Démystifier la science


Chaque semaine, notre journaliste répond aux questions scientifiques de lecteurs.

Publié à 2h00

Mis à jour à 8h00

Est-il vrai qu’on perd ses cheveux quand on perd du poids ?

Camille Adam

Oui, cela peut arriver.

Un phénomène appelé « effluvium télogène », une chute prématurée d’une partie importante des cheveux, survient dans des épisodes de stress biologique importants. Cela peut inclure une perte de poids considérable, particulièrement si elle s’accompagne de carences nutritives.

Les changements hormonaux, par exemple une fausse couche, la puberté ou encore la ménopause, peuvent causer l’effluvium télogène. Les maladies infectieuses aussi.

« L’effluvium télogène est probablement la forme la plus courante de perte de cheveux », explique Wilma Bergfeld, une dermatologue à la prestigieuse Clinique de Cleveland, qui est responsable du volet sur ce sujet dans l’encyclopédie médicale Up to Date de l’éditeur néerlandais Wolters Kluwer.

La perte de cheveux survient généralement de deux à quatre mois après le stresseur, précise la Dre Bergfeld. Elle peut donc arriver quelques mois après une perte de poids importante.

Le cycle des cheveux suit trois phases : la pousse, pendant quelques années, une phase-tampon pendant quelques semaines, et enfin, la perte de cheveux, provoquée par leur détachement du cuir chevelu parce que d’autres cheveux poussent en dessous. Cette dernière phase, qu’on appelle « télogène », dure de deux à trois mois, et habituellement, 15 % des cheveux sont dans cette phase.

L’effluvium télogène provoque jusqu’à 20 % à 30 % de perte de cheveux, selon la Dre Bergfeld. « La chevelure est plus fine, et on ramasse beaucoup de cheveux quand on se peigne. »

Comme les cheveux poussent à un rythme allant d’un à deux centimètres par mois, il faut plusieurs mois pour que le volume capillaire se redresse, dit-elle. Les cheveux sont parmi les cellules qui poussent le plus vite dans le corps humain.

Retrouver la cause

Quand une patiente consulte la Dre Bergfeld avec un problème du genre, la première étape, c’est voir si un évènement stresseur est survenu au cours des six mois précédents. « Ça peut être une réaction à un nouveau médicament, ou une maladie sous-jacente. C’est important d’exclure ces causes. »

La COVID-19 a suscité beaucoup de cas d’effluvium télogène, observe la Dre Bergfeld.

Si la perte de cheveux est liée à la perte de poids, il peut être utile de vérifier s’il y a des carences alimentaires, souligne la dermatologue de l’Ohio.

La perte de cheveux héréditaire à partir de la vingtaine, souvent sur le sommet du crâne, est totalement indépendante de l’effluvium télogène et ne l’aggrave pas.

Si les cheveux mettent plus que quelques mois à repousser, on peut utiliser le minoxidil, un hypertenseur des années 1970 qui s’est révélé aider la pousse des cheveux, signale la Dre Bergfeld. Il est aussi connu sous le nom de Rogaine. Une version orale à faible dose a été introduite et semble sûre et plus facile à utiliser que la version topique, ajoute-t-elle.

Marie-Ève Pinet, une dermatologue de Québec à qui l’Association canadienne de dermatologie a renvoyé La Presse, prescrit aussi le minoxidil contre l’effluvium télogène.

« Le minoxidil peut prendre au moins six mois avant de démontrer une réelle efficacité, prévient-elle. Il peut donc être utile de patienter avant de l’utiliser si la perte de cheveux est encore très récente. Aussi, beaucoup de gens craignent de perdre de nouveau leurs cheveux en arrêtant le traitement. Mais les cheveux recommencent seulement à tomber si la cause de la chute des cheveux est toujours active. »

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