Qu’ont encore à nous dire les sciences du climat, et quel est l’enjeu de les comprendre ? La présentation au public, ce lundi 9 août à 10 heures (à retrouver sur l’Humanité.fr, lire encadré), du 6e rapport d’évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), ou plus précisément la première partie de ce rapport, remet la question sur le tapis. Consacré aux connaissances physiques des climats passés, actuels et à venir, elle promet de faire événement. La précédente synthèse des études internationales menées sur le sujet remonte à 2013, et ses données commencent à dater : pendant cinq ans, 234 scientifiques de 66 pays ont travaillé à la rafraîchir. Leur labeur s’est achevé, le 5 août, par la finalisation d’un résumé de leurs analyses destiné aux décideurs politiques (lire article ci-contre). Avec quoi de neuf attendu ? Rien, pour ce qui est des grandes lignes. Tout, pour ce qui est du défi de nous mêler de nos affaires, quand les sciences du climat ouvrent sur des réalités qui appellent une transformation de nos sociétés.
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Pour aller vite, aucune chance que les recherches aient conclu à une remise en cause de la réalité des bouleversements climatiques. Aucune, non plus, qu’elles n’aient démenti le rôle prépondérant que jouent les activités humaines dans ce phénomène. L’exercice, en revanche, aura permis de préciser l’état des connaissances sur l’atmosphère et sur les conséquences de son réchauffement sur la fonte des glaces ou encore l’intensification des ouragans. Et il reste primordial, prévient Hervé Le Treut, coauteur de rapports antérieurs, spécialiste des simulations du climat et membre de l’Académie des sciences.
» Les scientifiques, rappelle-t-il, n’ont pas pour rôle de les opérer. « D’autres équations, sociales ou économiques, entrent en jeu. C’est aux politiques, et non pas au Giec, de les résoudre. » Les experts, en revanche, ont à charge d’apporter des éléments aptes à éclairer les prises de décision. Où leur compréhension par tous devient enjeu démocratique… pas toujours simple à garantir.
Publiée en juin par le journal la Croix, une enquête réalisée par le collectif Quantité critique et portant sur le rapport des jeunes à l’écologie révèle que 6 % des 16-30 ans manifestent une faible croyance en la crise climatique. Ces mêmes sondés affichent une hostilité vis-à-vis du mouvement climat et de la nécessité de transformer les modes de vie. Si le travail de sape longtemps opéré par les lobbies climatosceptiques et/ou industriels n’est pas étranger à l’affaire, « des éléments sincères d’incompréhension du phénomène en cours perdurent », estime Hervé Le Treut, auxquels il n’est pas aisé de répondre.
Formation, sensibilisation
» Sur son site, le Giec tente de faire sa part du travail, mais l’essai demeure maladroit. De nombreux climatologues sont, eux, devenus des acteurs affairés des réseaux sociaux, non sans impact. Côté français, Valérie Masson-Delmotte, paléoclimatologue, directrice de recherche au CEA et coprésidente du groupe I du Giec, est suivie, sur Twitter, par près de 30 000 personnes. Christophe Cassou, directeur de recherche au CNRS, lui aussi coauteur du Giec, en comptabilise quant à lui plus de 15 000.
conclut le climatologue »
plus forte, parfois, que ce qui ressort de parlements élus. » La Convention citoyenne sur le climat mise en place nationalement peu après et qui, de l’été 2019 à l’automne 2020, a fait plancher 150 citoyens tirés au sort, dont beaucoup, initialement, ignoraient l’essentiel de la question climatique, a confirmé l’impact d’une démarche de formation sur la capacité de chacun à formuler des propositions.
plus précis, plus complets sur (…) les enjeux relatifs à l’environnement et à la biodiversité ». Six mois plus tard, le CSP lui remettait une série de recommandations. À la rentrée 2020, les programmes de seconde continuaient de n’aborder la question que de façon « cosmétique », déploraient les enseignants. Son approfondissement n’était de mise qu’à compter de la classe de terminale, réservé aux seuls élèves ayant choisi la spécialité sciences économiques et sociales.