Dans les archives de Match


DĂšs 1998, notre magazine Ă©voquait l’incroyable parcours de Jeff Bezos, qui aujourd’hui laisse les rĂȘnes d’Amazon… Avec RĂ©tro Match, suivez l’actualitĂ© Ă  travers les archives de Paris Match. En novembre 1998, Match Ă©voquait dans ses pages «Cyber» la guerre naissante du livre sur Internet. Un combat de David contre Goliath avec -difficile Ă  imaginer aujourd’hui- Jeff Bezos dans le rĂŽle du petit berger de Juda, opposĂ© au colosse philistin jouĂ© par Barnes & Nobles. Créée trois ans auparavant, Amazon venait de s’autoproclamer « plus grande librairie du monde », avec un catalogue de 2,5 millions de titres et 500 000 ouvrages vendus par mois. « PublicitĂ© mensongĂšre », avait objectĂ© Barnes & Nobles, fort de ses 500 «bookstores» sur le territoire amĂ©ricain, tout en multipliant les acquisitions pour encercler David. «Goliath est toujours Ă  portĂ©e de fronde », avait rĂ©pondu Bezos. Deux ans aprĂšs cette toute premiĂšre apparition dans nos colonnes, l’entrepreneur avait donnĂ© une courte interview Ă  Match pour le lancement d’Amazon version «.fr», avec le Goliath français en ligne de mire, la Fnac. Son entreprise, dont la valeur avait Ă©tĂ© multipliĂ©e par 25 entre-temps, commençait Ă  ĂȘtre rentable
Quand Match avait retrouvĂ© Jeff Bezos en novembre 2007, pour notre premier grand rendez-vous, Amazon Ă©tait devenu un gĂ©ant du web et son patron un multimilliardaire. L’entrepreneur s’apprĂȘtait Ă  lancer le Kindle et venait de fonder sa propre sociĂ©tĂ© spatiale. Pour notre photographe Philippe Petit, le patron d’Amazon avait posĂ© sur un VĂ©lib’, colis Ă  la main. Pour notre journaliste Marie-Pierre Gröndahl, Bezos avait Ă©voquĂ© la lĂ©gende de ses dĂ©buts, son flair devant l’essor et les possibilitĂ©s du Net dĂšs 1994, le pari avec les Ă©conomies de ses parents (300 000 dollars de mise de dĂ©part, tout de mĂȘme).Ce lundi 5 juillet 2021, Jeff Bezos va laisser les commandes opĂ©rationnelles de son entreprise Ă  son bras droit Andy Jassy, pour se consacrer Ă  d’autres projets, Ă  commencer par un voyage dans l’espace, le 20 juillet prochain…Voici le reportage consacrĂ© Ă  Jeff Bezos, tel que publiĂ© dans Paris Match en 2007.DĂ©couvrez RĂ©tro Match, l’actualitĂ© Ă  travers les archives de Match…Paris Match n°3053, 22 novembre 2007

Le crĂ©ateur d’Amazon veut dĂ©crocher la lune

Par Marie-Pierre GröndahlDiplĂŽmĂ© de Princeton, bricoleur surdouĂ©, Jeff Bezos, le multimilliardaire fondateur de la plus grande librairie en ligne du monde, a Ă©galement créé son centre de recherche spatiale privĂ©. « Jeff Bezos a trouvĂ© une nouvelle maniĂšre de livrer les produits Amazon Ă  Paris : le VĂ©lib’ ! » – Paris Match n°3053, 22 novembre 2007 © Philippe Petit / Paris Match « Salut, je suis Jeff. » Suit un rire tonitruant et communicatif. A mi-chemin entre le cacardement d’une oie sauvage et le hennissement d’un poulain. La marque de fabrique de Jeffrey Preston Bezos, 43 ans, 35 e fortune des Etats-Unis et fondateur d’Amazon. com, « le plus grand libraire du monde ». En France pour quelques heures, avant d’arpenter l’Allemagne et le Luxembourg au pas de course, ce milliardaire du Net, chemise Ă  col ouvert et pantalon en toile, interrompt sa tournĂ©e d’inspection de ses entrepĂŽts high-tech, pour se risquer sur un VĂ©lib’ au pied de la tour Eiffel. « C’est vrai qu’on n’oublie jamais comment faire du vĂ©lo », lĂąche-t-il, tout en vacillant dangereusement sur son engin, chevauchĂ© Ă  la demande du photographe de Paris Match. Et rit Ă  gorge dĂ©ployĂ©e de sa maladresse. « Je suis tombĂ©e amoureuse de son rire avant mĂȘme de le connaĂźtre. Jeff est incapable d’ĂȘtre malheureux pendant plus de cinq minutes », raconte sa femme, MacKenzie, Ă©crivain, qui occupait le bureau voisin du sien dans une banque de Wall Street, dans les annĂ©es 90. Avec prĂšs de 9 milliards de dollars en poche, quatre enfants, 80 millions de clients sur la planĂšte et son centre de recherche spatiale personnel, la constante hilaritĂ© de ce P .-d. g. trĂšs zen peut aussi se comprendre.L’invraisemblable odyssĂ©e de Jeff Bezos ne repose pourtant pas que sur son aptitude Ă  la fĂ©licitĂ©. Depuis son enfance, ce nouveau reprĂ©sentant du rĂȘve amĂ©ricain a surtout Ă©tĂ© malin. IngĂ©nieux. ObstinĂ©. A 2 ans, il dĂ©visse tout seul les barreaux de son lit de bĂ©bĂ©. A 6, il invente un systĂšme d’alarme Ă©lectronique pour dissuader son frĂšre et sa sƓur cadets, Mark et Christina, d’envahir sa chambre. A 8, il assemble Ă  partir de piĂšces dĂ©tachĂ©es un jouet trop cher pour qu’on le lui offre. A partir de 12 ans, le petit mĂ©cano passe ses Ă©tĂ©s dans l’immense ranch de son grand-pĂšre, Lawrence Preston Gise, Ă  Cotulla, au Texas. Et y installe d’immenses barriĂšres de barbelĂ©s sur des dizaines de kilomĂštres, marque le bĂ©tail, supervise la plomberie, rĂ©pare un gigantesque tracteur Caterpillar, un manuel de 200 pages Ă  la main. « Il suffit d’ĂȘtre patient et on peut tout faire par soi-mĂȘme », dit cet entrepreneur multifonction. Lors d’un passage chez McDo, pour un job d’Ă©tĂ©, l’apprenti « MacGyver » trouve bien sĂ»r la recette pour faire cuire les frites plus vite… Aujourd’hui encore, c’est lui qui a dessinĂ© le modĂšle des bureaux de ses salariĂ©s, Ă  Seattle : une simple porte, avec quatre pieds vissĂ©s manuellement. « A quoi bon une antiquitĂ© en acajou ? Ça ne rend pas les gens plus efficaces », explique-t-il.Cet excellent Ă©lĂšve a surtout prouvĂ© son ingĂ©niositĂ© par ses choix successifs. Matheux, tĂȘte de classe, tout en devenant – bien que petit et fluet – capitaine de l’Ă©quipe de football « parce qu’il se souvenait de chaque position sur le terrain, les siennes et celles des autres », prĂ©cise son coach, Jeff n’a eu aucune difficultĂ© Ă  intĂ©grer Princeton, l’une des universitĂ©s les plus cotĂ©es du pays. Son but ? Devenir un gĂ©nie de la physique. Objectif ? Lune. Ou plutĂŽt, « devenir entrepreneur spatial », un hommage Ă  son cher grand-pĂšre (« mon mentor »), responsable de plusieurs programmes spatiaux et ancien patron du centre de Los Alamos. Mais, dĂšs ses premiĂšres semaines sur le campus, ce pragmatique rĂ©alise qu’il n’arrive pas Ă  la cheville de certains de ses camarades. Et s’oriente aussitĂŽt vers une discipline en plein essor, oĂč la concurrence est moins forte : l’informatique.Il lance Amazon en empruntant 300 000 dollars Ă  ses parents. L’intĂ©gralitĂ© de leurs Ă©conomiesMĂȘme revirement subit quelques annĂ©es plus tard. En pleine ascension dans le Wall Street des « golden boys », Jeff Bezos repĂšre un phĂ©nomĂšne balbutiant : Internet. « Je me suis aperçu qu’il progressait de 2 300 % par an. Un truc de dingue ! J’ai donc cherchĂ© comment je pourrais m’en servir. » Malin, lĂ  encore, il analyse au laser les 20 premiers secteurs de vente par correspondance. Et se dĂ©cide pour les livres. Sans ĂȘtre un fou de littĂ©rature, mais parce que c’Ă©tait pratique : « Aucune chaĂźne de librairies ne pouvait envoyer de catalogues par la poste. A cause du poids. C’Ă©tait donc un produit idĂ©al pour la vente en ligne. » Le lendemain, il s’envole pour Los Angeles et assiste au congrĂšs annuel des libraires. Au retour, sa conviction est faite.La lĂ©gende commence. Jeff Ă©pouse MacKenzie, dĂ©missionne de sa banque, traverse les Etats-Unis d’est en ouest au volant d’une Chevy Blazer 1988, un ordinateur sur les genoux, sa femme au volant, et rĂ©dige son premier « business plan ». A son arrivĂ©e Ă  Seattle – « une ville que j’ai choisie Ă  cause de Microsoft et de la quantitĂ© d’ingĂ©nieurs sur place » -, le couple s’installe dans une petite maison et transforme le garage en atelier du Web. Jeff emprunte 300000 dollars Ă  ses parents : « Une somme qui reprĂ©sentait l’intĂ©gralitĂ© de nos Ă©conomies pour notre retraite, se souvient sa mĂšre, Jacklyn. Et nous ne savions mĂȘme pas ce qu’Ă©tait Internet. Il faut dire que nous n’avons pas pariĂ© sur le Web, nous avons pariĂ© sur Jeff, comme d’habitude. » Avec raison : Jacklyn, devenue mĂšre Ă  17 ans, et son mari, Miguel ( un exilĂ© cubain arrivĂ© aux Etats-Unis Ă  15 ans ), n’ont plus de soucis de retraite. Comme leur fils, ils sont aujourd’hui milliardaires.Le 16 juillet 1995, le site Amazon. com ouvre ses portes Ă  300 copains des Bezos. Un nom soigneusement choisi, en rĂ©fĂ©rence Ă©videmment au « plus grand fleuve du monde », mais surtout commençant par la lettre « A », donc assurĂ© d’ĂȘtre en tĂȘte de tous les sites proposĂ©s par les moteurs de recherche d’Internet… Trente jours plus tard, bouche-Ă -oreille aidant, la startup vend des livres dans les 50 Etats de l’Union et 45 pays Ă©trangers. Elle sera cotĂ©e en Bourse en 1997. Survivra au krach de 2001. Ouvrira des filiales partout dans le monde. Tout cela sans vraie publicitĂ© ( trop cher !) et en dĂ©pit des sombres prĂ©dictions de l’un des plus cĂ©lĂšbres analystes de Wall Street, qui avait rebaptisĂ© le site, Ă  ses dĂ©buts, « Amazon. flop »! Jeff Bezos dans les locaux d’Amazon Ă  Seattle, en 1997. © Paul Souders / Getty Images

« Un consommateur mĂ©content va en parler Ă  5 000 personnes. Il vaut mieux s’en occuper avant. »

Pour partager au maximum la vie familiale et rentrer Ă  la maison tous les soirs « Ă  l’heure du dĂźner », Jeff Bezos se plie Ă  une discipline « que mes enfants jugeraient trĂšs ennuyeuse » : il se lĂšve tous les matins Ă  5 heures, enchaĂźne avec deux heures d’exercices physiques, n’arrive au bureau qu’Ă  10 heures, oĂč il grimpe et descend les escaliers toute la journĂ©e, BlackBerry Ă  la main, pour lire ses e-mails ( envoyĂ©s Ă  l’adresse « jeff @ amazon. com »), ceux de ses clients en prioritĂ© : « Un consommateur mĂ©content va en parler Ă  5 000 personnes. Il vaut mieux s’en occuper avant. » Sous des dehors trĂšs cool, le P .-d. g. d’Amazon est un employeur rigoureux : « C’est le recruteur le plus exigeant que je connaisse, avoue un salariĂ©. Il peut consacrer des heures Ă  passer un candidat sur le gril. Jusqu’Ă  lui demander combien de fenĂȘtres compte San Francisco !»Entre-temps, Jeff Bezos a maigri, perdu des cheveux, et Ă©tĂ© dĂ©signĂ© « Homme de l’annĂ©e » par le magazine « Time » en 1999 – l’une des quatre personnalitĂ©s les plus jeunes de l’Histoire Ă  recevoir cette distinction, avec John Fitzgerald Kennedy. Ce citoyen responsable contribue presque Ă  parts Ă©gales aux campagnes des candidats rĂ©publicain et dĂ©mocrate. Malin. Prudent, aussi : quand on lui demande s’il se rĂ©jouit d’avoir bientĂŽt un nouveau prĂ©sident, il ne rigole plus. C’est : « Joker ! » Plus loquace sur les hommes politiques Ă©trangers, il trouve l’Ă©nergie de Nicolas Sarkozy « rafraĂźchissante ».Lui et MacKenzie ont quatre enfants. Trois fils ( 8, 6 et 3 ans ) et une fille de 2 ans, Emerson Rose, que le couple est allĂ© adopter en Chine. Avec son inĂ©vitable pragmatisme, le papa comblĂ© – « Avoir des enfants, c’est ‘ Ă©norme’, mĂȘme si on a moins de temps pour regarder la tĂ©lĂ©vision », dit-il en hurlant de rire – raconte qu’ils en ont eu l’idĂ©e en entendant que les Chinois prĂ©fĂ©raient avoir des garçons. Toujours patient, il a attendu plusieurs semaines avant d’obtenir les visas et autorisations nĂ©cessaires, en arpentant la Grande Muraille, la petite fille dans ses bras. Sur le site d’Amazon, la liste des cadeaux prĂ©fĂ©rĂ©s du clan Bezos comprend tous les objets dĂ©rivĂ©s de « Star Wars », Dark Vador en tĂȘte : « Nous sommes une famille amĂ©ricaine comme les autres. » Et ce fan de science-fiction, dont le film fĂ©tiche reste « Dr Folamour », a baptisĂ© le labrador familial du nom d’un obscur personnage de la sĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e « Star Trek ».Des dizaines de scientifiques travaillent Ă  envoyer trois passagers Ă  100 km d’altitude dans une capsuleMĂȘme s’il assiste aux « Billionaires’ Dinner », un raout annuel qui rĂ©unit la plupart des nouveaux milliardaires du Net en Californie, Jeff n’affiche pas vraiment son train de vie. « La seule diffĂ©rence, c’est que je ne regarde plus le prix sur les cartes des restaurants », confiet-il. « Quand il voit une paire de chaussures qui lui plaĂźt, il en achĂšte quand mĂȘme quatre d’un coup, qu’il portera successivement pendant des annĂ©es », sourit un proche. Mais ce passionnĂ© de technologie voyage malgrĂ© tout en jet privĂ© – un Dassault -, et s’est achetĂ©, avec MacKenzie, une maison de 30 millions de dollars Ă  Beverly Hills, ainsi qu’un immense « pied-Ă -terre » Ă  New York. En toute discrĂ©tion. Ce patron peut aussi emmener une cinquantaine de collaborateurs en vacances Ă  HawaĂŻ, juste pour fĂȘter les quatre ans de l’un d’entre eux chez Amazon. « Jeff a toujours voulu gagner beaucoup d’argent, se souvient Ursula Werner, sa girlfriend au lycĂ©e. Pour pouvoir transformer l’avenir. »L’avenir, pour lui, c’est l’espace. Une vraie passion, que ce bavard garde top secret. LĂ  aussi, chaque question suscite un « Joker !». Il y a sept ans, Bezos a rachetĂ© un gigantesque terrain ( 650 km 2 !) Ă  Van Horn, dans l’ouest du Texas, prĂšs de la frontiĂšre mexicaine. CeinturĂ© de barbelĂ©s, parsemĂ©e de panneaux « DĂ©fense d’entrer », la propriĂ©tĂ© abrite le projet « Blue Origin ». Un centre de recherche spatiale privĂ©, tout Ă  lui, oĂč travaillent des dizaines de scientifiques et d’ingĂ©nieurs sur un projet de capsule d’une hauteur de 15 m et d’une largeur de 7, capable d’emmener trois passagers pour des vols suborbitaux, Ă  100 km d’altitude dans l’atmosphĂšre. Le « Goddard » s’est dĂ©jĂ  briĂšvement envolĂ© pour un premier test en fĂ©vrier dernier. Les premiers vols commerciaux sont attendus pour 2010. En dĂ©pit du mutisme de son propriĂ©taire, les spĂ©cialistes estiment que ce projet a dĂ©jĂ  coĂ»tĂ© plus de 50 millions de dollars. Sur ce terrain, Bezos a comme concurrent l’Anglais Richard Branson, qui espĂšre faire dĂ©coller son « Virgin Galactic » avant le « Blue Origin ». Jeff reste zen. « Ce business pourrait s’avĂ©rer trĂšs profitable, un jour », se contente-t-il de dire. Sans rire, pour une fois. Du ton qu’il avait sans doute utilisĂ©, en 1993, pour persuader son patron d’investir dans un improbable projet de start-up sur Internet.

Ce fou de techno invente le livre web

L’infatigable Jeff, entre les ventes sur son site de balais rĂ©tractables ou de montres de grand luxe, concocte un projet qui pourrait – encore – bouleverser le monde. BaptisĂ© « The Kindle » (« La fracture de la connaissance »), il agite la planĂšte littĂ©raire et ses satellites : Ă©diteurs, Ă©crivains, imprimeurs… Un livre numĂ©rique, aux dimensions d’un ouvrage de papier, dotĂ© d’une encre qui Ă©voque les caractĂšres d’imprimerie classique. Un ordinateur trĂšs spĂ©cial, Ă  la batterie quasi inĂ©puisable ( trente heures d’autonomie, rechargeable en deux heures ), dont les Ă©conomiseurs d’Ă©cran reprennent la calligraphie des grands auteurs. Qui permet aussi d’agrandir les caractĂšres Ă  la demande des presbytes, de stocker 200 titres sur le disque dur – voire toute une bibliothĂšque sur une carte mĂ©moire, Ă©galement produite par Amazon -, de recevoir des quotidiens, de surfer sur le Web…Une sorte d’iPod version Gutenberg ! GrĂące Ă  un systĂšme rĂ©volutionnaire, le « Whispernet », ce livre Ă©lectronique peut se lire partout, y compris sans connexion Wi-Fi. Et engrange en mĂ©moire tout nouvel ouvrage achetĂ©, y compris en ligne, en moins d’une minute. « Ce n’est plus un objet. C’est un service », affirme Jeff Bezos, dont le roman prĂ©fĂ©rĂ© est « Les vestiges du jour », du Japonais Kazuo Ishiguro, et dont l’Ă©pouse, MacKenzie, est un Ă©crivain Ă  succĂšs. Son prix ? 399 dollars. Si tout va bien, le patron d’Amazon rĂ©ussira Ă  convaincre plus de 57 % des adultes de la planĂšte Ă  lire un livre.Une question sur nos anciens numĂ©ros et hors-sĂ©ries ? Contactez-nous !Toute reproduction interdite