vite, rassurer les Français.
Il en est un qui, peut-être, avait pressenti les limites du dispositif. François Bayrou n’a jamais été emballé par les compositions des gouvernements de l’ère Macron : la place occupée par ses troupes lui semble toujours trop mince. Mais en mai dernier, ses inquiétudes étaient plus vastes, liées à la déconnexion des heureux élus. Devant ses troupes, il a épanché sa colère : « Le président dit qu’il veut changer de méthode et il nomme le gouvernement le plus techno et parisiano-centré de toute l’histoire de la Ve ! C’est une dinguerie ! »
En mai toujours, Emmanuel Macron sonde l’un de ses vieux compagnons de route au sujet de Pap Ndiaye, qu’il envisage sérieusement de nommer ministre de l’Education nationale. « C’est qui ? », lui demande son interlocuteur. « C’est un risque », répond le président. Le cas Ndiaye est révélateur de ce gouvernement. Ses débuts sont extraordinairement discrets, le flou autour des questions vestimentaires à l’école interpelle. « Ça ne commence pas », lâche un ministre de premier plan. Mais Elisabeth Borne réfute que son ministre de l’Education n’imprime pas. « Ma première attente vis-à-vis de lui, c’était de bien passer la rentrée, ce fut le cas, comme la première attente vis-à-vis du ministre de la Santé, François Braun, c’était que l’été soit correct dans les hôpitaux. » Un ministre néophyte décrypte la feuille de route : « Il y a eu des problèmes dans le premier quinquennat. Ce qui est d’abord demandé aux ministres, c’est d’être le patron de son administration et d’embarquer son écosystème. Pap Ndiaye, Sylvie Retailleau, François Braun, arrivent à embarquer leur écosystème, ça a de la valeur. »
Offre limitée. 2 mois pour 1€ sans engagement
« Se planter à ce point, c’est sensationnel »
Le cas le plus emblématique, si ce n’est problématique, reste celui du ministre de la Transition écologique : l’expérimenté Christophe Béchu, élu depuis plus de vingt ans, du Parlement européen au Sénat, en passant bien sûr par la mairie d’Angers. Sa discrétion, notamment lors des incendies qui ont ravagé la France cet été, en interpelle plus d’un au sein des troupes macronistes. « Se planter à ce point, c’est sensationnel, voire scandaleux, se lamente un député proche du chef de l’Etat. EELV est au fond du sac, l’écologie n’a jamais autant été la préoccupation des Français. et il n’incarne rien du tout. » Est-ce entièrement la faute du Secrétaire général du parti Horizons ? Il est permis d’en douter. L’écologie est tellement émiettée à la tête de l’Etat. « Il a un périmètre débile, je n’aurais jamais accepté à sa place, glisse l’un de ses collègues. L’Energie, c’est Pannier-Runacher, Beaune s’occupe des Transports et la question écologique, au gouvernement, c’est Borne et Antoine Peillon. Comment trouver sa place là-dedans ? »
Dans la majorité, on voit donc dans l’équipe Borne un retour à une architecture proche de celle de Philippe à ses débuts, avec des profils plus techniques mais moins capables d’aller batailler sur le front médiatique. Les Le Maire, Darmanin, Attal, Véran, sainte quaternité des ministres dit « politiques », ne suffisent pas. « Le gouvernement a carrément perdu en niveau politique, déplore un dirigeant du groupe Renaissance à l’Assemblée nationale. Je ne parle même pas du fait qu’ils soient 44, c’est n’importe quoi. On leur a fait passer le message : nous, on a élevé notre niveau de jeu. on s’attend à ce qu’une grosse partie du gouvernement fasse de même. »
Erwan Bruckert et Eric Mandonnet
Opinions
La chronique de Frédéric FillouxFrédéric FillouxLe livre éco à découvrirJean-Marc DanielLa chronique de Nicolas BouzouNicolas BouzouLa chronique de Christophe DonnerChristophe Donner