Avez-vous eu des assurances d’ArianeGroup J’en suis bien conscienten attendant le Parlement EuropéenOui mais dès qu’on aura le feu vert du Parlement européen C’était voulu et on sait pourquoi nous l’avons fait : imaginez qu’aujourd’hui un pays non-européen ait la connaissance complète de nos architectures au moment où il est facile de hacker un système.
Nous avons des critères d’éligibilité qui ont été négociés, challengés et éprouvés. Ils montrent toute leur pertinence pour le Fonds européen de défense où il peut y avoir un certain nombre de cas particuliers avec des garanties essentielles pour des entreprises non-européennes. Nous l’avons déjà fait mais cela nécessite des contrôles extrêmement stricts.
Il faut être très clair et très professionnel sur ces questions. C’est ma responsabilité et c’est mon rôle. Quelles sont les limites de la préférence européenne si on prend l’exemple du moteur de l’Eurodrone, qui sera fabriqué par Avio, une filiale de General Electric ?L’Eurodrone est d’abord un projet fait par quatre États membres, avec des modalités industrielles agréées entre eux.
Pour ce qui est de la contribution – faible au regard du budget du projet – du Fonds Européen de défense à celui-ci, c’est toujours en cours d’analyse. Les entreprises donnent une garantie mais après nous vérifions. Dans ce cas les entreprises ont indiqué qu’elles respectaient les critères et les garanties extrêmement strictes et encadrées du Fonds européen de défense.
Si on se rend compte qu’il y a un problème, le programme ne sera pas éligible au Fonds européen de défense. Le projet de taxonomie excluant la défense est-il mort et enterré ?La Commission a déjà pris dans une communication une position extrêmement claire sur la taxonomie. Et je n’ai pas vu de nouveaux risques sur cette question.
Mais si jamais je sentais un nouveau risque, je me permettrais – en tant que Commissaire en charge des industries de défense – d’intervenir. Je suis extrêmement strict et très attentif au moment où la Commission augmente très sensiblement ses investissements en matière de défense, où les États membres ont décidé qu’il fallait le faire, et, enfin, où nous mutualisons de plus en plus nos efforts à travers des coopérations pour le faire ensemble. Et il faut évidemment des moyens pour retrouver le niveau d’investissement de défense que nous avons perdu au niveau européen et qu’il faut maintenant regagner.
Il est évident que la taxonomie doit accompagner ces efforts. Quel est votre retour d’expérience sur les résultats des appels à projet dans le cadre du Fonds européen de défense ?Nous avons vraiment eu de très bons retours d’expérience. Cela nous encourage beaucoup sur la suite.
Nous sommes très satisfaits de la façon dont l’appel à projets s’est déroulé. Nos équipes ont bien respecté ce que je souhaitais vraiment. Nous avons investi pour cette première année 1,2 milliard d’euros d’argent européen dans 61 projets, avec en moyenne 18 entités de 8 pays différents par projet.
43% des entités sélectionnées sont des PME. Cela veut dire que les PME sont très associées et les grands groupes ont bien compris quelle était notre philosophie. C’était pour moi très important.
Pourquoi ?Nous recréons un écosystème industriel de défense dont l’Europe a besoin et qui est réparti sur l’ensemble du continent européen en fonction des compétences et pas uniquement dans la main de quelques États membres. Chaque pays apporte des compétences. Nous allons continuer et nous montons en puissance comme vous le voyez.
Ce qui est très important pour moi, c’est que nous ayons ce spectre complet et que nous créions un affectio societatis pour les industries de défense en Europe. Il y a une polémique sur le programme baptisé HYDEF (Hypersonique), qui a été confié au groupe espagnol Sener alors que les compétences étaient plutôt en Italie et en France. Y a-t-il une possibilité de revoir cela ?Je ne peux pas commenter.
Nous avons des principes de gouvernance extrêmement stricts et rigoureux et des barrières de gouvernance très strictes et très encadrées. Des propositions ont été faites et ont été analysées selon des critères connus parfaitement par l’ensemble des consortiums. C’est donc selon ces critères que tous ceux qui ont contribué à l’évaluation et à la notation finale ont choisi tel projet plutôt que tel autre.
C’est vrai dans tous les secteurs. Et je n’ai rien d’autre à dire. L’intercepteur hypersonique est devenu un sujet absolument majeur pour l’Europe.
Il a d’ailleurs été identifié tel quel. C’est pour cela que nous l’avons encouragé. Si vous me demandez, – et là je parle à titre personnel – si c’est un sujet stratégique, je répondrai oui.
Si vous me demandez s’il est tellement stratégique qu’il faut peut-être avoir deux sources, je ne suis pas loin de le penser. Encore une fois, c’est un sujet absolument stratégique pour l’Europe. Par conséquent, la question méritera sans doute d’être posée en temps utile.