la vaccination. Mais il ne faudrait pas que cela dissuade d’effectuer des dépistages.D’autres pays sont confrontés à un plafond d’injections. Ont-ils trouvé des recettes?Aux Etats-Unis, les dons matériels sont très utilisés. Je ne suis pas sûr qu’il faille aller dans ce sens. Je préfère rester dans la pédagogie et l’information, au plus près des gens.