Digérer la déception du Giro : « On veut toujours prendre sa revanche »
C’était le 15 mai dernier. Maillot blanc sur les épaules et positionné à une très belle cinquième place de Tadej Pogacar au soir de la 10e étape, Cian Uijtdebroeks quittait le Giro, la mort dans l’âme, suite à un test positif au Covid, alors que son premier top 5 sur un grand tour lui tendait les bras. Un moment qui a forcément été compliqué à digérer.
« J’étais très déçu, ne cache pas le Belge. Et j’ai mis un peu de temps pour m’en remettre. Quand la maladie s’est installée, j’ai voulu reprendre un peu trop vite mais mon corps a mal réagi.
Il a tout simplement dit stop. Donc j’ai fait un break, je suis reparti de zéro. Cela m’a permis de bien récupérer et de m’entraîner pour la Vuelta.
Maintenant, je me sens prêt à courir une nouvelle course de trois semaines. »Avec un esprit de revanche ? « On veut toujours prendre sa revanche sur ce genre de coup du destin, continue-t-il. Je n’ai pas quitté le Giro sur un sentiment positif donc j’ai vraiment hâte d’entamer cette Vuelta, où j’espère m’amuser et retrouver le rythme de course. »
Cian Uijtdebroeks fait son retour en Suisse après son abandon sur le Giro : « Le Tour n’est pas une option pour moi, la Vuelta oui »
Progresser en contre-la-montre : « J’ai passé beaucoup de temps sur mon vélo de chrono »
Cette année, la Vuelta commence de la même manière qu’elle se terminera : par un chrono. Et Cian Uijtdebroeks en est le premier conscient : pour devenir un véritable coureur de grand tour, capable de se battre pour des podiums, il doit progresser dans l’exercice du contre-la-montre, son point faible. « On a beaucoup travaillé là-dessus avec l’équipe, ces dernières semaines, explique-t-il.
J’ai passé beaucoup de temps sur mon vélo de chrono dans le but de devenir plus souple et d’être mieux posé sur mon vélo. Cela doit m’aider à produire plus de puissance. »Sur les deux dernières courses auxquelles le coureur originaire de Hannut a participé, on ne peut pas encore parler de progrès notables (NdlR : 83e sur le prologue du Tour de Suisse, 102e sur le chrono du Tour de Suisse, 71e sur le contre-la-montre du Tour de Burgos).
« Il y a encore du travail à faire, admet le Belge. Mais je me sens déjà bien. Quand je regarde mes valeurs aérodynamiques, on peut voir une amélioration.
C’est un processus d’évolution qui doit avoir lieu étape par étape. Je sais que cela prendra encore du temps avant d’atteindre les sommets dans cet exercice. Je ne serai jamais le meilleur du monde en contre-la-montre, mais on est sur la bonne voie. »
Devenir plus explosif : « On a adapté mon entraînement »
Autre axe d’amélioration chez Uijtdebroeks : l’explosivité. S’il adore grimper, il est moins à l’aise lors des changements de pente ou des changements de rythme, à cause de son manque de giclette. Mais il y travaille également.
« On a adapté certains de mes entraînements pour que je travaille de manière plus explosive, dit-il. C’est un aspect que je souhaite améliorer. Et là encore, je peux déjà voir des progrès.
Sur le Giro, c’était déjà le cas. Et sur chaque grand tour, je passe des étapes. Une chose est certaine : j’ai l’impression d’avoir fait tout ce qui était en mon pouvoir pour préparer ce Tour d’Espagne. »
Aller chercher un nouveau top 10 : « Le parcours me plaît beaucoup »
Avec un peu plus de… 62 000 mètres de dénivelé répertoriés, la Vuelta 2024 s’annonce comme le grand tour le plus montagneux de l’année. « Et je trouve ça super, se marre Uijtdebroeks. Plus on doit grimper, plus je suis content.
Cette Vuelta sera épuisante mais le parcours me plaît beaucoup. Au total, il n’y a pas trop de kilomètres de contre-la-montre (36,6 km) donc la différence se fera vraiment quand ça monte. Plusieurs étapes seront cruciales et il faudra avoir gardé des forces pour la dernière semaine. »
Huitième de son premier Tour d’Espagne l’an dernier, le Belge ne se fixe pas d’ambition démesurée. « L’année dernière, c’était mon premier grand tour et j’ai terminé dans le top 10. Ce serait bien de renouveler cela.
Donc nous allons nous battre chaque jour pour obtenir le meilleur résultat possible. Mais en tant qu’athlète de haut niveau, on veut toujours s’améliorer donc j’ambitionne de faire mieux que l’an dernier, même si le résultat final n’est pas toujours représentatif de la performance réelle. Certains coureurs atteignent rapidement les podiums mais ce n’est pas la seule voie vers les sommets.
Pour moi, l’important est surtout de continuer à progresser, sans me fixer d’ultimatum ni de limites. »Cian Uijtdebroeks a perdu son maillot blanc au Giro mais est satisfait de son chrono : « Je savais que c’était mon point faible »Les dirigeants de Visma | Lease a Bike l’ont bien compris et ne mettent pas de pression sur Uijtdebroeks, qui bénéficiera d’un rôle libre au sein de l’équipe néerlandaise. « On vise les étapes avec Wout (van Aert) et on a le tenant du titre dans nos rangs avec Sepp (Kuss) pour le classement général.
De mon côté, j’aurai carte blanche pour tenter de faire le meilleur classement général possible. »Uijtdebroeks se nourrit également de la présence de ses deux équipiers, plus expérimentés. « Avec Wout et Sepp, la différence d’âge est significative.
Ils ont déjà un grand palmarès et je les admire. C’est bien de pouvoir apprendre d’eux. Par exemple, je regarde comment Wout prépare ses chronos, j’observe ses habitudes et on en discute. »
Une chose semble certaine : le jeune Belge est très impatient d’en découdre. Au point de se sentir dans la meilleure forme de sa vie avant un grand tour ? « C’est toujours difficile à dire mais je me sens très bien lors des entraînements. D’ici une semaine, quand les premières étapes de montagne seront arrivées, je pourrai répondre plus facilement à cette question. »
Car c’est aussi pour ça qu’il est au départ à Lisbonne : trouver des réponses.Le jeune Belge se réjouit de disputer les étapes de montagne. ©JDM