Au Bac de français (série générale et technologique), dans l’objet d’étude « Le théâtre du XVIIe siècle au XXIe siècle », parcours : crise personnelle, crise familiale, on trouve l’oeuvre magistrale de Lagarce : Juste la fin du monde. Nous allons nous intéresser à un extrait en particulier, la scène 9 ou « scène de la dispute » entre Antoine et Suzanne. Nous vous proposons donc ici un commentaire linéaire complet pour l’oral du Bac de français, avec texte de l’extrait, introduction, développement et conclusion.
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Commentaire linéaire Juste la fin du monde pour l’oral du Bac de français – partie 1 scène 9 – La dispute
Oral du Bac de français : quelques rappels
📄 Cette année (2024) les élèves de Première doivent préparer 16 textes pour l’oral du Bac de français.
📅 Les épreuves se déroulent du 24 juin 2024 au 5 juillet 2024.
🕐 Durée : 20 minutes🕐 Préparation : 30 minutes
Évaluation : (sur /20)
- la lecture expressive compte pour 2 points,
- l’explication linéaire pour 8 points,
- la question de grammaire pour 2 points
- la présentation de l’oeuvre choisie et l’échange : 8 points
💯 Coefficient :baccalauréat général : 5baccalauréat technologique : 5
L’examinateur va tirer au sort un texte parmi les 16 textes que vous allez présenter (dans un porte-vues, sans annotations). Il va aussi vous donner une question de grammaire à préparer.
Vous allez ensuite préparer le texte c’est-à-dire vous rappeler de ce que vous avez normalement appris ou préparer rapidement un plan de commentaire si vous n’avez pas révisé.
Ensuite vous avez 12 minutes pour présenter le texte et répondre à la question de grammaire.
Puis vous allez présenter votre oeuvre choisie. L’examinateur va ensuite échanger avec vous (8 minutes).
🧠 N’oubliez pas votre convocation !
Acte I scène 9
« SUZANNE — Mais merde, toi, à la fin ! »
« Je ne te cause pas, je ne te parle pas, ce n’est pas à toi que je parle !
Il a fini de s’occuper de moi, comme ça, tout le temps,
tu ne vas pas t’occuper de moi tout le temps,
je ne te demande rien,
qu’est-ce que j’ai dit ?
ANTOINE. — Comment est-ce que tu me parles ?
Tu me parles comme ça,
jamais je ne t’ai entendue.
Elle veut avoir l’air,
c’est parce que Louis est là, c’est parce que tu es là,
tu es là et elle veut avoir l’air.
SUZANNE — Qu’est-ce que ça a à voir avec Louis, qu’est-ce que tu racontes ?
Ce n’est pas parce que Louis est là,
qu’est-ce que tu dis ?
Merde, merde et merde encore !
Compris ? Entendu ? Saisi ?
Et bras d’honneur si nécessaire ! Voilà, bras d’honneur !
LA MÈRE. — Suzanne ! »
« Ne la laisse pas partir,
qu’est-ce que c’est que ces histoires ?
Tu devrais la rattraper !
ANTOINE. — Elle reviendra.
LOUIS. — Oui, je veux bien, un peu de café, je veux bien.
ANTOINE. — « Oui, je veux bien, un peu de café, je veux bien. »
CATHERINE. — Antoine !
ANTOINE. — Quoi ?
LOUIS. — Tu te payais ma tête, tu essayais. »
« ANTOINE. — Tous les mêmes, vous êtes tous les mêmes !
Suzanne !
CATHERINE. — Antoine ! Où est-ce que tu vas ?
LA MÈRE. — Ils reviendront.
Ils reviennent toujours.
Je suis contente, je ne l’ai pas dit, je suis contente que nous soyons tous là, tous réunis.
Où est-ce que tu vas ?
Louis !
Catherine reste seule.
Introduction
Juste la fin du monde est une courte pièce écrite par Jean-Luc Lagarce en 1990. Le thème est celui du retour du personnage principal, Louis, auprès de sa famille qu’il n’a pas vue depuis 12 ans, pour leur annoncer sa mort prochaine. Cependant, l’on découvre au fil des scènes qu’au sein de la famille règnent des difficultés de communication qui ne permettent pas à Louis de concrétiser son projet. L’oeuvre se découpe en 2 parties. L’extrait étudié se trouve à la fin de la partie 1. Il s’agit de la scène 9, qui débute par une dispute entre Suzanne et Antoine. Nous pouvons nous demander en quoi cet extrait montre l’échec des retrouvailles entre Louis et sa famille. Dans un premier temps, nous analyserons la dispute entre Suzanne et Antoine, puis dans un second temps, nous analyserons la réaction de la famille à la dispute et le départ des personnages un par un.
MOUVEMENT 1 : Du début jusqu’à “Voilà, bras d’honneur !”
- L’extrait démarre avec une exclamation brutale de Suzanne “Mais merde, toi, à la fin !». L’emploi du juron donne immédiatement le ton de l’échange : il s’agit d’une discussion houleuse entre Antoine et Suzanne. Le pronom tonique « toi » s’adresse probablement à Antoine. Il y a une forte tension.
- « Je ne te cause pas, je ne te parle pas, ce n’est pas à toi que je parle ! ” : Suzanne poursuit en multipliant les négations. On note une répétition du verbe “parler” et la présence d’un champ lexical de la parole (causer, parler…) : il est donc question de communication ou plutôt d’absence de volonté de communiquer. Suzanne ne veut pas parler à Antoine, cela est renforcé par l’usage de l’exclamation.
- “ Il a fini de s’occuper de moi, comme ça, tout le temps,” : dans la suite de la réplique de Suzanne, en effet, celle-ci passe du “toi” au “il », elle ne s’adresse plus à son frère mais prend les autres à témoin. “Tout le temps” indique que les attaques d’Antoine contre Suzanne sont incessantes, habituelles, causant de ce fait sa colère dans cet extrait.
- Suzanne revient à la 2e personne, l’accusation vise cette fois directement Antoine : “ tu ne vas pas t’occuper de moi tout le temps”. On note une épanorthose, figure de style où un personnage cherche la formulation exacte qui retranscrit sa pensée.
- Cela est suivi d”une négation également à la 2e personne “ je ne te demande rien,” suivie d’une question rhétorique : “ qu’est-ce que j’ai dit ?”
- C’est ensuite au tour d’Antoine de parler. Il répond sur le même ton excédé “Comment est-ce que tu me parles ?” puis “ Tu me parles comme ça”, ce qui constitue de nouveau une épanorthose.
- Antoine lance à Suzanne “ jamais je ne t’ai entendue”: la négation dans cette phrase porte sur le fait d’entendre sa soeur : il ne l’entend pas peut signifier qu’elle ne lui parle pas ou qu’il ne la comprend pas. Cela souligne les difficultés de communication dans la fratrie. On peut faire un lien avec le dialogue de Louis et Catherine scène 6 : « LOUIS. — Vous ne dites rien, on ne vous entend pas.CATHERINE. — Pardon, non, je ne sais pas.Que voulez-vous que je dise ? »
- S’ensuit une répétition de “ Elle veut avoir l’air” : lui aussi prend alors à témoin l’assistance en désignant sa soeur par le pronom “elle”. Il insiste sur le fait qu’elle cherche à “paraître”.
- Antoine accuse sa soeur de se manifester bruyamment et de s’en prendre à lui car, pour une fois, Louis est là (“c’est parce que Louis est là, c’est parce que tu es là”). Louis est ainsi montré comme la cause du comportement excessif de sa soeur, presque accusé de son comportement à elle. Antoine s’adresse alors directement à lui “ tu es là et elle veut avoir l’air.” La phrase est incomplète “elle veut avoir l’air »…De quoi veut-elle avoir l’air ? Suzanne et Louis sont associés dans cette courte phrase peu compréhensible “elle” côtoie “tu”. Antoine, au lieu d’apaiser les tensions, essaie d’y mêler Louis, qui ne se manifeste pas et ne dit rien (comme à son habitude).
- Louis ne répond donc pas à la réplique d’Antoine, c’est Suzanne qui va s’en charger.
- “Qu’est-ce que ça a à voir avec Louis, qu’est-ce que tu racontes ?” : Suzanne questionne Antoine, mais elle ne le laisse pas répondre. Elle veut lui montrer qu’il a tort dans ses propos. La formule “qu’est-ce que tu racontes ?” discrédite les mots d’Antoine. Le verbe « raconter » est un verbe de parole, ce qui rallonge la liste du champ lexical de la parole dans cet extrait. La parole existe mais elle est mal utilisée (insultes) ou incomprise (“ jamais je ne t’ai entendue.”) ou encore discréditée (qu’est-ce que tu racontes ?).
- S’ensuit une négation “Ce n’est pas parce que Louis est là” niant la justesse de l’analyse d’Antoine.
- La question “ qu’est-ce que tu dis ?” peut avoir un double sens : Suzanne n’entend pas ce que dit Antoine ou elle ne comprend pas ce qu’il raconte. L’incompréhension mutuelle est totale.
- Frustrée, Suzanne répète le juron de départ à trois reprises encore “ Merde, merde et merde encore !”, le niveau de tension est encore monté de plusieurs crans.
- Suzanne poursuit : “Compris ? Entendu ? Saisi ?” : l’accumulation de participes passés liés à la compréhension renforce l’idée d’incompréhension mutuelle.
- L’apothéose de l’intervention de Suzanne est le bras d’honneur, répété 2 fois.
C’est ainsi que s’achève le mouvement 1, qui a mis en scène l’échange tendu entre Antoine et Suzanne, le reste de la famille étant spectateurs de la dispute sans s’être manifestés jusqu’ici.
MOUVEMENT 2 De « Suzanne ! » jusqu’à la fin
- Le mouvement suivant commence avec la mère qui reprend Suzanne en l’interpellant suite au geste agressif qu’elle vient de faire à l’intention de son frère. La mère ne dit rien de plus.
- Elle poursuit en semblant s’adresser à Antoine, elle lui intime l’ordre (impératif) de rattraper sa soeur qui s’en va « Ne la laisse pas partir » et enchaîne que une question qui démontre qu’elle n’a pas compris le sens de l’échange entre ses enfants « qu’est-ce que c’est que ces histoires ? ».
- Antoine répond à sa mère un laconique « Elle reviendra » qui montre son absence d’intention d’obéir à l’ordre maternel. La courte réplique est au futur, nous comprenons que ce genre de dispute est habituel dans la famille puisqu’Antoine en connaît l’issue avec certitude.
- Louis intervient de manière insensée dans l’échange pour accepter une proposition de café qui lui a été faite bien plus tôt. Sa réplique est impromptue, décorrélée de l’altercation qui vient d’avoir lieu « Oui, je veux bien, un peu de café, je veux bien. » Sa phrase elle-même est structurée d’une manière étrange : il commence par accepter quelque chose avant de préciser de quoi il s’agit car il prend peut-être conscience que personne ne se souvient de la proposition initiale. Sa réplique donne ainsi l’impression qu’il est absent et qu’il n’a pas été témoin de l’échange (et pourtant si).
- Le caractère décousu de son intervention est souligné par Antoine qui répète exactement sa phrase « « Oui, je veux bien, un peu de café, je veux bien. » ». L’imitation est ironique et à pour but de réactiver la rivalité fraternelle.
- La femme d’Antoine intervient alors pour qu’Antoine n’aille pas plus loin : elle l’interpelle.
- Antoine fait cependant mine de ne pas comprendre pourquoi sa femme le reprend.
- C’est Louis qui répondra, montrant qu’il n’est pas si absent que cela « Tu te payais ma tête, tu essayais. « Il a donc bien conscience du fait qu’Antoine se moque de lui et pourtant, il ne cherche pas à envenimer la situation, il fait un simple constat de la situation.
- Antoine est excédé. Il s’exclame dans une phrase accusatrice pour l’ensemble de la famille, qui frappe par la répétition du groupe nominal « tous les mêmes » ( « Tous les mêmes, vous êtes tous les mêmes ! »), sans que l’accusation ne soit explicite. Que reproche-t-il à sa famille ? De se ressembler ? Suzanne et Louis sont pourtant bien différents dans leur attitude. « Tous les mêmes » pourrait aussi avoir un autre sens : tous (au sein de la famille) unis par le même sang, tous tellement similaires et pourtant tellement incapables de se parler. Antoine part ensuite à la recherche de Suzanne, qu’il a contrariée plus tôt.
- Antoine parti, sa femme s’inquiète, mais la mère la rassure : « Ils reviendront. Ils reviennent toujours. » Ces deux phrases courtes sont au futur, comme précédemment. La mère ne s’inquiète pas de la situation car celle-ci semble habituelle. Elle peut en prédire la suite. Les coups de tension se soldent toujours par un retour au statu quo. La mère prend par ailleurs le rôle de Pythie (qui connaît l’avenir).
- La mère change brusquement de sujet, une fois restée seule avec Catherine et Louis. La situation se prête bien, selon elle, à ce moment-là , à l’expression de son ressenti « Je suis contente, je ne l’ai pas dit, je suis contente que nous soyons tous là, tous réunis. » La dispute de Suzanne et Antoine ne l’a pas inquiétée outre mesure, elle est « contente » (émotion exprimée deux fois puisqu’elle fait l’objet d’une répétition). Ce qu’elle retient de la journée, c’est que la famille soit réunie. « Tous » fait ici écho au « tous les mêmes » accusateur prononcé plus tôt par Antoine. « Tous » est ici le symbole de l’union, de la famille. La situation est d’une ironie tragique car quand la mère évoque l’unité familiale, tout le monde à déjà quitté la pièce.
- Personne ne répond à cela. Le dernier à quitter les lieux est Louis. On le remarque au moment où sa mère interrompt son propos pour le faire remarquer et pour l’appeler « Où est-ce que tu vas ? Louis !« . Ils sont donc tous partis, sauf Catherine.
Le second mouvement est donc marqué par la non-résolution de la dispute qui a inauguré l’extrait et par l’intervention des autres personnages témoins de la dispute : la mère, Louis et Catherine. Il s’agit d’une suite de répliques très courtes, voire qui se résument à un prénom crié, et dont la logique apparaît décousue. Louis va souligner sans le faire exprès les ratés de la communication familiale avec sa demande de café tombant comme un cheveu sur la soupe au milieu d’une ambiance survoltée. Finalement, les personnages quittent tous la scène un par un, sauf Catherine.
Conclusion
Cette scène, qui démarre par une dispute entre le grand frère et la petit soeur, monte vite dans les tours devant une assistance dont on ne sait pas ce qu’elle pense de l’échange houleux. Antoine et Suzanne ne se comprennent pas, ils se parlent sans se comprendre. Antoine tente de prendre à partie Louis sans y arriver, la dispute s’achève par un bras d’honneur de Suzanne et son départ. La dispute semble habituelle, ce dont il est question représente le fond du problème dans cette famille : la crise familiale trouve ancrage dans l’impossibilité de communiquer. Les personnages semble se poursuivre les uns les autres sans réussir à se trouver (cela se voit parfaitement dans l’intermède « LOUIS. – C’est comme la nuit en pleine journée‚ on ne voit rien‚ j’entends juste les bruits‚ j’écoute‚ je suis perdu et je ne retrouve personne.
LA MÈRE. – Qu’est-ce que tu as dit ?Je n’ai pas entendu‚ répète‚où est-ce que tu es ?Louis ! »
La communication impossible est fatale. Elle fera que l’annonce, motif du retour de Louis, ne se fera jamais.
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