«Ce sont tous des complotistes!»


Injures sur Facebook à l’égard de Déi Jonk Gréng, démission du CSV et ralliement à l’ADR, Josy Hames revient sur cette «affaire nationale». D’ordinaire discret, le conseiller communal se lâche. Encore une fois. Attention, ça part dans tous les sens.

Les choix de son ralliement à l’ADR

Charles MICHEL

Injures sur Facebook à l’égard de Déi Jonk Gréng, démission du CSV et ralliement à l’ADR, Josy Hames revient sur cette «affaire nationale». D’ordinaire discret, le conseiller communal se lâche. Encore une fois. Attention, ça part dans tous les sens.

Josy Hames se retrouve au cœur d’une tempête médiatique. Le 19, tandis qu’à Käerjeng l’opposition s’indigne des propos tenus, le conseiller communal CSV laisse entendre son prochain ralliement à l’ADR.

La section locale du parti chrétien-social s’est séparée de son conseiller communal qui, de toute manière, avait décidé de quitter le parti. Son ralliement à l’ADR, annoncé lundi, est-il toujours d’actualité? Mystère.

Deux jours plus tard, lors du conseil communal, le bourgmestre Michel Wolter (CSV) lui propose,  à trois reprises,  de présenter  ses excuses. L’intéressé refuse. Le lendemain, la section locale du parti chrétien-social annonce son exclusion. Vendredi, sur les ondes de 100.7, Fernand Kartheiser, président du groupe parlementaire de l’ADR, confirme l’arrivée de Josy Hames dans les rangs du parti et déclare : «Je crois qu’il est plus proche de nous.» Virgule.lu a décidé de s’en assurer. Attention, âmes sensibles s’abstenir. L’interview peut paraître surréaliste.

?

Josy Hames: «Cette décision, ça fait plus d’un an que je l’ai prise. Je voulais démissionner à la mi-octobre, mais bon, avec cette histoire, tout s’est un peu précipité (rires). 

Si l’on vous suit bien, ce départ était prévu de longue date. Pour quelles raisons?

«Lors de la campagne des dernières élections législatives, le CSV avait promis aux électeurs un référendum pour la révision de la Constitution. Il ne l’a pas fait. C’est la raison principale de mon départ. 

Est-ce l’élément déclencheur?

«Oui, le plus important. Le deuxième élément, c’est la politique du CSV face au Covid-19 qui n’avait pas pour intérêt de servir le peuple mais les industries pharmaceutiques. La vaccination obligatoire, j’y étais opposé. Chacun doit pouvoir faire ce qu’il veut. Et maintenant, que voit-on? De plus en plus de gens deviennent malades et meurent des suites de la vaccination. Le troisième argument, c’est la guerre en Ukraine. Et le quatrième argument, c’est mon 70e anniversaire.

Je sais ce que l’on dit, mais si c’était des «nazis», je n’en serais pas membre

Commençons par le covid-19. Avez-vous des informations ou des rapports faisant état d’une corrélation entre la vaccination et le développement de certaines maladies?

«Non, mais il faut aller lire sur internet. On voit les chiffres qui augmentent. 

Quels chiffres?

«Mais ceux que l’on voit sur internet. On peut s’informer sur internet. Et puis, même chez mes proches, il y a des gens qui tombent malades. Ils ont mal au cœur, aux intestins.

Ils ont quel âge?

«Ça va de 30 ans jusqu’à 80 et plus. 

Vous êtes vacciné?

«Non. De toute manière, tout ça c’est. Comment on dit déjà? Ah oui, un fake. Mais un jour, toute la vérité va sortir.

N’avez-vous pas l’impression de tenir des propos complotistes?

«Mais non ! Il y a un complot derrière ce covid ! C’est comme cette histoire de crise énergétique, c’est un complot ! Ce sont les Américains qui sont derrière tout ça. Les gens ne se réveillent pas, mais ils doivent aller dans la rue, comme en France, en Allemagne ou en Autriche. ils dorment tous ! Mais quand ils vont nous retirer l’argent, ce sera trop tard.

J’avais plus d’amis dans les autres partis qu’au CSV. J’en avais même plus au LSAP. Bon, ils sont tous morts.

Comment ça?

(Ursula) von der Leyen (Ndlr : présidente de la Commission européenne), ce sont des criminels ! Criminels ! Et le CSV, ce n’est pas mieux. Ce sont tous des complotistes. Je ne veux plus rien à voir avec eux. Vous pouvez l’écrire !  L’année prochaine, la Commission européenne va tous nous mettre en prison. 

Comment ça, «en prison»?

qui est pour la liberté du peuple. 

Ça fait longtemps que vous vous sentez proche de l’ADR?

«Avant, pas trop, mais depuis la crise Covid, oui. 

Y a-t-il des choses qui vous dérangent dans ce parti?

«Non. Je sais ce que l’on dit, mais si c’était des «nazis», je n’en serais pas membre. Parce que lors de la Seconde Guerre mondiale, mon grand-père avait caché une famille juive dans sa cave. Alors, je ne peux pas laisser dire que l’ADR est un parti «nazi». Moi, je suis pour la liberté. La liberté du pays, c’est le plus important pour moi. 

Quel fonction allez-vous occuper au sein de l’ADR?

«Il est prévu que je me présente lors des prochaines élections communales. J’ai déjà signé le papier. Bon, pas en tant que bourgmestre, hein.

Par qui sera conduite cette liste?

«(Rires) Ah ça, je ne peux pas le dire. C’est encore trop tôt pour en parler.

Quel rapport entretenez-vous avec la section locale de l’ADR?

«Ah, je connais très bien son président, Paul Kutzner. Au début des années 2000, l’ADR avait un représentant dans le conseil de l’ancienne commune de Bascharage. Et c’était lui. On était assis côte à côte. 

Que vous ont dit les membres du CSV après vos déclarations?

«Oh, je vais vous dire, au CSV, ce ne sont que des clans. J’avais plus d’amis dans les autres partis qu’au CSV. J’en avais même plus au LSAP. Bon, ils sont tous morts. 

Le NPD et le FPÖ ont raison de dire ce qu’ils disent

Lors du conseil communal du 17 septembre, Michel Wolter vous a proposé à trois reprises de vous excuser auprès des membres de Déi Gréng. Pourquoi ne pas l’avoir fait?

«Mais parce que je n’ai pas changé d’avis. Je ne peux pas m’excuser.

Mais qualifier des opposants politiques de «terroristes» ou de «racailles», ce n’est quand même pas très élégant, non?

«Oh, mais on en a fait toute une affaire nationale ! Regardez ce qu’ils disent en Allemagne ou en Autriche, c’est bien pire !  

«Mais écoutez ce que disent les partis de l’opposition allemande ou autrichienne, comme l’AFD (Alternative pour l’Allemagne) ou le FPÖ (Parti de la Liberté d’Autriche). 

Partagez-vous leurs avis?

«Ah oui ! L’AFD et le FPÖ ont raison de dire ce qu’ils disent.

Il m’offre une petite corbeille de charcuterie. J’ai vérifié, c’était la moins chère de la boucherie et il n’y avait même pas une petite carte dessus.

Vous évoquiez la guerre en Ukraine. Que fallait-il faire selon vous?

«Il fallait dire aux deux pays de se mettre autour de la table et de trouver un arrangement. Mais certainement pas de livrer des armes.

Il ne fallait donc pas aider militairement l’Ukraine?

«Bien sûr que non ! C’est une erreur. Les pays européens font ce que les Américains leur ordonnent et c’est catastrophique. Conséquence, toute l’économie de l’Europe s’effondre. 

Ce mercredi, le conseil communal de Bascharage se réunit au «Käerjenger Treff». Au menu notamment, les propos injurieux tenus sur Facebook à l’encontre de Déi Jonk Gréng par Josy Hames (CSV) auteur par le passé de saillies quelque peu lunaires.

Vous faisiez référence à votre 70e anniversaire. Que s’est-il passé ce jour-là?

«Le président de la section locale du CSV, Monsieur Pirotte, vient chez moi et il m’offre une petite corbeille de charcuterie. J’ai vérifié, c’était la moins chère de la boucherie et il n’y avait même pas une petite carte dessus. Bref, il me l’offre et me dit: «tu sais, tu as maintenant 70 ans, vote le budget en décembre et après fais place à un plus jeune sur la liste.» Alors là, j’étais choqué. Complètement choqué. Voilà, je vous ai donné les quatre arguments. 

«Nos membres sont libres d’avoir leurs opinions»

son nouveau membre Précision, le dirigeant ne souhaite pas s’expliquer sur les déclarations du nouvel adhérent, mais «rappeler la ligne du parti». 

Si Josy Hames estime que le Covid-19 relève d’un complot de l’industrie pharmaceutique, Fernand Kartheiser rappelle que l’ADR «a toujours reconnu le Covid comme une maladie et n’est pas contre la vaccination». «Nous sommes contre l’obligation vaccinale et l’utilisation du QR Code dont nous souhaitons l’abolition», précise l’ancien diplomate tout en précisant que l’ADR n’a «jamais prétendu qu’il s’agissait d’un complot». 

Face au terme «assassins» utilisé par Josy Hames pour qualifier le gouvernement luxembourgeois ou bien encore Ursula von der Leyen, Fernand Kartheiser prend ses distances: «Nous ne considérons pas que le gouvernement soit assassin ou que Madame von der Leyen soit assassin. Nos membres sont libres de leurs opinions, mais ce n’est pas la ligne du parti.»

Quand on l’interroge sur sa déclaration auprès de 100.7, estimant que Josy Hames est plus proche de l’ADR que du CSV, Fernand Kartheiser précise que cette déclaration se base sur la lecture du courrier de démission transmis par Josy Hames au bureau du CSV. «Il évoque deux points sur lesquels nous sommes en effet d’accord : 1. la non-promesse du CSV quant à la tenue d’un référendum sur la Constitution; 2. les sanctions économiques prises à l’égard de la Russie. Sur ces deux points, nous sommes entièrement d’accord.»

Concernant le conflit en Ukraine, Fernand Kartheiser partage en partie l’avis de Josy Hames: «Dès le début du conflit, nous avons toujours dit qu’il fallait privilégier la voix diplomatique entre les deux pays. Les sanctions n’ont servi à rien et c’est l’Ukraine qui en fait les frais. Tant en perte de vies humaines que de territoires. Il faut chercher une paix négociée et ne pas continuer dans l’escalade militaire et de propagande, ce qui pourrait conduire, même à court terme, à une catastrophe que personne ne veut. Autrement dit, une guerre généralisée.»

Quant à l’influence des Etats-Unis sur l’Union européenne dans le conflit en Ukraine, Fernand Kartheiser en appelle à la célèbre formule du général de Gaulle quant à la relation de la France et des Etats-Unis («Nous sommes amis, alliés, mais pas alignés.») et estime que «les intérêts stratégiques des Américains ne correspondent pas tout à fait aux nôtres.»

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Enfin, Fernand Kartheiser assure que l’ADR s’est posé la question de l’intégration de Josy Hames au sein du parti suite aux termes de «terroristes» et de «racailles» adressés à l’égard des membres de Déi Jong Gréng. «Oui, on en a parlé. Mais je ne sais pas s’il vous l’a dit, mais à nous, il nous a assuré que ces mots étaient malencontreux.» 

Sera-t-il alors sur la prochaine liste de l’ADR aux élections communales à Käerjeng? «Si l’ADR inscrit une liste, ce que j’espère, alors oui je le souhaite.» 

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Membre du conseil communal de Bascharage, Josy Hames (CSV) a enflammé la sphère politique en qualifiant samedi Déi Jonk Gréng (les jeunes verts) de «terroristes» qui vont «provoquer la fin de l’Europe et de sa culture». Rien que ça.

Bilan parlementaire de l’ADR

L’ADR compte attaquer les prochaines élections législatives de manière offensive et s’est présenté comme une «alternative politique».