D’où viendra l’électricité que les Belges consommeront de plus en plus d’ici à l’horizon 2050 ?
La production renouvelable domestique est insuffisante à terme, fait remarquer Elia. Toutefois, la Belgique a tout intérêt à développer au maximum son potentiel photovoltaïque et éolien (onshore et offshore). En effet, explique Elia, différents scénarios d’avenir montrent que la production renouvelable domestique a un effet favorable sur le coût du système électrique.
Il faudra donc néanmoins combler le déficit de production renouvelable domestique. Plusieurs options existent. Elia a ainsi balisé les différents scénarios.
On l’a déjà dit, le scénario le plus coûteux, c’est de ne rien faire et d’importer l’électricité manquante.
Dans le scénario que le gestionnaire de réseau qualifie de « central », dans le choix d’une source d’électricité à grande échelle, l’éolien offshore non domestique serait plus efficace en termes de coûts que de nouvelles centrales nucléaires. Quand on parle d’éolien offshore non domestique, on parle de connexion à des parcs éoliens situés hors du territoire belge, par exemple du côté du Royaume-Uni ou du Danemark.
Elia fait cependant remarquer que pour combler l’écart en électricité de 70 à 90 TWh qui s’annonce à l’horizon 2050, il faudra « une combinaison stratégique de diverses sources » d’électricité.
Pour chaque type d’énergie disponible en Belgique, des quantités additionnelles d’électricité pourraient être produites à partir de 2036, à condition d’utiliser la capacité supplémentaire au maximum et à condition de fournir, dans les temps, des efforts significatifs.
Par exemple, le taux d’installation de l’éolien onshore pourrait doubler et celui du photovoltaïque pourrait quadrupler. Pour ces deux sources d’électricité, ce sont plusieurs dizaines de GW qui pourraient être disponibles en 2050. Du côté de l’éolien offshore non domestique, on pourrait ajouter 4GW tous les cinq ans pour arriver à 16 GW en 2050. Prolonger encore un peu plus les centrales nucléaires vouées à l’arrêt en 2035 pourrait apporter jusqu’à 4 GW supplémentaires. Construire de nouvelles unités nucléaires pourrait permettre de produire jusqu’à 8 GW.
Bref, estime Elia, la production renouvelable de la Belgique (photovoltaïque, éolien onshore et éolien offshore) peut « grandement contribuer au futur mix électrique ». Mais cela ne suffira pas et il faudra envisager d’autres options, par exemple l’éolien offshore non domestique ou le nucléaire en fonction de ce que les autorités politiques souhaiteront. Ces dernières sont averties, il faudra du temps entre le moment où elles feront leurs choix et le moment où les nouveaux moyens de production seront disponibles. Qu’il s’agisse de nouvelles centrales nucléaires ou de l’éolien offshore non domestique, plus de 15 ans sont nécessaires pour développer ces sources d’énergie. Il y a aussi des incertitudes, puisqu’il faut négocier avec les pays voisins les projets d’implantations d’éoliennes offshore ou négocier avec les partenaires privés qui seraient amenés à construire des centrales nucléaires. Les décideurs politiques devront aussi tenir compte des risques liés à l’évolution des prix tels que les coûts des matériaux. Aussi, précise Elia, « des doutes subsistent encore aujourd’hui quant à la maturité technologique de la dernière génération de réacteurs (4e génération) ».
Enfin, chaque technologie, par exemple le nucléaire ou l’éolien offshore, a ses avantages ou inconvénients. Les coûts d' »infrastructure réseau » pour raccorder d’importants volumes éoliens offshore au réseau sont plus élevés. En ce qui concerne le nucléaire, c’est le coût des combustibles, l’uranium enrichi, qui est plus cher.
Dans tous les cas, Elia préconise de renforcer le réseau électrique belge tant en améliorant l’interconnexion électrique avec les pays voisins qu’en comblant les chaînons manquants du réseau belge, tels que la Boucle du Hainaut et le projet Ventilus de ligne à haute tension pour acheminer sur le continent l’électricité produite par les éoliennes de la mer du Nord.