comment Macron s’est converti à la prudence


Plus question de taper du poing sur la table, de s’opposer, comme l’année dernière, aux Cassandres. Ni d’annoncer un déconfinement net, quoi qu’il en coûte sanitairement.

Le président, qui avait promis une réouverture progressive du pays à partir de la mi-mai, a donné la couleur hier alors qu’il visitait une école de Melun en Seine-et-Marne. 

comment Macron s’est converti à la prudence

Il va bien libérer les Français mais a-t-il insisté « progressivement », « tout doucement ». 

Il a aussi évoqué le couvre-feu. Oui, il pourrait bien être décalé, mais « un peu » simplement, cela va être sans doute nécessaire pour permettre la réouverture des terrasses. 

Le chef de l’Etat ne veut plus fâcher personne

D’abord, il y a la réalité de la circulation épidémique, encore importante. Mais, plus remarquable, en ce moment, le chef de l’Etat ne veut plus fâcher personne.  Il a même échangé y a dix jours avec Gérard Larcher, le président du Sénat avec qui les relations sont glaciales, et qu’il n’avait plus vu depuis trois mois et demi. Le Républicain lui a demandé un déconfinement territorialisé. Exaucé, répond Emmanuel Macron, qui a évoqué hier la possibilité d’ouvrir les salles des restaurants en fonction de la situation sanitaire dans les départements. 

Cette pondération n’est pas sans rapport avec l’état de l’opinion… 

Le Président de la République surveille, c’est vrai, comme le lait sur le feu l’humeur des Français.  Il pense qu’il n’y aurait rien de pire que de tout ouvrir pour tout refermer une nouvelle fois.  

Cette crainte de la réaction des Gaulois réfractaires était déjà l’un des facteurs qui l’avait incité à ne pas refermer le pays à la fin du mois de janvier. Un ministre me l’a expliqué  : « Si Emmanuel Macron n’a pas confiné à cette époque-là, c’est moins parce qu’il voulait gagner un pari que parce qu’il craignait la réaction de Français déjà à bout. » 

Un autre membre du gouvernement, présent au Conseil de Défense ajoute qu’est toujours présente à chaque étape la peur que nos concitoyens ne suivent plus les règles fixées par le Gouvernement. 

D’où ce déconfinement si timide et précautionneux, une manière d’offrir un espoir mesuré, pour ne brusquer personne. 

On sait qu’elle est assez éloignée de la véritable identité politique du chef de l’Etat

Sa nature devrait assez vite reprendre le dessus. On le voit par exemple sur un tout autre sujet, celui de la réforme de l’Assurance chômage qu’il refuse d’abandonner.