Par Clément Mazella
Publié le 18 Oct 22 à 19:16
Actu Rugby
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Le pilier Maxime Turrel a tout plaqué en France et a retrouvé goût au rugby en trouvant un club en Australie. (©DR)« Oh oui, j’ai pris cette décision sur un coup de tête ». Maxime Turrel est aujourd’hui heureux. En mars dernier, le pilier de Chateaurenard en Fédérale 1, passé par La Voulte, Oyonnax et Bourgoin, décide de tout plaquer, désabusé par le sort qui lui est réservé en France. D’une manière assez improbable, il rejoint l’Australie, où il a enfin pu jouer. Pour son plus grand bonheur.
Maxime trouve une annonce sur l’application MyRookie
Alors qu’il n’a pas encore 27 ans, Maxime vit mal les choses à Chateaurenard. L’année précédente, il s’est rompu les ligaments croisés d’un genou, le contraignant à une saison blanche. La suite ne fut guère plus reluisante : « J’étais en désaccord avec le staff. J’ai fait les 3 premiers matchs de la saison, et je me suis retrouvé au placard ».Un soir, tranquillement chez lui, il décide de « faire un tour » sur l’application MyRookie, plateforme dédiée au recrutement sportif, et qui marche plutôt bien au niveau du rugby amateur. Il raconte pour Actu Rugby :
Je suis tombée sur une annonce du coach français du club australien des Tuggeranong Wikings (première division australienne) qui recherchait un pilier gauche. J’étais surpris de voir ça, ça m’a travaillé, et un peu pour rigoler, j’ai répondu à l’annonce, sans but.Maxime TurrelPilier gauche passé par Oyonnax, Bourgoin et Chateaurenard
Sauf que ce qu’il a pris pour de la rigolade est devenu sérieux : le lendemain, le coach en question l’a contacté car son profil l’intéressait.
Maxime Turrel, ici avec Jérôme Villegas, celui qui l’a recruté au sein du club australien des Wikings. (©DR)
Il n’a « pas hésité trop longtemps » pour signer en Australie
Jérôme Villegas, coach des Wikings, club par lequel sont passés quelques grands noms du rugby australien tels Joe Roff, Christian Lealifano ou encore Justin Harrison, mais aussi le All Blacks Tyrel Lomax, lui demande son CV, mais aussi de faire parvenir des vidéos de lui. « À la suite de ça, on a fait une visio ensemble pour faire connaissance », nous dit Maxime, qui commence sérieusement à cogiter face à une telle opportunité.« J’en ai parlé autour de moi, j’ai reçu la proposition du club, et finalement je n’ai pas hésité trop longtemps. Tous ceux avec qui j’en ai parlé m’ont dit que c’était une occasion rêvée de voyager, voir autre chose, et découvrir un autre rugby », explique le garçon originaire de Valence (Drôme), qui est parti seul, n’ayant ni femme ni enfant. Sa seule retenue ? L’Anglais. Il en rigole quand il nous évoque cela : « Je ne le parle vraiment pas bien. J’ai quelques notions du fait d’avoir côtoyé des étrangers dans les clubs. Mais je me suis demandé comment j’allais faire. Et puis je me suis dit ‘tant pis, on verra bien, on s’adaptera’ ».
Une intégration rapide dans sa nouvelle équipe en Australie
Cassant son contrat avec Chateaurenard, Maxime prend l’avion direction l’Australie, où il est rapidement mis dans le bain : arrivée le 10 mai, entraînement le 12 et première feuille de match le 14 avec l’équipe 3 des Tuggeranong Wikings. Tout se passe tellement bien sur le plan sportif, que le pilier français intègre l’équipe 1 le week-end suivant. Il ne la quittera plus, et verra son nom être couché sur 15 feuilles de match, dont 11 fois comme titulaire.Vidéos : en ce moment sur ActuParallèlement à ça, son intégration est totale. Coach Villegas, bilingue, l’aide au début, notamment au niveau de la communication avec ses nouveaux partenaires. « Après je me suis débrouillé, j’ai appris sur le tas. Je m’en suis sorti », dit Maxime. Qui enchaîne :
Cela a fait bizarre à mes coéquipiers de voir débarquer un Français dans leur équipe. Mais j’ai été très bien accueilli, très vite intégré. J’ai même été surpris d’être intégré aussi vite. En France, on facilite moins l’intégration des étrangers, là-bas ce fut totalement différent. Maxime TurrelPilier gauche passé par Oyonnax, Bourgoin et Chateaurenard
Le pilier gauche Maxime Turrel, déçu par son dernier club en France, estime avoir vécu « une superbe aventure » en Australie. (©DR)
Demi-finale du championnat
Les matchs s’enchaînent en même temps que Maxime retrouve le sourire. En championnat, il atteint le stade des demi-finales. Au-delà du résultat, le pilier est surtout heureux d’une chose : avoir retrouvé du temps de jeu. « Sportivement, cela s’est très bien passé. J’ai beaucoup joué, j’ai fait plusieurs fois 80 minutes. Je sortais de 2 ans sans jouer, et là d’avoir autant enchaîné, j’ai finalement fait une bonne saison », se réjouit-il.Alors que le championnat se termine début septembre, le Drômois prolonge l’aventure, car il est retenu pour intégrer la sélection d’État de l’ACT, celui de la capitale, Canberra. Il dispute l’Australian Rugby Shield, le Tournoi regroupant toutes les sélections d’États, à Adelaïde. Et le gagne. « Cela fait très plaisir de finir l’aventure sur un titre. C’est gratifiant ».
« Avant de partir, j’étais au fond de la gamelle, j’en avais marre »
Mais toutes les bonnes choses ont une fin. S’il fait actuellement un crochet par les Fidji – « c’est une superbe découverte » – grâce à un de ses anciens coéquipiers, Maxime va rentrer en France la semaine prochaine. La saison est terminée en Australie, et celle-ci ne reprendra qu’en avril prochain. Les mois à venir sont consacrés à la musculation, au fitness, aux skills… bref, de la préparation d’avant-saison. Les Wikings lui ont proposé de rester, mais Maxime a décidé de revenir dans l’Hexagone.« Mine de rien, la famille manque. Et puis je me suis dit que j’allais rentrer pour retrouver un challenge et rejouer en France », souligne-t-il. Avant de préciser :
Je n’ai eu que du positif, j’ai eu ce que je cherchais, à savoir du temps de jeu principalement. J’ai fait des rencontres, certaines personnes sont même devenues des amis. J’ai retrouvé goût au rugby. Avant de partir, j’étais au plus bas, au fond de la gamelle, j’en avais marre. Après une telle saison, ça redonne de l’envie. On se dit que tout n’est pas négatif partout, et c’est vrai que j’ai pu reprendre du plaisir à jouer. Maxime TurrelPilier amateur qui a décidé de tenter l’aventure en Australie
Maxime Turrel a remporté le tournoi de Cambera lors d’une compétition entre états en Australie. (©DR)
Maxime espère retrouver un club en France
S’il dit qu’il n’est « pas à l’abri de repartir en Australie », Maxime Turrel aimerait tout de même retrouver un challenge en France. Niveau travail, tout est en suspens, car cela dépendra du club qu’il rejoindra. « Je suis dans l’inconnu », avoue-t-il. Son souhait : un club de Nationale 2 ou Fédérale 1 dans la région Auvergne-Rhône-Alpes. « Ce serait intéressant », sourit-il. L’annonce est en tout cas passée…Cet article vous a été utile ? Sachez que vous pouvez suivre Actu Rugby dans l’espace Mon Actu . En un clic, après inscription, vous y retrouverez toute l’actualité de vos villes et marques favorites.