Voici pourquoi les cyclistes devraient répondre au Baromètre des villes marchables – L'interconnexion n'est plus ass...


Un trottoir, en plein centre-ville, à Auxerre. Non seulement les voitures garées empêchent le passage, mais un vélo a été accroché sur ce qui reste d’espace disponible.

les pavés sont disjoints, les trottoirs étroits, encombrés de poubelles, vélos, scooters, ou même voitures. Les passages piétons sont rares, et le monsieur n’ose pas les emprunter. D’autres, plus jeunes, traversent la rue en courant, pour ne surtout pas déranger les automobilistes qui vont vite, et certains passent même en arrêtant les voitures d’un signe de la main. Mais lui, il n’ose plus.

Voici pourquoi les cyclistes devraient répondre au Baromètre des villes marchables – L'interconnexion n'est plus ass...

Pour aider ce monsieur, qui vivait il y a quelques années dans le nord de la France, ou cette dame, qui vit dans une petite ville des Yvelines, et toutes les autres personnes qui « ne savent plus marcher » dans leur quartier urbain ou pavillonnaire, il faut répondre au Baromètre des villes marchables. Cette enquête nationale, lancée en novembre 2022 par la Fédération française de randonnée et des associations de marcheurs urbains, en ligne jusqu’au 1er mars, propose à chacun de noter sa commune, ou les communes pratiquées, en fonction de la mobilité à pied. Répondre au questionnaire prend dix minutes.

Ca monte, ça tourne, le piéton se serre à gauche, mais cela n’empêche pas le danger, comme le montrent ces plots malmenés par les pneus. Nice, février 23.

Ça piétine. Pour l’instant, malgré une prolongation d’un mois, le Baromètre fait du surplace. « Est-ce le froid, d’autres préoccupations, ou le caractère imprévisible du piéton ? Toujours est-il que cette enquête peine à trouver son rythme », avertissait l’association toulousaine Deux pieds, deux roues début février. Le Baromètre ne rassemblait « que 28000 répondants au 1er  février alors qu’ils étaient près de 32000 à la même époque, il y a deux ans, pour la première édition », précisait l’association.

Depuis, le niveau est légèrement remonté. La Fédération de randonnée a confié à une personne le soin de relancer les collectivités territoriales pour qu’elles mettent en avant le questionnaire et, le 13 février, le nombre de réponses avait précisément atteint le nombre de 34600. En 2021, 70000 réponses avaient été enregistrées, dont 43000 exploitables.

Décalque du Baromètre des villes cyclables. Le Baromètre des villes marchables est moins connu que son homologue, le Baromètre des villes cyclables, mais il lui ressemble beaucoup, sans doute un peu trop. En outre, les formulations ne sont pas toujours pertinentes, ni adaptées à toutes les situations, et on peut avoir l’impression de répondre plusieurs fois à la même question, notamment sur l’accès aux gares, l’encombrement des trottoirs ou la signalétique.

Un camion obstrue la piste cyclable, et la cycliste roule sur le trottoir. Paris, été 21.

Les conflits vélo/piéton. Ceux qui se déplacent principalement à vélo peuvent être rebutés par l’exercice. L’une des premières questions porte ainsi sur « les conflits entre piétons et vélos (classiques ou à assistance électrique…) », et elle est suivie d’une appréciation des « conflits avec les engins de déplacement personnel (trottinettes, etc.) ». C’est seulement ensuite que le répondant est invité à qualifier les conflits avec les véhicules motorisés, qui causent pourtant bien plus d’accidents graves et mortels.

Une comparaison sera possible avec le Baromètre de 2021.

Suite à la publication des résultats de la précédente enquête, en septembre 2021, « on a constaté un réveil, un frémissement », indique Anne Faure, président de l’association Rue de l’avenir, qui est à l’initiative de l’exercice. « Les rues aux enfants, que l’on voit de plus en plus, sont encouragées par le Baromètre », assure-t-elle.

La « coulée verte », dans les Hauts-de-Seine. Le partage de l’espace entre piétons et cyclistes est rarement une bonne idée. Mars 21.

Dans le sud des Hauts-de-Seine comme Boulogne-Billancourt, sont furieuses des résultats: tant mieux. Elles n’ont qu’à améliorer l’espace public et leurs résultats seront meilleurs.

Une « rue des enfants », à Lyon. Il y a quelques mois, cette portion de rue était encombrée par les voitures. Janvier 23

Debout dans la ville. Le Baromètre des villes marchables contribue ainsi à faire baisser la pression automobile. Il signe l’émergence d’un mouvement qui manque cruellement au débat public, national comme local. Le statut de piéton est encore méconnu. Comme le vieux monsieur qui croit qu’il ne sait plus marcher, nous intériorisons nos difficultés lorsque nous sommes debout dans la ville. « Ah, si j’étais dans ma voiture », « Ah, si j’avais mon vélo », « Ah, si j’avais pu prendre le bus ».

Les réponses au Baromètre des villes marchables permettent enfin de montrer que la demande d’espaces moins motorisés n’émane pas seulement des grandes villes, mais qu’il s’agit d’une préoccupation très partagée.

Le questionnaire est en ligne jusqu’au 1er mars.

Olivier Razemon (l’actu sur Twitter et sur Mastodon, des nouvelles du blog sur Facebook et de surprenants pictogrammes sur Instagram).