Déplacements sur le terrain, communication à outrance.... Gabriel Attal en fait-il trop  ?


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Le Premier ministre est omniprésent depuis son installation à Matignon. Il s’exprime sur tous les sujets, quitte à démonétiser sa parole ?

Déplacements sur le terrain, communication à outrance.... Gabriel Attal en fait-il trop  ?

« Lorsqu’il est venu dans ma circonscription, des gens m’ont dit  : il est bien le petit jeune. Jean-Pierre Attal, c’est ça ? Les Français ne le connaissent pas encore très bien, mais ils le comprennent et donc ils l’apprécient… » Ces propos, d’un ministre de premier plan, datent de la fin de l’année dernière. Depuis Gabriel Attal, alias « Jean-Pierre », a pris quelques points de notoriété. Installé à Matignon depuis le 9 janvier, il a même provoqué une véritable attalmania au sein du gouvernement.

« J’ai fait un déplacement avec lui, il y a 10 jours. Il est bon sur le terrain. Quand il échange avec eux, les gens se sentent écoutés et l’écoutent », s’étonnait encore cette semaine un ministre.

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La majorité a son héraut

souvent accusé de penser et de parler complexe, est évidente. La majorité a donc enfin son héraut.

Et puisque les ressources humaines macronistes sont bien faibles en matière d’orateurs, le Premier ministre a naturellement repris le rôle qui était le sien entre 2020 et 2022  : il joue les porte-paroles de luxe et s’empare de tous les sujets qui viennent au devant de l’actualité. Jeudi, par exemple, il animait une réunion sur la sécurité des établissements scolaires  : un peu de Gérald Darmanin, un peu de Nicole Belloubet. Mais en coulisses, ses équipes de com’ veillent et planifient. Le Premier ministre ne doit pas devenir un homme-orchestre sans colonne vertébrale.

Gabriel Attal s’est donc arrogé trois priorités  : l’éducation comme il l’a clairement annoncé à son arrivée à Matignon, la santé et le travail. Les séquences organisées par ses équipes sur ces trois sujets sont clairement identifiées. Mais le locataire de Matignon a bien du mal à se cantonner à ces thématiques. Vendredi, il assistait, sans Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, ni Sébastien Lecornu, ministre des Armées, à un briefing sur le dispositif de sûreté aérienne pour les Jeux olympiques sur la base aérienne 942 de Lyon. Dans l’après-midi, il visitait la Foire aux fromages et aux vins de Coulommiers sans le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau qui était en Lozère. Bien loin du domaine réservé préalablement défini.

« On assume de faire de la com' »

De plus, Gabriel Attal a bondi sur la proposition faite par Yaël Braun-Pivet, la présidente de l’Assemblée, d’être le seul à répondre aux questions des députés le mercredi après-midi. Élisabeth Borne avait décliné l’offre, pas lui. L’occasion est trop belle. Certains l’accusent de faire de la com’ ? D’autres craignent que cela se retourne contre lui ? « On assume », répond son équipe à La Dépêche. Ses conseillers ont d’ailleurs d’autres projets dans leurs cartons.

Ils voudraient multiplier les débats avec les Français comme Gabriel Attal a pu en faire à Lyon ou en Charente où les gens lui ont parlé de leurs difficultés de recrutement, des questions de l’autonomie des aînés… Le Premier Ministre veut aussi changer sa façon de communiquer. L’un de ses proches nous confie  : « Les gens en ont ras-le-bol de l’Assemblée et des grands discours, ils veulent du concret  ! Il faut arrêter de survendre les annonces et médiatiser les résultats ». Ces leçons de politique, Gabriel Attal et ses équipes les tirent des nombreux déplacements effectués depuis 2017. C’est ainsi qu’ils prennent le pouls du pays. C’est aussi de cette manière qu’ils travaillent à étoffer son image.

L’Elysée guette l’épuisement

« Son lien avec les Français, c’est lors de ses déplacements qu’il l’a construit », raconte son entourage qui aime faire le récit de la soirée passée par le Premier ministre sur un barrage avec les agriculteurs d’Occitanie. Il aime ainsi se glisser là où on ne l’attend pas, comme lors de ce loto à Surgères en Charente-Maritime où il a créé la surprise.

De quoi agacer l’Élysée ? Leurs équipes respectives jurent qu’il n’y a aucune tension entre les deux têtes de l’exécutif. Du côté des cabinets c’est moins évident. L’Élysée aime, par exemple, sourire des cernes du Premier ministre. Façon de dire qu’il s’épuisera vite ?