COP27 : "L'engouement pour la mode éco-responsable est déjà retombé" (Thomas Ebélé : SloWeAre)


lancée à l’occasion de la COP 27.

La COP27 réunit les plus grandes nations pour accélérer la lutte contre le réchauffement climatique. L’agriculture, l’alimentation, l’énergie, ou encore la science, comptent parmi les thématiques abordées, mais la mode figure parmi les grands absents. Comment expliquer cela ?

COP27 :

Et tout ça que l’on va pouvoir mélanger avec des fibres déjà existantes, quand c’est possible, pour des vêtements techniques, par exemple. Il faut une période de transition où on va faire du mélange de fibres, pour limiter l’impact sur la nature des fibres polluantes qui existent déjà.En 2023, l’affichage environnemental sera obligatoire pour le secteur du textile. Est-ce que cela peut changer la donne ?Je ne pense pas, non. Cela va apporter une forme d’information aux consommateurs, mais il faut savoir que tous les acteurs ne seront pas obligés de le mettre en place. Seuls les gros émetteurs, les plus grosses marques, devront se prêter à cette exigence, dans un premier temps, mais les plus petits acteurs ne seront pas obligés, ce sera à leur bon vouloir. D’autant plus qu’à ce jour, les méthodologies ne sont pas arrêtées… Aujourd’hui, nous n’avons pas de bases de données publiques suffisamment alimentées avec des indicateurs fiables pour faire des vrais bilans carbone. Ce sont des cabinets qui les font, c’est à leur bon vouloir, et cela coûte très cher. Il n’y a pas grand-monde qui est aujourd’hui prêt à investir de l’argent pour avoir les données les plus fiables, donc on se repose sur les bases de données publiques qui elles sont plutôt obsolètes, et qui ne couvrent pas toutes les méthodologies. Par exemple, les mêmes fibres de coton qui arrivent chez un filateur n’auront pas le même bilan carbone, en fonction du retordage du fil et de la ligne de production utilisée. Il peut même passer du simple au double, c’est dire ! Cela dépend des machines, des solvants, de l’énergie… Il y a beaucoup d’éléments qui entrent en compte, et cela complique forcément les choses.Faut-il aller plus loin en matière de législation pour faire bouger les lignes ?Tant qu’on laissera rentrer des produits Shein envoyés sous blister plastique directement aux consommateurs, les lignes ne bougeront pas. On peut aujourd’hui commander ce type de vêtements très rapidement, sans parler des prix, et les recevoir chez soi, et puis si ça ne va pas, ou ne plaît pas, on les jette. C’est contre ça qu’il faut lutter.Vous avez fondé SloWeAre, puis publié un ouvrage pour permettre aux consommateurs de faire des choix plus éclairés. Quelle est la prochaine étape ?Nous sommes en train de travailler sur un référentiel pour les boutiques responsables, car il est important de mettre en avant les acteurs qui mettent les produits à disposition. Le confort d’acheter depuis son canapé, c’est bien, mais il y a une dimension qui est essentielle dans la vente, c’est l’essayage des vêtements. Cela permet d’éviter, ou tout du moins de réduire, les invendus, le gâchis, et les retours. Cela peut paraître dépassé aujourd’hui, ‘à l’ancienne’, mais c’est primordial. Et cela permet en plus d’avoir un temps d’échange avec les vendeurs en magasin qui vont pouvoir délivrer des informations sur le produit, parler de son histoire, et donner des conseils. Il y a des boutiques qui ont cette philosophie, et ça nous tient à coeur de pouvoir les mettre en avant à travers ce futur référentiel.Retrouver nos autres papiers de la série « Time for Change » : »Il faut investir massivement dans les alternatives à la voiture » (Valentin Desfontaines, Réseau Action Climat) »Nous avons besoin de joie et de culture pour relever le défi climatique » (David Irle, écoconseiller auprès du secteur culturel)Pourquoi accorder des droits à la nature nécessite de changer notre vision du monde »L’éco-anxiété, moteur du changement » (Alice Desbiolles, médecin) »La seule solution, c’est la sobriété : il faut consommer moins de vêtements » (Julia Faure – Loom) »Des politiques publiques sont nécessaires pour que des modes de voyage alternatifs prennent de l’ampleur » (Saskia Cousin, sociologue)