Référent d’Olivier Faure en Côte-d’Or, Victor Le Monier appelle à «une gauche rassemblée» pour «faire des propositions aux Français». Les soutiens de la motion «Pour gagner» tenteront également de remporter la fédération de Côte-d’Or.Le 80ème congrès du Parti socialiste se tiendra à Marseille les 27, 28 et 29 janvier prochains. Trois textes d’orientation politique, les «motions», se confronteront pour décider du nouveau cap du PS.«Refonder, rassembler, gouverner» est portée par Hélène Geoffroy, maire de Vaulx-en-Velin. «Pour gagner» est portée par le premier secrétaire sortant Olivier Faure. «Refondations» est portée par Nicolas Mayer-Rossignol, maire de Rouen.Un mandataire très entouré
À noter que Sladana Zivkovic est suspendue de ses droits au sein du Parti socialiste pour s’être lancée aux législatives face à un candidat de la NUPES soutenu par le PS au niveau national. La militante ne pourra donc pas voter lors du congrès. La situation devrait être réglée par les instances du parti après le congrès.«Une gauche rassemblée» pour «faire des propositions aux Français»
Comment s’est organisée votre propre implication dans le congrès du PS ?Victor Le Monier : «Depuis les présidentielles, on travaille en Côte-d’Or et au national autour d’Olivier Faure qui avait soutenu, notamment aux législatives, ce rassemblement, cette union de la gauche et des écologistes. On savait que ce congrès arrivait suite à la présidentielle donc il était assez naturel de continuer avec lui.»«Localement, très vite on s’est réuni avec ceux que l’on voyait soutenir ce courant-là. On a été contacter les militants dans toutes les sections pour essayer de les convaincre de nous rejoindre. Aujourd’hui, ça a fonctionné puisqu’on est nombreux sur cette ligne-là.»Colette Popard : «C’est tout à fait une campagne. Téléphone, préréunion, réunion. Je pense que l’on a réussi à convaincre.»Sladana Zivkovic : «Campagne auprès des militants, convaincre sur le texte. Pourquoi ce texte-là et pas les autres. Cela reste bien sûr une campagne amicale, on est au sein du Parti socialiste et on est, avant tout, camarades. Mais c’est important à un moment donné pour ce congrès qui est stratégique, qu’il y ait une clarté. Je pense que c’est un texte très clair.»«Je ne suis candidate à rien. Je suis surtout là pour défendre la place du Parti socialiste, à gauche, sans aucune ambiguïté. (…) J’ai toujours dit que j’étais pour le rassemblement de la gauche.»Rémy Détang : «La grande famille des socialistes doit choisir un texte d’orientation. (…) Mon implication, c’est dire pourquoi le texte d’Olivier Faure est le plus rassembleur, celui qui définit une ligne claire et celui qui permettra de travailler avec l’ensemble de la gauche. On sait bien que pour les prochaines échéances politiques, même si elles paraissent lointaines, il faudra une gauche rassemblée si on veut de nouveau pouvoir faire des propositions aux Français.»«Deux tiers des premiers fédéraux ont signé le texte d’Olivier Faure»
À Dijon, en Côte-d’Or, en Bourgogne-Franche-Comté, quelles autres personnalités par exemple soutiennent ce même texte ?Victor Le Monier : «On ne va pas faire toute la liste parce qu’on serait trop nombreux. En Côte-d’Or, on peut évoquer Thierry Falconnet qui nous soutient avec le secrétaire de section de Chenôve, avec un certain nombre d’adjoints.»«À Dijon, de nombreux camarades. En Côte-d’Or, on est les seuls à avoir une représentation complète du département avec des secrétaires de section de la ruralité – Didier Defert par exemple –, avec des militants du sud dijonnais.»«En Bourgogne-Franche-Comté, je pourrais parler du président du conseil départemental de la Nièvre Fabien Bazin, de Jérôme Durain en Saône-et-Loire, Franck Charlier, premier fédéral de Saône-et-Loire, Willy Bourgeois, premier fédéral du Jura, Mani Cambefort, premier fédéral de l’Yonne, Sylvain Mathieu, premier fédéral dans la Nièvre.»«C’est cinq premiers fédéraux sur huit départements dans la Bourgogne-Franche-Comté, ce qui est assez représentatif du rapport de forces, même au niveau national puisque deux tiers des premiers fédéraux ont signé le texte d’Olivier Faure.»«Cela me permet de faire remarquer que, quand on entend systématiquement de la part des adversaires d’Olivier Faure dire que les militants ne sont pas satisfaits du travail réalisé dans les fédérations, c’est faux. On voit bien qu’il y a une majorité qui soutient aujourd’hui la continuité dans son action.»«On porte une volonté européenne de traiter la question migratoire»
»«On porte une volonté européenne de traiter la question migratoire avec une logique qui doit se faire au niveau européen donc qui doit remettre en question un certain nombre de décisions qui ont été prises aujourd’hui pour arriver à trouver une solution où on est en capacité d’accueillir ces migrants qui vont être de plus en plus nombreux parce qu’on voit les conflits, la crise climatique qui crée des situations de migrations. Il faut être en capacité de répondre à ces gens-là et dignement et pas sur des positions populistes de facilité comme le fait l’extrême-droite.»Rémy Détang : «L’immigration, c’est aussi l’Europe. C’est un sujet qu’Olivier Faure n’exclut pas. C’est aussi la réaffirmation de l’Europe. On se rappelle la déclaration que Mitterrand a fait à l’Europe. Les socialistes ont toujours été européens.»«Le problème de l’immigration – on le voit bien avec l’Ocean Viking dernièrement –, c’est une question européenne plus qu’italienne.»«Dans les communes gérés par les socialistes, il n’y a plus de tabou. Les caméras – ça a fait débat aussi chez les socialistes – sont installées. Pas pour fliquer, surtout pour faire du préventif. Les caméras ne règlent pas le problème mais elles amènent de la sérénité dans le quartier.»«Sur ce volet-là, les socialistes ont prouvé leur capacité de prendre en compte ces phénomènes qui fluctuent. La prévention d’aujourd’hui n’est plus celle d’il y a dix ans. Il faut effectivement s’adapter au contexte. On voit que la délinquance est de plus en plus jeune et mettre un gamin de 14 ans, 15 ans en prison n’est sans doute pas la solution. C’est pour ça que le volet prévention est efficace.»Vous évoquez des moyens allant de la prévention jusqu’à la sanction. Parmi l’orientation que vous portez, envisagez-vous aussi une augmentation des places de prison ?Victor Le Monier : «On souhaite d’abord réfléchir à des solutions de prévention pour éviter d’arriver à des situations où on est obligé d’avoir un certain nombre d’emprisonnements qui, par ailleurs, pourrait très certainement être évités avec une politique de prévention plus appuyée.»Rémy Détang : «On sait que la surpopulation carcérale n’arrange surtout pas les problèmes. Peut-être faut-il augmenter le nombre de prisons mais il faut surtout aussi que le jugement vienne rapidement après le fait. On sait que les sanctions qui tombent deux ans après n’ont plus ce pouvoir éducatif.»«Je suis pour une économie de marché, pas pour une société de marché»
»«Évidemment que les réponses d’aujourd’hui ne sont pas les mêmes que celles qui pouvaient être apportées dans les années 80. Il y a des défis nouveaux. On peut parler du défi climatique qui est bien plus important aujourd’hui qu’il ne l’a été il y a 40 ans ou plus.»«Sur ce sujet-là, le texte d’orientation d’Olivier Faure est très clair et apporte une réponse très concrète : la bifurcation par le socialisme écologique avec la nécessité de changer les modes de production, les modes de consommation pour être en capacité de répondre à ce défi-là et s’adapter pour les générations futures.»«Cela ne doit jamais se faire au détriment des droits et de la question sociale. Le crise climatique sanctionne d’abord les plus précaires.»«Sur ces aspects-là, le Parti socialiste est ancré dans cette époque post-moderne et en capacité de répondre à ces nouveaux défis.»«Une présomption de travail sur les questions d’uberisation»
Les précaires d’aujourd’hui ne sont plus les mêmes qu’il y a 50 ans. On parle d’uberisation du marché du travail.Victor Le Monier : «Sur la question de l’uberisation du marché du travail, c’est une problématique réelle. Sur ces sujets-là, le Parti socialiste fait des propositions au niveau du pays et au niveau européen.»«Olivier Faure a fait des propositions pour qu’il y ait une présomption de travail sur les questions d’uberisation. Ça nous distingue complètement d’Emmanuel Macron qui fait tout pour bloquer cette réforme au niveau européen.»Rémy Détang : «Un public de plus en plus en difficulté, c’est les personnes âgées et les retraités. La crise de l’énergie ne va surtout pas arranger cette situation. C’est aussi cette adaptation-là qu’il faut effectivement imaginer.»«Cela nous amène aussi sur le champ des retraites et c’est bien pour cela que la retraite à 65 ans ou 64 ans n’est pas quelque chose que le Parti socialiste valide. On sait qu’en termes d’emploi, les personnes de 60 à 65 ans seront plutôt au chômage qu’à l’emploi donc on ne va pas les aider à améliorer leur niveau de vie, on va leur dégrader. S’opposer à la retraite à 65 ans est aussi une réponse à cette problématiques des personnes âgées.»«Les nouvelles conquêtes doivent conjuguer les conquêtes individuelles et universalistes»
en Côte-d’Or, parce que c’est une déclinaison de la proposition qui avait été faite par Laurent Grandguillaume, Territoire zéro chômeur longue durée. C’est effectivement une conquête que l’on pourrait qualifier d’universaliste.»«Il y a un autre grand chantier qui doit être mené rapidement et avec force, c’est la question des conquêtes féministes si l’on peut dire avec la nécessité de tendre à une égalité salariale réelle entre les femmes et les hommes. C’est déjà des combats qui ont été remportés par le Parti socialiste avec la du droit à l’interruption volontaire de grossesse qui va arriver et qui va être une conquête sociale nouvelle.»«Limiter l’écart des salaires»
En pensant notamment aux travailleurs en «première ligne» pendant la crise sanitaire, Hélène Goeffroy notamment considère que «le travail n’est pas valorisé comme il se doit». Quelles sont les principales mesures que vous portez pour contribuer à résoudre la problématique de la répartition de la richesse produite tout au long de la chaîne de valeur ?Victor Le Monier : «On se retrouve sur beaucoup de points avec les représentants des autres textes d’orientation. Sur cette question de la valeur du travail, Olivier Faure a une proposition très concrète de réunir, dès après le congrès, une grande conférence sociale pour travailler en lien avec les syndicats, avec la mobilisation sociale pour traiter de tous les sujets avec un axe important : un travail décent, c’est à dire qu’il paye correctement, qu’il fasse sens pour les gens.»Sladana Zivkovic : «Ça, c’est la vraie social-démocratie ! »Victor Le Monier : «Une des propositions est de limiter l’écart des salaires entre le salaire le plus bas et le salaire le plus élevé. On est sur la ligne de la conférence européenne des syndicats qui propose que soient taxés de manière plus importante les salaires qui passeraient les écarts de douze fois et d’interdire purement et simplement les écarts supérieurs à vingt fois.»«Une autre proposition qui est faite, c’est de faire intégrer à parité les salariés dans les conseils d’administration. Il n’y a aucune raison pour laquelle ceux qui produisent cette richesse ne soient pas décisionnaires au même titre que ceux qui sont actionnaires dans les sociétés.»Le principe est que les salariés ne sont généralement pas propriétaires de l’entreprise.Victor Le Monier : «C’est leur force de travail qui apporte une valeur à cette entreprise.»Rémy Détang : «Ce qui est très clair dans le texte d’orientation, c’est de reconnaître la valeur travail plus que la valeur capital. (…) Il est important que les travailleurs retrouvent une partie de cette richesse. La répartition se fera de manière beaucoup plus égale si, effectivement, les travailleurs sont présents dans les conseils d’administration.»Sladana Zivkovic : «Il faut se coordonner au niveau européen.»«Il faut conserver le nucléaire comme une énergie de transition»
En pleine crise de l’énergie, les trois textes ne différent que par des nuances en ce qui concerne le recours à la production électro-nucléaire. Est-ce compatible avec la demande des alliés Verts de «sortir du nucléaire» ?Victor Le Monier : «Il y a un accord au sein du Parti socialiste sur la volonté de sortir du nucléaire à terme.»«Le texte d’orientation est clair sur trois objectifs : la meilleure énergie est celle qu’on ne consomme pas, donc d’abord baisser la consommation d’énergie dans le pays. Deuxièmement, ce qui n’a pas été fait par Emmanuel Macron depuis plus de cinq ans maintenant, investir massivement et dès aujourd’hui, dans les énergies renouvelables. C’est un état de fait, la France ne serait pas capable aujourd’hui de se priver de son parc nucléaire pour produire toute son énergie. Troisième point : il faut conserver le nucléaire comme une énergie de transition. Les centrales sont là, il y a un grand plan de carénage qui a été lancé. Il faut reconnaître qu’on ne va pas démanteler des centrales nucléaires qui fonctionnent. Donc, on utilise ces centrales comme énergie de transition pour arriver à terme à une énergie 100% renouvelable.»«On fait confiance à l’autorité de sûreté du nucléaire qui peut dire ce qui peut ou pas être conservé dans les centrales aujourd’hui.»«On se fixe comme objectif de mettre en place un référendum dans cinq ans sur la place du nucléaire en France.»Colette Popard : «La volonté, c’est de sortir du nucléaire. Quand est-ce qu’on pourra ? Quand est-ce qu’on aura une autre production nécessaire pour la vie en France.»Sladana Zivkovic : «Il faut en parallèle une expertise pour que le débat soit crédible et transparent. On sait que l’énergie nucléaire est la plus décarbonée mais, à long terme, on ne peut pas partir bille en tête comme le fait le président de la République en construisant de nouveaux EPR sans faire un état des lieux.»«Ce sont des réformes qui vont sanctionner les plus précaires»
Victor Le Monier : «Oui on a vu des personnalités de La France insoumise mais pas d’élus socialistes.Colette Popard : «Vous en verrez la prochaine fois ! »«Il va y avoir un appauvrissement de la société de façon terrible. C’est aussi les femmes qui, en premier lieu, vont morfler.»«La gauche à vocation à passer au gouvernement pour passer des réformes de fond. La prochaine fois que l’on sera au gouvernement, on reviendra sur toutes ces voies-là.»Victor Le Monier : «Nous serons dans la rue et nos députés et sénateurs travaillent déjà à faire des contre-propositions parce que, contrairement à l’étiquette que certains veulent nous coller parfois, on n’est pas qu’une force de contestation mais bien de propositions.»«S’il n’avait pas fait l’union de la gauche, il n’y aurait plus de Parti socialiste à l’Assemblée»
avec les Verts, avec la société civile, avec toutes les gauches.» «La NUPES ne remplace en aucun cas les partis politiques»
Rémy Détang : «C’est ce que l’on fait déjà depuis longtemps»Victor Le Monier : «Si rassemblement il se fera comme il s’est toujours fait à Quetigny, à Chenôve mais aussi aux législatives, aux régionales, aux départementales : autour d’un programme.»«Il y aura un ou une candidate»
Serez-vous candidat ou candidate au poste de premier secrétaire de la fédération de Côte-d’Or ?Victor Le Monier : «Il y aura un ou une candidate qui sera quelqu’un qui portera le texte d’Olivier Faure.»Rémy Détang : «C’est l’affirmation du texte que l’on défend.»Le calendrier du congrès du PS
Concrètement, le 12 janvier prochain, dans chaque section, les adhérents pleinement en possession de leurs droits statutaires procéderont à un vote physique dans chaque section portant sur les textes d’orientation.Au niveau national, le congrès fédéral se déroulera du 13 au 15 janvier. Le premier secrétaire sera élu le 19 janvier. Le congrès à Marseille se déroulera du 27 au 29 janvier.Puis, localement, du 2 au 23 février, les militants éliront les premiers secrétaires dans les fédérations départementales ainsi que les secrétaires de sections.
Propos recueillis par Jean-Christophe Tardivon
«Il y a un vrai désir de socialisme aujourd’hui», relève Océane Charret-Godard, référente en Côte-d’Or de Nicolas Mayer-Rossignol
Victor Le Monier, militant de la section PS de Dijon, mandataire d’Olivier Faure en Côte-d’Or
Sladana Zivkovic, adjointe au maire de Dijon et vice-présidente de Dijon Métropole
Rémy Détang, maire de Quetigny
Colette Popard, militante de la section PS de Dijon