José Luís Rodriguez Zapatero, ancien président du gouvernement espagnol. Crédit : LA RAZÓN
À la question de savoir si la crise avec Rabat a été bien gérée par Madrid, José Luís Rodriguez Zapatero, a déclaré, dans une interview accordée à La Razon, être « préoccupé par la situation car la relation avec le Maroc est un problème sérieux pour l’Espagne ». « Notre relation avec le Maroc est fondamentale et mon expérience est qu’une très bonne relation avec le Maroc est parfaitement possible car de mon temps j’ai toujours vu dans le gouvernement du Maroc et dans le Roi du Maroc une volonté de réelle compréhension. C’est une affaire d’Etat car cela touche à la sécurité et nous devons tout mettre en œuvre pour retrouver au plus vite une bonne relation », a développé l’ancien président de l’exécutif espagnol, qui depuis la résurgence des tensions maroco-espagnoles n’a eu de cesse d’appeler à la tempérance et à l’écoute des messages envoyés par le Maroc.
« Le gouvernement (de Madrid, ndlr) ne se trompera pas s’il promeut toutes les initiatives nécessaires pour rétablir le dialogue. L’évaluation des décisions prises doit être faite par le gouvernement en concertation avec le Maroc. J’insiste à souligner que la relation avec le Maroc doit reposer sur un principe de base, celui de la confiance du frère, comme le Roi du Maroc a toujours traité le Roi émérite », a déclaré Zapatero.
Il a en outre déclaré n’avoir aucune intention de changer de position sur la question du Sahara occidental qui envenime les relations entre les deux pays voisins. « Le projet d’autonomie du Sahara, présenté par le Royaume du Maroc en 2007, est un projet d’autonomie très puissante, de grande autonomie et de respect de l’identité du Sahara », a-t-il estimé, relevant toutefois « comme cela arrive tant de fois (…) ce projet n’a pas été lu par beaucoup de gens et que ceux qui doivent le relire ne le font pas non plus ». « J’espère que l’ONU, qui est celle qui doit le conduire, et qui a l’a déjà pris en compte (…) dans une résolution, ira dans ce sens », a ajouté l’ancien responsable.
Relancé sur le fait que Rabat « a utilisé sa population comme bouclier humanitaire » dans la crise de Ceuta (Sebta), Zapatero a dit que « le Maroc a pensé pendant des années qu’en Espagne nous ne valorisons pas l’effort qu’ils font pour contrôler l’immigration irrégulière comme il le mérite. J’ai été témoin qu’il est très difficile pour la Gendarmerie et pour les autorités marocaines de devoir arrêter et réprimer l’immigration sub-saharienne afin que nous n’ayons pas à voir les pateras ou les assauts sur les barrières de Ceuta et Melilla ».
Et sur « la confiance à avoir envers un pays qui ne fonctionne pas avec les mêmes règles démocratiques que l’Espagne », selon La Razon, l’ex-chef de l’exécutif espagnol a répondu : « S’il y a une sincérité absolue dans cette relation, cela peut fonctionner et les situations sont gérées correctement. Le Maroc veut avoir de bonnes relations avec l’Espagne, et l’Espagne doit avoir de bonnes relations avec le Maroc. Presque toujours, nous ne voyons pas grand-chose au-delà de ce que nous avons devant nous, mais à moyen terme, le problème le plus important pour l’UE et l’Espagne est l’Afrique. Une région vers laquelle il faut changer de regard. Promouvoir la coopération, dans les domaines de l’éducation, de l’économie et de la gouvernance, est un impératif incontournable ».
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