Chet Faker : Le retour d'un indestructible


Groove, mélodies aguicheuses et mélancolie funky gravitent dans les morceaux du récent « Hotel Surrender », un album directement connecté au passé du chanteur. Retour vers le futur ? « La question, elle est vite répondue », affirmerait volontiers un « jeune entrepreneur », mais certainement pas Chet Faker. En visio dans son studio, l’Australien nous détaille les raisons de son retour. En exclu et sans détour.

En un disque électronique infusé de jazz, de soul et de mélodies lustrées avec soin, l’Australien Nick Murphy s’est révélé dans son pays et à l’étranger. Enregistré en 2014 sous le pseudo Chet Faker, l’album en question (« Built On Glass ») lui a valu un succès international plutôt inattendu. Un peu débordé par tant d’attention médiatique, le barbu de Melbourne s’est vite retranché derrière sa véritable identité : un havre de paix pour graver des disques introvertis en toute tranquillité. De retour dans son costume de Chet Faker, l’artiste nous dévoile à présent les dessous de sa métamorphose. « La raison est purement musicale », affirme l’intéressé depuis son studio new-yorkais. « J’ai commencé à jouer sous mon nom parce que j’avais composé des titres sans lien avec l’esthétique de Chet Faker. L’année dernière, par exemple, j’ai sorti « Music for Silence », un disque solo entièrement joué au piano. C’est une création contemplative et ultra minimaliste. Le genre de truc que je voyais mal dans la discographie de Chet Faker. »

Chet Faker : Le retour d'un indestructible

Des câlins décalés

« Je me suis mis à composer de façon intuitive, totalement impulsive. Rien n’était planifié. Mais à force d’accumuler des compos, j’ai réalisé que je disposais de la matière nécessaire pour sortir un album. » À la lumière du jour, Nick Murphy y voit même le retour de Chet Faker. « C’était évident. Les sons et les mélodies étaient là. De plus, l’affaire s’est précisée en solitaire, exactement comme à l’époque de « Built On Glass ». Dans mon esprit, l’univers de Chet Faker est extrêmement généreux. Les morceaux s’offrent sans détour. Quand je les chante, j’ai l’impression de faire des câlins à tout le monde. »

La recette du bonheur

« J’ai enregistré de façon hyper naturelle, sans me poser de question. Je prenais du plaisir dans le travail et les compos me plaisaient. J’étais entouré de bonnes ondes. « Hotel Surrender » fait directement référence à cette période : un moment de pur bonheur. Je me promenais partout avec un sourire béat. Les gens devaient vraiment me prendre pour un cinglé. Cela faisait longtemps que je n’avais plus éprouvé un tel sentiment. Un peu comme si j’étais tombé amoureux de ma propre musique. »

L’enfant de la télé

En additionnant tous les souvenirs associés aux morceaux, je comprends d’où je viens et pourquoi, en tant qu’adulte, j’ai telle ou telle conscience du monde qui m’entoure. »

Demain ne meurt jamais

J’étais super énervé contre nos dirigeants, et pas seulement ceux de New York ou des Etats-Unis. Pourquoi ? Parce ce qu’ils adoptent toujours une même logique économique : les grandes entreprises empochent l’argent, les gens trinquent et toutes les réalités socio-écologiques sont repoussées au second plan. « Whatever Tomorrow » est une réaction à fleur de peau  : un doigt tendu en direction des discours politiques convenus et des promesses non tenues. Le confinement est d’ailleurs venu renforcer mes convictions. Aujourd’hui, l’avenir n’a plus aucun sens. Si nous voulons changer le monde, c’est maintenant que nous devons nous mobiliser. Nous ne pouvons plus attendre demain. »

Quand Murphy dit oui à Soulwax

de l’amour et de musique. C’était un débat passionnant. Partager du temps de qualité avec Soulwax, c’était comme assouvir un fantasme adolescent. J’ai toujours aimé leur approche de la musique électronique. C’est puissant, intelligent, vraiment efficace. Leur remix de « Whatever Tomorrow » m’a complètement retourné. D’ailleurs, je pense que leur version est bien meilleure que la mienne. » Une déclaration d’amour, du respect et beaucoup de modestie  : l’indestructible Chet Faker n’a finalement rien perdu de sa superbe. Qu’on se le dise.

Recevez chaque semaine toutes les actualités musicales proposées par Jam. la radio « faite par des êtres humains pour des êtres humains »

OK

Ne plus afficher ×