Après le marathon de la veille, la septième partie du Championnat du Monde FIDE 2021 s’est révélée la nulle la plus courte du match, avec seulement 2h30 de jeu. Magnus Carlsen est resté fidèle à son choix 8.Tb8 contre la ligne 8.a4 de l’anti-Marshall de Ian Nepomniachtchi et a rapidement égalisé après des décisions du russe, qualifiées de peu ambitieuses par nos experts.
Le numéro 1 mondial retrouvera les pièces blanches demain à 13 :30 (heure française) pour tenter de faire le break avant une nouvelle journée de repos.
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La poignée de main de la septième partie. Maria Emelianova/Chess.
com.
En effet, lors de la conférence de presse, Nepomniachtchi a souligné le fait qu’ils avaient joué au-delà de minuit la veille : « C’était une expérience assez nouvelle de jouer deux parties le même jour. D’une certaine manière, je pensais qu’au niveau des matchs de Championnat du Monde, ce devrait être un peu différent que dans certains opens, mais quand nous commençons aussi tard, cela peut se retourner soudainement contre nous et se terminer après la nuit tombée.
»
le GM russe a rétorqué : « Franchement, il s’avère qu’avec cette cadence de sept heures – je n’y avais jamais pensé avant le match – je trouve maintenant cela assez bizarre que, fondamentalement, vous puissiez terminer votre partie après minuit – c’était en quelque sorte inattendu. »
À la question de savoir s’il avait suffisamment dormi, Nepo a répondu : « Eh bien, évidemment, comme je suis rentré à l’hôtel quelques heures plus tard que d’habitude, j’ai moins dormi que d’habitude, mais je veux dire, en général, quand vous êtes si fatigué, bien sûr, vous dormez bien. »
et les joueurs étaient heureux de jouer un peu plus tard que d’habitude. »
Nepo persiste et signe pour 1.
e4. Maria Emelianova/Chess.com.
La quatrième partie blanche de Nepomniachtchi était également la quatrième Ruy Lopez Anti-Marshall, la troisième avec 8.a4 et la deuxième avec 8.Tb8.
Toujours aux commentaires pour Chess.
com, Fabiano Caruana, qui a révélé durant la retransmission qu’il avait également prévu 8.a4 au cas où Carlsen jouerait le Marshall en 2018, a été surpris de voir à nouveau 8.Tb8 car il existe d’autres lignes « considérées comme égalisant confortablement pour les noirs. »
Today, play has been very similar to Magnus’s previous games with the black pieces.
He again chose a system where he may be slightly worse, yet solid. The idea seems to be to equalize slowly but surely, avoiding forcing lines. #CarlsenNepo
2021
Bien qu’il ait obtenu un léger avantage dans la cinquième partie, Nepomniachtchi a été le premier à dévier, ne donnant même pas à Carlsen la chance d’améliorer sa précédente partition.
Cette fois, le Russe a opté pour 10.d3 au lieu de 10.c3, et l’idée était claire : développer le cavalier en c3 plutôt que d2, pour ensuite aller en d5.
La position après13.Ff8.
Dans la position du diagramme, après une réflexion de 13 minutes, Nepomniachtchi a décidé d’échanger les cavaliers en f6, une décision plutôt inattendue. Le GM Robert Hess, commentateur de Chess.
com, a estimé que cela « ne semblait pas du tout nécessaire » puisque les noirs n’allaient pas prendre en d5 de toute façon. Plus tard dans la journée, lorsque Carlsen a facilement sécurisé la nulle, Hess s’est montré encore plus dur envers cette décision « presque à la limite de l’inexcusable. »
Lors de la conférence de presse, Nepomniachtchi a déclaré à propos de sa stratégie d’ouverture : « Fondamentalement, c’était la même chose que dans les autres parties avec les blancs, juste essayer de tirer quelque chose de l’ouverture.
Je veux dire, grosso modo, les blancs avaient un léger avantage. Mais, encore une fois, dans ces structures symétriques, même malgré le contrôle de la colonne a – c’est très minime ».
Nepomniachtchi : l’avantage des blancs était très léger.
Maria Emelianova/Chess.com.
Carlsen a estimé ne pas avoir eu de soucis dans l’ouverture aujourd’hui : « Non, c’était comme d’habitude.
Évidemment, les blancs sont un tout petit peu mieux, mais tant que vous ne pouvez pas voir un moyen clair d’accroitre l’avantage, il va généralement s’évaporer. »
Cette « évaporation » s’est produite au second moment clé, quelques coups plus tard, lorsque Nepomniachtchi a pris le centre avec 17.d4, ce à quoi Carlsen a réagi par une séquence précise.
Prenant sept minutes pour son coup, Nepo a choisi le naturel 18.cxd4, mais cela a laissé échapper le reste de son avantage.
Dans une partie où aucun camp n’a commis d’erreur sérieuse, les commentateurs se sont concentrés sur le coup 18 comme un moment où les blancs auraient pu presser davantage.
Bien que l’ordinateur affirme que 18.cxd4 est le meilleur coup, Caruana a commenté dans le Coinbase Recap après la partie : « Je comprends le coup. Je ne comprends pas la précipitation pour le faire. Les coups de Magnus coulaient très naturellement de source. » Bien que ce ne soit pas une erreur, 18.
Cxd4 !? aurait créé un jeu plus dynamique et aurait probablement abouti à des positions plus compliquées. 18.cxd4 était un coup correct mais qui a logiquement conduit à une nulle rapide.
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Bien que Nepomniachtchi ait joué son 18ème coup après sept minutes de réflexion, Caruana et la GM Hou Yifan, qui avait rejoint le show à ce moment-là, s’accordaient pour dire que cela semblait être un autre exemple du challenger jouant peut-être trop vite à des moments importants.
Cela signifierait que le plus gros problème de Nepomniachtchi jusqu’à présent est de ne pas être capable de gérer l’une des rares faiblesses qu’il était connu pour avoir avant le match.
puis de rejouer avec les noirs le lendemain, mais c’est bien mieux de faire cela que d’obtenir une autre mauvaise position, ce qui était l’autre option. »
Score du match
Féd
Nom
Elo
01
02
03
04
05
06
07
08
09
10
11
12
13
14
Score
Magnus Carlsen
2855
½
½
½
½
½
1
½
4
Ian Nepomniachtchi
2782
½
½
½
½
½
0
½
3
Quatre parties blanches, quatre Anti-Marshall, quatre nulles.
À la question de savoir si Nepomniachtchi s’attendait au Marshall de Carlsen, il a répondu : « Absolument. Le Marshall est l’un des principaux choix de Magnus, je pense, au cours de sa carrière et c’est juste une option très décente et éprouvée très résistante au feu pour un match également. »
Même après cette partie, Nepomniachtchi semblait satisfait de la façon dont ses parties blanches se sont déroulées : « Je dois dire que j’obtiens beaucoup plus que ce que j’espérais de l’ouverture ! »
On a demandé à Carlsen pourquoi il pense que son adversaire n’a pas encore essayé autre chose, c’est à dire s’aventurer dans d’autres ouvertures.
La réponse du champion du monde a fourni un aperçu intéressant des différentes approches des joueurs :
On peut aussi voir les choses dans l’autre sens. Ian obtient objectivement des positions légèrement supérieures dans l’ouverture et que peut-on vraiment espérer de plus ? Je suppose que, dans un sens, nous sommes tous les deux relativement satisfaits du résultat à ce niveau là ».
»
Maurice Ashley, l’animateur de la conférence de presse.
Maria Emelianova/Chess.com.
Dans l’émission d’après-partie de Chess.
com, notre invité spécial, Levon Aronian, n’a pas mâché ses mots à propos de la stratégie de l’équipe de Nepo :
« Je pense qu’aujourd’hui, ce n’est pas tant Ian que son équipe qui est en cause, parce que, j’estime qu’après avoir perdu une partie comme ça, il faut absolument trouver quelque chose de sérieux, trouver un challenge. Ce n’est pas comme si Magnus faisait ce que j’attendais de lui, il n’est pas virevoltant, il se contente de cette Ruy Lopez passive. Par conséquent, son équipe pourrait proposer quelque chose de mieux.
Jusqu’à présent, je le vois obtenir de belles positions dans l’ouverture, puis tout se neutralise très vite. »
« Je ne parle pas seulement de l’équipe dédiée aux ouvertures ou des entraîneurs, je parle davantage de l’aspect psychologique. Vous avez les blancs, il y a urgence, et vous devez riposter.
Par conséquent, il est essentiel que vous vous mettiez dans l’état psychologique qu’il n’y a pas de partie « lente » et que vous allez jouer pour ce 13.Cd5, 15.c3, et ce genre de choses.
C’est ce qui me surprend et c’est en fait une vraie préoccupation. Perdre une partie avec les noirs est possible. Vous jouez contre le meilleur joueur du monde, vous pouvez perdre une partie.
Mais ensuite vous devez revenir devant l’échiquier pour poser des problèmes. Je n’ai pas vu cela dans le match de la part de Ian jusqu’à présent.
Aronian pense que Nepomniachtchi aurait dû essayer davantage. Maria Emelianova/Chess.
com.
Le match est maintenant à mi-parcours, avec une petite avance pour Carlsen. Nepomniachtchi a commenté lors de la conférence de presse : « Cela ne se passe pas très bien parce que, en général, je pense que j’avais quelques positions prometteuses et je crois aussi qu’hier une sorte d’éclipse m’a empêché de prendre le pion b4 deux fois de suite.
La partie d’hier était juste assez pauvre des deux côtés, je crois, surtout pendant le zeitnot. Mais sinon, c’est assez raisonnable et très combatif. »
Nepo n’a pas considéré cette partie comme une occasion manquée, déclarant : « Aujourd’hui, ce n’était sûrement pas une chance manquée, je pense, pour aucun d’entre nous.
C’était une partie très équilibrée et je crois que c’était juste. ennuyeux ! »
Carlsen était, comme on pouvait s’y attendre, satisfait du résultat : « Oui, c’est bien. Je me suis évidemment souvenu de mon premier match contre Vishy où j’avais gagné la cinquième partie, puis j’avais réussi à égaliser progressivement dans la sixième et finalement gagner de nouveau, donc j’espérais un peu que nous pourrions suivre un scénario similaire, mais une nulle est évidemment un très bon résultat aussi. »
Répondant à une question complémentaire, il a ajouté : « Évidemment, avec le résultat d’hier, ça se passe plutôt bien.
Mais le chemin est encore long, il reste la moitié du match. J’ai pris l’avantage donc la situation est bonne. »
Carlsen : « J’ai pris l’avantage donc la situation est bonne.
Maria Emelianova/Chess.com.
La réponse de Carlsen à la dernière question de la conférence de presse était intéressante : quel match historique aurait-il aimé suivre en tant que spectateur ? Il a répondu : « C’est dur de choisir, probablement le Kasparov-Karpov de Séville, suivi de près par Alekhine-Capablanca de Buenos Aires.
C’était incroyable ! Des parties très tendues, avec de grandes idées, entre les meilleurs joueurs de leur époque. »
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com/Chess.
Texte traduit et adapté en français par le MF Samy Robin.
Découvrez l’analyse en vidéo et en français de notre duo Kévin Bordi / Fab’ Libi’ :
Comptes-rendus précédents :
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