Les suiveurs du Tour de France doivent se remettre de leurs émotions. Mardi, Jonas Vingegaard a complètement écrasé le chrono de la 16e étape, disputé sur 22,1 kilomètres entre Passy et Combloux, en repoussant Tadej Pogacar à une minute et 38 secondes.Troisième de l’étape et coéquipier de Jonas Vingegaard, Wout Van Aert estimait être le « premier des gens normaux » à deux minutes 51 du maillot jaune.
Le leader de la Jumbo-Visma semble bien parti pour remporter un deuxième Tour de France de suite. « C’est une victoire écrasante, qu’on n’attendait pas, a réagi le directeur de la Grande Boucle Christian Prudhomme, invité sur France Info. Jusqu’ici, il y avait pratiquement match nul avec quelques secondes d’écart.
J’ai filé la métaphore du combat de boxe avec chaque coureur se rendant coup pour coup. Et là Vingegaard a mis un genou à terre à Pogacar, ça a été une surprise par l’ampleur de la victoire. »
« Les questions ne sont pas illégitimes »
Mais comme souvent dans l’histoire récente du Tour de France, une telle démonstration s’est accompagnée de nombreux doutes.
« Évidemment, les questions ne sont pas illégitimes sur les différents soupçons, c’est ce qu’ont pu dire aussi les deux champions lors de la journée de repos, a répondu Prudhomme en renvoyant aux réponses de Vingegaard et Pogacar sur le sujet. On vit avec ça depuis longtemps. »Les contrôles sont faits par une agence indépendante, ce qui n’était peut-être pas le cas avant, a poursuivi Prudhomme.
L’ITA (International testing agency, NDLR) teste non seulement dans le cyclisme mais aussi dans une cinquantaine de disciplines. C’est ce que nous souhaitions autrefois lorsqu’on était englué dans les affaires, avec une agence qui teste mais pas seulement une qui s’occupe uniquement du cyclisme. Le maillot jaune est testé tous les jours, comme les vélos sont contrôlés tous les jours. »
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« Il y a eu de réels progrès »
Si le résultat du chrono a pu surprendre, à commencer par Jonas Vingegaard lui-même qui ne s’attendait pas à creuser autant, ce sont surtout les performances en montagne qui sont pointées du doigt avec des records battus dans plusieurs cols. « Je ne peux pas vous l’expliquer si ce n’est que ça date d’une vingtaine d’années et qu’il y a eu depuis de réels progrès, notamment sur le matériel qui est un vrai sujet, a estimé Prudhomme. Nous nous interrogeons d’ailleurs sur le plan de la sécurité car ça va réellement trop vite dans les descentes par exemple.
Les coureurs ont des freins à disque et ils vont plus vite car ils freinent plus tard. Ils sont nés avec une diététique qui était à l’époque balbutiante, ce sont des moines soldats aujourd’hui. Ils se refusent le moindre écart aujourd’hui, même en décembre, ça explique en partie les performances. »
Enfin, Christian Prudhomme n’oublie pas que le cyclisme est d’ores et déjà soumis à un règlement strict. En 2022, Rafael Nadal triomphait à Roland-Garros en assumant des infiltrations pour soigner sa blessure au pied. « Ce que je sais, c’est que depuis une dizaine d’années, c’est qu’il est interdit dans le cyclisme, contrairement à d’autres sports, de vous faire une piqûre, a rappelé Prudhomme.
Vous êtes hors-compétition. On a vu dans d’autres disciplines que des champions pouvaient être soignés et continuer à gagner. Dans le vélo, ça n’existe pas.
Le vélo est en avance sur ça. »Article original publié sur RMC Sport