les délestages en dix questions


même si les prévisions dévoilées cette semaine sont moins alarmistes.

stock de gaz à surveiller car la Russie ferme le robinet, les raisons sont multiples.

les délestages en dix questions

notamment en cas d’épisode de grand froid, des « délestages », le terme utilisé à la place de « coupures », pourraient frapper de nombreux foyers ces prochaines semaines.

Mardi, RTE s’est évertué à dégonfler la baudruche après l’emballement de novembre. « Sous réserve du maintien des efforts d’économies d’énergie, ces évolutions favorables permettent de réduire le risque pour la sécurité d’approvisionnement (…) sans pouvoir l’exclure en cas de conditions météorologiques très défavorables 

Afin que vous vous y prépariez, nous avons tenté de répondre à vos interrogations. Sauf que la communication étatique ne lâche rien. « Notre priorité reste le rappel des gestes simples qui permettent de réduire notre consommation d’énergie 

», insiste la préfecture des Ardennes quand celles de l’Aisne et de la Marne ne répondent pas. Comme si taire le sujet tenait de la méthode vaudou permettant d’écarter le mal  !

1. Qui décide des lieux de délestages ?

Ce sont ensuite les gestionnaires de réseaux de distribution (Enedis pour la majorité des clients) qui répartissent les coupures sur différentes parties de leur réseau.

2. Quelles zones les plus touchées  ?

Selon Le Monde, les sites prioritaires (et les clients aux alentours raccordés sur la même ligne, soit 38 à 40 % des clients) « se concentrent davantage dans les territoires urbains qui seront de fait moins touchés par les coupures de courant ». Une information démentie par Aurore Brévier, membre de la direction Champagne-Ardenne d’Enedis  : « nous ne sommes pas sur ces considérations. Les délestages se feront tout autant en ruralité qu’en urbain ».

Concrètement, ces coupures, de deux heures maximum lors des pics de consommation, 8 à 13 heures et 18 à 20 heures, se feront par zone de 2 000 clients (foyers et professionnels) alimentés par une même ligne, soit un quartier en ville et jusqu’à plusieurs communes à la campagne. Plusieurs lignes pourront être coupées au même moment à travers le pays, impactant jusqu’à 4 millions de personnes, dans un effet « peau de léopard », des zones noires tachetant le pays.

3. Moins de délestage près des éoliennes et centrales nucléaires  ?

des Ardennes et de la Marne. « Cela ne sera pas pris en compte au moment de décider des lieux de délestage ». Aurore Brévier douche certains espoirs. « Le but est de trouver un équilibre nationalement, le choix des zones délestées sera effectué indépendamment de la présence de productions électriques. »

Quand et comment serez-vous prévenus d’une coupure?

Aurore Brévier, membre de la direction Champagne-Ardenne d’Enedis, détaille le timing  :

J-7  :

RTE émet un bulletin d’alerte quant à d’éventuels délestages.

J-3  :

Si rien n’a changé dans les pratiques des clients afin de réduire la consommation, le site monecowatt.fr active les signaux orange, voir rouge.

J-1  :

son lieu de travail ou autres sont concernés par des délestages le lendemain.

Jusqu’au dernier moment,

RTE et Enedis peuvent réajuster à la hausse ou à la baisse les délestages.

4. Combien de clients prioritaires  ?

Qui fait partie de la liste des 14 000 « sites prioritaires » en France ? Si les généralités sont connues pour les clients qui ne subiront pas de délestages (hôpitaux, centres de secours, commissariats, sites industriels stratégiques…), nos préfectures avaient déjà prévenu que leur liste est « non-diffusable ». Pire, impossible même de connaître le nombre de sites concernés dans chacun de nos départements  ! Plusieurs échos indiquent que ces listes font l’objet de tractations avec les préfectures, des entreprises se manifestent pour l’intégrer, mais peu de candidats obtiennent satisfaction. Le nombre de 14 000 tient du numerus clausus.

Dans les Hauts-de-France comme dans le Grand Est Un ministère qui n’a pas répondu… Car Cette opération a-t-elle été menée ? Combien de personnes sont concernées dans nos départements sur les 4 000 patients annoncés nationalement ? Impossible de le savoir…

6. Pourra-t-on appeler les secours  ?

L’absence d’alimentation électrique pourrait engendrer la mise hors-service d’antennes du réseau téléphonique, donc interrompre les communications, dont celles vers le 112, numéro des secours d’urgence (ambulance, pompiers, forces de l’ordre). Nous avons demandé aux préfectures si les zones possiblement impactées dans nos départements sont recensées et si, comme l’a demandé le gouvernement, des dispositifs de substitution étaient prêts. « Nationalement comme localement, les travaux sont menés », assure la préfecture des Ardennes. Comme à chacune de nos interrogations.

7. Des trains annulés ou à l’arrêt  ?

La solution sera de les annuler s’ils ne peuvent effectuer la totalité de leur parcours ? « Il est encore trop tôt pour livrer des éléments détaillés », répond SNCF Réseau. « L’entreprise se prépare, travaillant à une stratégie d’approvisionnement électrique du réseau ferroviaire ».

Jusqu’en 2025 selon RTE…

« À moins qu’EDF ne parvienne à régler plus vite que prévu ses problèmes de corrosion (des centrales nucléaires), il faut s’attendre à ce que les difficultés attendues pendant l’hiver 2022-2023 se reproduisent jusqu’en 2025 ». Sur son site internet, RTE fait preuve d’une transparence rare… Après 2025, RTE prévoit une amélioration grâce à l’augmentation de notre production nucléaire, « plusieurs parcs éoliens en mer seront alors opérationnels » et des « interconnexions supplémentaires seront disponibles entre la France et ses voisins ». On croise les doigts…

8. Quelle organisation pour les établissements scolaires  ?

Sites non-prioritaires, donc menacés, les établissements scolaires, et ceux qui les fréquentent seront logés à la même enseigne qu’un foyer lambda  ! Délai de prévenance inclus… Soit trois jours avant du risque, avec une confirmation à 7 heures la veille du délestage. Dans ce cas, l’établissement sera fermé toute la matinée, retour en classe en début d’après-midi. Des dispositions qui mettent vent debout parents d’élèves et enseignants  !

« Être prévenu la veille pour le lendemain, il n’est pas possible de s’organiser pour les familles  !  »,

s’insurge Béatrice Lutz, présidente de la Peep de la Marne.

« Et les enseignants, doivent-ils tout de même rejoindre leur lieu de travail ? »,

abonde Jean-Michel Alavoine (Unsa Éducation académie de Reims). De plus, l’un et l’autre s’interrogent sur des détails pratiques.

« Si l’établissement est fermé le matin, la cantine sera-t-elle assurée ? »,

lance Béatrice Lutz.

« Les élèves doivent venir en classe l’après-midi, mais comment vont faire ceux qui viennent en car scolaire car les collectivités ne pourront pas organiser un nouveau ramassage à la mi-journée  !  »,

prévient Jean-Michel Alavoine.

« Les cafouillages de la crise sanitaire vont revenir à la surface avec cette organisation »,

conclut le syndicaliste.

9. Pagaille au volant  ?

En cas de délestage dans la zone où vous avez pris la route, les feux de signalisation et l’éclairage public cesseront de fonctionner. Autant dire que cela pourrait engendrer une belle pagaille à certains carrefours… Rappelons que sans feu, priorité à droite et vitesse réduite s’imposent.

10. Quid des ascenseurs, distributeurs ou parkings ?

Ainsi, des ascenseurs risquent de rester bloqués. « Nous allons communiquer en ce sens », assure le bailleur Reims Habitat. L’accès et la sortie d’immeubles, par le hall ou par les garages, pourraient être impactés. Quant aux distributeurs de billets, ils risquent d’être indisponibles durant les délestages.

Les autres points

RTE et ENEDIS, qui fait quoi ?

RTE

ENEDIS

pour « énergie » et « distribution », achemine le courant électrique basse tension vers les bâtiments des consommateurs sur 95 % du territoire. Les 5 % restants sont gérés par des Entreprises locales de distribution telles que SICAE dans une partie de l’Aisne.

Comment réduire notre conso ?

Pour éviter d’avoir à subir des délestages, tout un chacun peut contribuer en réduisant sa consommation globale d’énergie via des gestes simples. Cela passe notamment par la réduction de la température du chauffage, régler son chauffe-eau à 55 degrés, éteindre tous les appareils en marche ou en veille lorsqu’ils ne sont pas utilisés, réduire l’éclairage, décaler la mise en route de certains appareils électriques (et la recharge de batteries) en dehors des périodes de pointe (8-13 heures et 18-20 heures), éviter les cuissons longues, réduire le débit de ventilation des locaux…

«  Tout faire pour que cela n’arrive pas  »

Surtout, Olivia Grégoire a demandé de « ne pas sombrer dans la peur. Nous sommes des gens sérieux, le rôle du gouvernement est donc de se préparer à des délestages, notamment si l’hiver est très rude. Mais, nous allons tout faire pour que cela n’arrive pas  !  »