Débat en anglais : les diffuseurs défendent le libellé de la question controversée | Élections Canada 2021


Au lendemain du débat, les discussions portant sur le leadership, la gestion de la pandémie ou le coût de la vie ont bien vite été éclipsées au Québec par les propos que Mme Kurl a adressés au chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet.
Shachi Kurl, qui est présidente de l’Institut Angus Reid, a commencé le débat jeudi en posant une question à chacun des chefs fédéraux, à laquelle eux seuls avaient le droit de réponse. Celle qu’elle a réservée à M. Blanchet portait sur la Loi sur la laïcité de l’État et la réforme de la loi 101 sur le français comme langue officielle.
Dans son prélude, la modératrice a d’emblée statué que M. Blanchet niait le problème de racisme au Québec, avant de lui demander pourquoi il encourageait ces politiques, qu’elle a qualifiées de discriminatoires.

Le chef du Bloc, pris de court par ce libellé, s’est par la suite indigné de ce qu’il jugeait être une attaque en règle contre les Québécois. On s’est fait traiter de racistes et de xénophobes par l’animatrice en commençant le show, a-t-il réagi à l’issue du débat.
Vendredi, la pression s’est intensifiée sur les organisateurs du débat pour savoir qui avait approuvé la question de Mme Kurl.
Le Groupe de diffusion des débats, qui réunit les médias responsables d’organiser la joute oratoire, a répondu que la question de la modératrice portait explicitement sur la loi 21 et le projet de loi 96, et n’affirmait pas que les Québécois sont racistes.
Elle a été posée à M. Blanchet pour lui donner l’occasion d’expliquer le point de vue de son parti sur ces lois, qui ont fait l’objet d’une large couverture et d’importantes conversations depuis qu’elles ont été déposées à l’Assemblée nationale du Québec, a précisé le groupe, formé par APTN News, CBC News, CTV News et Global News.
Le consortium, qui est responsable du choix de Mme Kurl comme modératrice et des journalistes invités lors du débat, jouit d’une indépendance journalistique totale vis-à-vis de la Commission des débats des chefs, a affirmé son porte-parole, Leon Mar.

La Commission des débats précise son rôle

Un peu plus tôt, le chef du Bloc a déclaré en point de presse que l’insulte qu’il avait subie la veille provenait d’une institution ayant vu le jour sous le gouvernement Trudeau, à savoir la Commission des débats des chefs.
M. Blanchet a affirmé à tort que la Commission – une créature de Justin Trudeau – avait vérifié et approuvé toutes les questions qui ont été posées au cours du débat.
Or, la Commission des débats des chefs a tenu à distinguer son rôle de celui du groupe de diffuseurs, qui est responsable des choix éditoriaux. Elle a précisé ne pas avoir son mot à dire dans l’élaboration des questions qui ont été posées aux chefs.

La Commission des débats des chefs n’a participé à aucune des questions de la modératrice afin de respecter l’indépendance journalistique.Une citation de :Chantal Ouimet, directrice des communications de la Commission des débats des chefs

La présidente de l’Institut Angus Reid, Shachi Kurl, a assuré la modération du débat des chefs en anglais.Photo : Radio-CanadaShachi Kurl a de son côté déclaré, dans une discussion virtuelle organisée par Maclean’s dont le quotidien Le Devoir a obtenu copie, que la question controversée avait été validée par plusieurs niveaux dans l’organisation, sans préciser lesquels.
Il y a une décision de la Cour supérieure du Québec […] qui appelle ça discriminatoire. Alors ça, c’est la prémisse, a-t-elle ajouté, selon ce que rapporte Le Devoir, en faisant référence à un jugement rendu en avril dernier.
Au moment d’écrire ces lignes, Mme Kurl n’avait pas répondu aux demandes d’entrevue de Radio-Canada.
Mise sur pied en 2018, la Commission des débats des chefs est un organisme indépendant qui a pour mandat d’organiser les deux débats des chefs dans les langues officielles, le français et l’anglais, et de fournir des recommandations, au terme de l’exercice, pour améliorer la formule.
Bien qu’elle accorde des accréditations aux médias qui souhaitent participer au débat, la Commission se doit de respecter le principe selon lequel les journalistes jouissent d’une indépendance totale pour décider des thèmes des débats et des questions à poser aux chefs.
La Commission sélectionne le Groupe de diffusion des débats, dont les médias membres varient selon que le débat se tient en français ou en anglais.