Comment parler de la guerre qui a éclaté entre la Russie et l’Ukraine à son enfant inquiet ?
Ukraine : Comment aborder le sujet de la guerre avec ses enfants ?
Après deux années de crise sanitaire, d’école à la maison, de gestes barrières sûrement très étranges à leurs yeux et de stress ambiant, les enfants sont aujourd’hui confronté.es à un nouveau contexte anxiogène : celui de la guerre qui vient d’éclater entre la Russie et l’Ukraine.> Ukraine : des nouveaux-nés mis à l’abri pour éviter les bombesMême s’iels ne comprennent pas tous les tenants et les aboutissants du contexte géopolitique, c’est bien connu, les enfants sont des éponges et captent vite quand il se passe quelque chose de grave.
Quand et comment leur parler du conflit ? Que répondre à leurs inquiétudes ? Faut-il censurer les contenus qui circulent sur la guerre ? Catherine Verdier, Psychologue-Thérapeute-Analyste pour enfants et adolescents et fondatrice de la plateforme Psyfamille a répondu aux questions qui taraudent les parents inquiets. ELLE. Même au plus jeune âge, les enfants peuvent-iels comprendre ce qu’il se passe dans le contexte géopolitique et sociétal ? CATHERINE VERDIER.
Les enfants sont très sensibles à notre posture, à notre voix, à notre regard ou encore à notre tension. Donc si iels nous sentent anxieux.ses, même les bébés peuvent percevoir nos inquiétudes et notre anxiété.
Iels remarquent par exemple si on est à l’affût des informations devant la TV ou la radio et sont capables d’entendre ou de comprendre les intonations et d’en déduire que quelque chose de grave ou d’inquiétant se passe. Cela fait déjà quelques années que les enfants vivent dans un contexte de crise sanitaire, donc iels sont aptes à percevoir ce type de signes. ELLE.
Vaut-il mieux attendre que l’enfant soit informé de la situation par une source extérieure ou qu’iel pose des questions, ou bien faut-il prendre les devants ? C. V. Cela dépend de l’enfant : il y a des petit.
es hypersensibles qui vont sûrement s’effondrer à l’école car leurs camarades parleront de la situation sans qu’iel ait eu l’opportunité d’être mis.e au courant, par exemple. On ne peut pas garder les enfants sous cloche ! Mais si c’est possible, c’est toujours mieux d’attendre que les questions viennent de leur côté.
Par contre, si on observe des changements dans le sommeil ou l’irritabilité, par exemple, à ce moment-là, il faut creuser pour voir si c’est le contexte actuel le fautif. ELLE. Pensez-vous que ce sont des sujets qui doivent être abordés à l’école par les instituteur.
ices, ou c’est davantage le boulot des parents ? C. V. C’est le travail de tout adulte.
Quel que soit l’âge de l’enfant, notre boulots, c’est de le rassurer, de garder son calme et de lui répondre simplement sans dramatiser s’iel a des questions. Et surtout, il faut rester très factuel.le.
ELLE. Quels mots utiliser pour expliquer des faits aussi complexes ? Faut-il rentrer dans les détails ? Vidéo : La Youtubeuse Océane rappelle que les femmes font ce qu’elles veulent avec leurs poils (Dailymotion)
C Pour éviter de les confronter à cela, on n’est, par exemple, pas obligé.es de regarder les informations en leur présence.
ELLE. Et si l’enfant tombe malgré tout sur ce type d’images, que faire ? C. V.
Il faut lui expliquer que dans toute guerre, il y a malheureusement des blessé.es mais qu’a priori on va trouver une situation à ce conflit. ELLE.
Faut-il essayer de lui faire parler de son ressenti ? C. V. Oui, il faut parler des émotions.
Iels peuvent dessiner, les jouer, les verbaliser. Quand elle est en classe, la parole est différente du dialogue personnel avec les parents. En groupe, l’effet est thérapeutique, en famille c’est peut-être plus émotionnel et intime.
ELLE. Quelles questions poser à l’enfant pour qu’iel se sente assez à l’aise de parler de tout ça ? C. V.
On peut lui demander : « Qu’est-ce que tu en penses ? Qu’est-ce que tu ressens par rapport à tout ça ? Est-ce que tu as des questions ? Est-ce que tu veux en parler ? Est-ce que je peux t’aider ? », mais aussi lui rappeler qu’on est présent.e pour l’écouter et répondre à ses questions. ELLE.
Avez-vous remarqué des changements dans le comportement des enfants depuis le début du conflit ? C. V. J’exerce au Luxembourg, et j’ai remarqué des actes, des insultes discriminantes et du harcèlement à l’encontre des jeunes enfants russes dans les cours de récrée.
Ça peut être l’occasion d’aborder le sujet de la différence, du racisme, des discriminations et du fait qu’il ne faille pas généraliser et stigmatiser toute une nationalité selon des stéréotypes ou d’après un contexte géopolitique donné. ELLE. Si malgré tout ça l’enfant est toujours inquiet.
e, comment faut-il aborder la situation ? C. V. Si les symptômes perdurent, il ne faut pas hésiter à consulter un médecin, un psychologue ou un psychiatre.