La Corée du Sud détient un record. Celui du pays qui se reproduit le moins sur cette planète. On décompte 0,78 enfant par femme en 2022, selon les données officielles.
Le chiffre est bien en deçà des 2,1 enfants par femme, la moyenne nécessaire pour que la population se stabilise sans immigration. Le sujet est source d’inquiétude pour les autorités. En 2015, le service de recherche de l’Assemblée nationale s’est penché sur la question, publiant un rapport cité dans le Korea Times.
Si la baisse de la natalité se poursuit, « les Coréens seront éteints d’ici à 2750 », s’alarment les auteurs.Peut-on réellement arriver à cette situation ? Pas si vite, répond Andrew Yeo, chercheur au Centre d’études politiques sur l’Asie de l’Est du Brookings Institute et professeur à l’Université Catholique d’Amérique. « D’un point de vue mathématique, cela pourrait être vrai, en calculant le nombre de mort par rapport au nombre de nouveau-né.
Mais cela occulte bien d’autres facteurs. L’immigration notamment, qui pourrait renouveler la population ».Une certitude demeure : ce faible taux de fécondité fait peser de nombreuses contraintes sur le pays.
« Avec cette population qui vieillit, le système de sécurité sociale, et notamment des retraites, est menacé. La sécurité nationale est une autre inquiétude pour la Corée du Sud. Le service militaire y est obligatoire.
Dans le passé, on comptait entre 600 000 et 800 000 potentiels combattants. Aujourd’hui, environ 500 000 personnes sont mobilisables en cas de conflit. D’ici dix ans, cela devrait encore baisser jusqu’à 400 000.
Pourtant, une réserve suffisante de force militaire est considérée comme nécessaire, vu la Corée du Nord voisine. Cela signifie que les autorités devront sans doute s’appuyer plus encore sur la technologie et l’intelligence artificielle », poursuit le chercheur.Face aux alarmes, le gouvernement sud-coréen prend le sujet très au sérieux.
Depuis 16 ans, les pouvoirs publics ont dépensé près de 200 milliards de dollars pour tenter de rehausser ce taux de fécondité. Dans le panel des aides : une allocation accordée aux parents d’un enfant de moins d’un an, qui passe de 230 dollars par mois à 540 dollars en 2023 et qui devrait atteindre 765 dollars en 2024. Le temps du congé parental aussi a été allongé.
Aujourd’hui d’une durée d’un an, les parents devraient bientôt pouvoir prendre en tout un an et demi.