Les maires font de plus en plus face à des violences de la part des administrés. Mardi 22 février, des négociateurs régionaux formés par le GIGN se sont rendus à Entre-deux-Monts. Dans cette commune du Jura, ils viennent former les maires face à ces situations.
Les agressions de maires se multiplient en France et le département du Jura ne fait pas exception à ce constat. Mardi 22 février, des négociateurs régionaux de la gendarmerie formés par le GIGN se sont rendus à Entre-deux-Monts (Jura). Les militaires doivent former ces maires de ce département de Franche-Comté à la gestion de ces situations.
Â
Des personnes viennent au lac de Clairvaux avec des chiens ou des chiens d’attaque, allument des feux, alors que c’est interdit. Je suis allée seule à leur contact. Ca aurait pu mal se passer.
Ce que j’attends de cette formation, c’est d’être plus confiante et de pouvoir mieux gérer les conflits
Hélène Morel-Bailly
Maire de Clairvaux-les-Lacs (Jura)
le temps d’une après-midi.
se souvient-elle avec émotion.
Si elle est présente aujourd’hui, c’est parce qu’elle souhaite pouvoir avoir des connaissances face à ces réactions : « ce que j’attends c’est d’être plus confiante et de pouvoir mieux gérer les conflits ».
Des élus jouent les habitants d’un jour révoltés sur un marché.
Ils interpellent le maire de leur commune. L’élue et mère de famille est excédée par les aboiements des chiens de sa voisine. « Ces voisins ne tiennent plus compte des lettres.
Ce n’est plus tenable : je vais « péter un plomb », mon mari est chasseur et il a un fusil de chasse. Si ça continue, il va flinguer les deux chiens, parce que là on ne peut plus dormir », s’énerve-t-elle.
Le maire applique alors consciencieusement les conseils des militaires.
 « Je comprends totalement que vous soyez excédée. On ne va pas arriver aux extrêmes, vous êtes d’accord avez moi ? On peut trouver une solution. Je vais me déplacer chez elle, et je vous tiens au courant mais ce n’est pas en mon pouvoir non plus de dire aux chiens de ne pas aboyer », réplique-t-il d’une voix posée.
Le maire choisit donc d’isoler la personne en colère et de discuter tranquillement à l’abri dans la mairie
Pour ce maire du Jura, l’exercice est plutôt réussi. « Vous avez eu une très très bonne réaction par rapport aux téléphones. Vous avez accueilli la personne en colère dans la mairie et obstrué la vue sur l’extérieur, ce qui signifie que vous vous concentrez uniquement sur l’interlocuteur.
C’est exactement ce qu’il fallait faire », se réjouit le gendarme.
Il note en revanche un défaut sur sa gestion de la distance : « L’habitante était proche de vous. Je pense que si vous êtes face à quelqu’un de très agressif, vous pouvez prendre un coup de tête facilement sans le voir venir ».
Après, retour en salle. Les recrues passent ensuite quatre chapitres, parmi lesquels la technique de « désescalade ». Il s’agit de conseils pour faire en sorte que les altercations soient gérées rapidement et d’éviter qu’elles n’aillent plus loin, par exemple vers l’affrontement physique.
Â
Côté élus, ce stage a été apprécié. « Ce sont des scènes courantes auxquelles nous élus pouvons être confrontés. Or, après coup, ça marque généralement.
On se dit plus tard qu’on a pas eu la bonne réaction. Là , c’est l’occasion d’avoir des outils pour faire face à ces situations », estime Jacqueline Millet, maire de Saint-Maurice-Crillat (Jura).
Pour une autre de ses collègues, maire de Patornay (Jura), Catherine Devaux, c’est l’occasion de savoir « quels mots utiliser et quels gestes adopter ».
Jean-Marc Gresset, maire de Censeau (Jura) trouve quant à lui que cela permet de savoir « quelles sont les actions à faire et à ne pas faire et déterminer jusqu’à quelle limite les élus peuvent faire face tout seuls à des situations de tension ».
En France, près de 1.280 actes hostiles ont été constatées à l’encontre des maires durant l’année 2020.
.