Mesdames et Messieurs,
Comme vous le savez, avec le président de la République, nous avons réuni ce matin l’ensemble du Gouvernement pour un séminaire de rentrée sur les priorités de l’action gouvernementale. Ce fut un séminaire dense qui a permis de fixer la feuille de route pour les mois à venir.
Je veux d’emblée vous dire, sans surprise évidemment, que mon Gouvernement travaillera jusqu’à la dernière minute avec sérieux, humilité, dans l’écoute de nos concitoyens et de nos territoires, avec détermination et une mobilisation permanente. Transparence et efficacité, c’est ce que nous devons aux Français avec, je crois, toujours la même ligne que je m’efforce de suivre depuis mon entrée en fonction : protéger les Français, renforcer la France.
Cette rentrée reste évidemment marquée par les effets de la crise sanitaire. Chacun l’a compris : l’épidémie n’est pas encore derrière nous, et les variants en particulier, doivent nous inviter à conserver la plus grande des prudences. Mais si nous ne sommes pas encore revenus à une vie tout à fait normale, cette rentrée se présente, malgré tout, sous un jour nouveau. Les progrès spectaculaires de la vaccination au cours de l’été nous ont permis d’affronter cette quatrième vague sans mesures de fermeture, de couvre-feu ou de confinement, en tout cas sur le territoire métropolitain. Deuxième élément nouveau et très positif, notre pays, connaît un rebond de l’activité économique et de l’emploi beaucoup plus rapide que ce qui était attendu. Ces deux bonnes nouvelles ne doivent certainement pas nous amener à je ne sais quelle auto-satisfaction, et encore moins à relâcher notre vigilance. Les deux priorités du Gouvernement au cours des prochains mois seront donc très simples : prendre les mesures nécessaires encore et toujours pour nous protéger contre toute résurgence possible du risque épidémique, consolider et amplifier la reprise économique au service de l’emploi et du développement de notre potentiel productif.
parfois au milieu de leurs propres congés.
Cette épidémie, on le sait, n’a pu prospérer qu’en raison de la faiblesse de la couverture vaccinale dans la plupart de ces territoires. J’en appelle donc une fois encore à nos concitoyens, à l’Outre-mer mais en métropole aussi : faites-vous vacciner. Mais nous savons que ce vaccin protège face à un virus qui lui tue toujours ou provoque des effets très graves de long terme, des effets de long terme sur lesquels on nous dit que nous avons bien moins de recul que sur le vaccin lui-même, qui a déjà été, je vous le rappelle, utilisé par des milliards d’individus dans le monde et qui fait l’objet, j’y insiste une nouvelle fois devant vous, d’une surveillance sans précédent dans l’histoire de la médecine moderne.
Aujourd’hui en France, 88 % de la population (majeure) en âge d’être vaccinée a reçu sa première injection. Et ce résultat nous place parmi les pays affichant la plus forte couverture vaccinale du monde. Mais je l’ai dit, nous ne sommes pas au bout du chemin. Il faut continuer et ne pas relâcher notre vigilance. Avec deux priorités dans les toutes prochaines semaines, dans les tout prochains jours, au-delà bien entendu du suivi très attentif des conditions et des effets de la rentrée scolaire et de la rentrée universitaire. La rentrée scolaire se déroule bien jusqu’à présent. Je le dis devant vous : j’y veille personnellement. Mais nous restons extrêmement attentifs. Au-delà donc, nous devons continuer à convaincre celles et ceux de nos concitoyens qui doutent encore et aller vers celles et ceux, souvent âgés, précaires, isolés, qui sont à l’écart du système de soin. Ce sont des personnes plus fragiles parfois avec des profils à risque de formes graves et nous devons tout faire pour les amener à la vaccination ou plus exactement, que la vaccination aille vers elles.
Deuxièmement, nous nous préparons comme vous le savez à une grande campagne de rappel vaccinal qui a déjà commencé pour les personnes de plus de 65 ans. Déjà 300 000 ont pris rendez-vous pour recevoir une nouvelle injection alors que nous allons démarrer dès la semaine prochaine les opérations de vaccination systématique des résidents dans les EHPAD. L’enjeu est majeur : maintenir à haut niveau leur protection contre le virus. Cette campagne, je le dis, cette campagne complémentaire sera fondamentale si nous voulons que le bouclier vaccinal que nous avons déjà très largement déployé soit durablement efficace.
Je veux enfin rappeler à nos concitoyens 3 échéances importantes :
Le 15 septembre, l’obligation vaccinale prévue par la loi pour les soignants sera effective. Et je me réjouis que d’ores et déjà à peu près 90 %, un petit peu plus même, des soignants soient vaccinés. Deuxième échéance ;
Le 30 septembre, le passe sanitaire sera étendu aux 12-17 ans dont là aussi, je me plais à rappeler que le taux de vaccination a beaucoup progressé au cours de l’été au-delà même de ce que nous avions prévu et progressera encore, je l’espère, dans les prochaines semaines avec les opérations qui ont déjà débuté dans tous les établissements scolaires de France.
Enfin, troisième échéance, très importante, parce que je pense qu’il faut que nos concitoyens l’aient bien en tête, y compris pour en tirer toutes les conséquences. Je vous rappelle que le 15 octobre prochain, les tests PCR et antigéniques ne seront plus systématiquement remboursés par la Sécurité sociale, mais simplement ou seulement sur des critères médicaux.
Mes chers concitoyens, avec vos efforts, nous sommes donc sur la bonne voie, celle, je l’espère, d’un retour progressif à la normale, mais rien ne serait plus dangereux que de nous croire définitivement tirés d’affaires. Restons mobilisés et en particulier respectueux des gestes barrières.
La reprise est là et elle est incontestablement forte nous retrouverons Notre taux de chômage dont nous avions tous craint qu’il explose, n’a jamais été aussi bas depuis 2008. Le pouvoir d’achat que nous avons réussi à protéger l’année dernière devrait également progresser de manière significative cette année. Au total, je rappelle que les mesures prises depuis 2017 : la prime d’activité, la suppression de la taxe d’habitation, la prime exceptionnelle défiscalisée, l’exonération des heures supplémentaires auront permis d’accroître le pouvoir d’achat d’un salarié au SMIC de plus de 170 euros par mois. Pour le dire autrement, ça veut dire que plus de 2 000 euros sur 12 mois, soit l’équivalent de 1,7 mois de salaire en plus.
Ce plan est un véritable succès. Il est puissant. Il se déploie rapidement et j’y suis particulièrement attaché. Il concerne tous les territoires de la République.
Ces indicateurs, vous les connaissez. Les Français les voient, les ressentent. Mais là aussi, l’erreur serait de se satisfaire de ces résultats et de ce constat. Ces réussites nous obligent en effet à aller plus loin, car nous devons amplifier cette dynamique. D’abord, pour répondre au problème numéro 1 que rencontrent aujourd’hui quasiment tous les secteurs économiques, et j’étais encore lundi en déplacement sur le sujet de l’industrie, ce problème numéro un, vous le savez, ce sont les difficultés de recrutement. Nos entreprises veulent embaucher. Il n’y a un niveau inédit de création d’emplois et elles ne trouvent pas toujours les salariés pour les occuper. En tout cas, pas assez de salariés disponibles et qualifiés pour prendre ces emplois.
Selon la Banque de France, on parle d’environ 300 000 emplois à pourvoir. Ce n’est pas un sujet tout à fait nouveau en France, mais il n’a jamais pris une telle acuité. C’est un gâchis. Il renvoie à plusieurs causes. Et l’une des priorités de la rentrée, c’est bien collectivement d’y faire face. Alors, quelles dispositions avons-nous prises ou envisagées ?
D’abord, je commence par ça et c’est toujours en cohérence avec ce que nous avons fait investir davantage et plus et mieux dans la formation des salariés et des demandeurs d’emploi. Car nous voyons bien que parmi les causes de cette situation, il y a la transformation de l’économie et des métiers que la crise sanitaire et économique a accéléré. Elle était déjà à l’œuvre cette transformation. On voit qu’elle s’accélère. Alors, on doit nous y adapter. Nous avons, je le disais, commencé de le faire avec deux grands succès: l’apprentissage et le compte personnel de formation. Mais face aux tensions que nous constatons aujourd’hui, nous devons impérativement renforcer la formation des demandeurs d’emploi. Je pense en particulier aux demandeurs d’emploi de longue durée qui risquent d’être à nouveau les grands oubliés de la sortie de crise, mais aussi la formation des salariés en entreprise. J’ai, vous le savez, abordé ce sujet très longuement avec les partenaires sociaux que j’ai reçus la semaine dernière. Et dans ce que nous préparons en lien avec eux, nous voulons privilégier les formations qualifiantes le plus possible en entreprise. Je parlais des partenaires sociaux.
S’agissant des demandeurs d’emploi, j’évoquerai également ce sujet avec les présidents de région, compte tenu des compétences de ces collectivités, présidents de région, que vous le savez, sans doute, je recevrai lundi. Et nous présenterons, forts de ces concertations et de ces travaux techniques avec Elisabeth BORNE, au plus tard à la fin de ce mois, un plan ambitieux d’investissement dans les compétences appelé à s’échelonner sur plusieurs mois. En particulier, j’insiste auprès de vous, nous devons faire plus encore pour les jeunes qui ont particulièrement souffert de la crise. Et je le dis alors même que le plan “Un jeune, une solution” a été un succès qui a permis de donner un emploi ou une formation à plus de 2 millions de jeunes. Les chiffres, vous les connaissez : au moment de la précédente crise 2008-2010, le chômage des jeunes avait explosé, plus 31% ; il a légèrement régressé par rapport à ce qu’il était au début de 2020. Mais il y a encore trop de jeunes dans ce pays qui ne sont ni en emploi ni en formation et, vous le savez, plus en termes relatifs que dans la plupart des pays qui nous entourent. Nous devons donc pour eux, déployer un accompagnement renforcé pour aller les chercher et leur permettre d’accéder à une formation, à un parcours d’insertion ou à une activité professionnelle. Il doit s’agir d’un accompagnement exigeant sur la base d’un contrat donnant-donnant et pour une durée limitée dans le temps, un vrai contrat d’engagement. Je le dis de la façon la plus claire : il ne s’agira pas d’un RSA jeunes. Il ne s’agira pas d’un RSA jeunes. L’objectif, l’objectif, c’est de valoriser, d’encourager l’insertion professionnelle et l’activité. C’est comme cela que se prépare le mieux l’entrée dans la vie active. Sur ce sujet aussi, la ministre Elisabeth BORNE va poursuivre ses concertations de façon à ce que, en lien avec nos partenaires, nous puissions dans les prochaines semaines vous présenter ce dispositif.
Des accords ont déjà été conclus, ça veut dire que les négociations progressent, portent leurs fruits. Je pense en particulier, mais pas seulement, à la Fédération du commerce. A l’occasion de mes échanges avec les syndicats et les organisations patronales la semaine dernière, j’ai demandé l’ouverture de négociations dans d’autres branches, en particulier l’hôtellerie-cafés-restauration qui, vous le savez, est confrontée à des problèmes de recrutement, ou encore les industries agro-alimentaires.
Troisième réponse aux difficultés de recrutement, la réforme de l’assurance chômage. Elle vise à remettre de l’ordre dans un régime fondamentalement utile, bien sûr, mais dont les règles avaient progressivement dérivé dans un sens qui conduisait à installer de nombreux salariés dans une forme de précarité de l’emploi et où les périodes chômées finissaient parfois par être autant rémunérées que les périodes travaillées. Nous devons, nous devions sortir de ce système, mieux valoriser le travail et les entreprises doivent être incitées à privilégier les CDI plutôt que les contrats courts ou itératifs. Plus globalement, tout doit être mise en oeuvre pour encourager le travail et inciter à la reprise d’activité. Nous avions suspendu cette réforme et nous avons bien fait de la faire en lien avec les partenaires sociaux parce que nous sommes des gens pragmatiques. Elle n’était pas adaptée à l’explosion du chômage qui menaçait à la faveur de la survenue de la crise. Comme je l’ai indiqué, tout à l’heure, les conditions sont aujourd’hui différentes. Et nous avons présenté aux partenaires sociaux un dispositif de mise en œuvre, d’entrée en application progressive entre le 1er octobre et le 1er décembre de cette réforme que nous tenons pour absolument indispensable. J’ai également, face aux craintes exprimées par les syndicats et que vous connaissez, indiqué que nous mettrions en place un dispositif de suivi et d’évaluation de la mise en œuvre de cette réforme pour en mesurer les effets. Après l’emploi, notre deuxième priorité, mesdames et messieurs, sera de prolonger la transformation de notre modèle de croissance, de corriger les faiblesses qui ont été révélées par la crise et de refaire de la France une économie innovante, industrielle et conquérante.
Transformer notre économie, c’est d’abord simplifier la vie de celles et ceux qui entreprennent. Dans quelques semaines, au-delà de ce que nous avons fait, le président de la République présentera un plan pour les travailleurs indépendants dont l’objectif sera de faciliter la conduite de leurs activités et d’améliorer leur protection sociale. Nous avons, je vous le rappelle, aujourd’hui 3,6 millions travailleurs indépendants en France. Ils ont beaucoup souffert de la crise, eux aussi. Et ce plan leur permettra de dynamiser leur activité. Nous avons besoin d’eux. Il se concrétisera dans un projet de loi qui sera présenté en Conseil des ministres dès la fin de ce mois.
Transformer notre économie, c’est aussi faire en sorte qu’elle soit plus résiliente. Les événements climatiques extrêmes se multiplient et, vous le voyez bien, engendrent un nombre croissant de catastrophes en intensité de plus en plus forte que nos agriculteurs subissent au premier chef, et je ne vais pas là non plus faire l’injure de vous rappeler les événements récents auxquels notre pays et cette profession ont été confrontés. Ainsi que je m’y suis engagé devant vous, nous présenterons, dans les prochains jours, un nouveau dispositif d’assurance récolte soutenu par les pouvoirs publics qui garantira aux agriculteurs une meilleure couverture des pertes occasionnées par les calamités naturelles. Nous avons, vous le savez, également l’intention de mieux les protéger dans le partage de la valeur de leur travail. On va le dire plus simplement, qu’ils puissent vivre des revenus tirés de leurs activités. C’est l’objet, nous avions pris une première loi dite EGalim 1 dont nous avons constaté, soyons clairs, qu’elle n’avait pas, qu’elle n’a pas complètement atteint son objectif. D’où la proposition de loi EGalim 2, qui a déjà été votée à l’unanimité à l’Assemblée nationale, qui sera bientôt examiné au Sénat et dont l’objectif est de mieux équilibrer les relations commerciales entre agriculteurs et industriels, puis entre industriels et distributeurs, notamment sur la juste prise en compte du coût des matières premières. Nous sommes opiniâtres. Il faut y arriver. Nous avons besoin d’une agriculture forte, d’une agriculture qui puisse s’adapter aux changements climatiques et qui puisse pleinement respecter les exigences environnementales. Cette exigence d’équilibre, elle doit être portée plus largement et nous l’apporterons, vous le savez, nous l’apportons sur les enjeux climatiques. Je vous rappelle que la loi climat et résilience a été promulguée au cours de l’été, qu’elle nous fixe une feuille de route et nous donne les moyens pour agir de manière extrêmement concrète sur les énergies propres, sur les économies d’énergie, sur la réduction de la pollution. La priorité des mois à venir que j’ai rappelée ce matin au Gouvernement c’est de faire entrer cette loi dans le quotidien des Français en les accompagnant dans sa mise en œuvre, et vous le savez, je pense à MaPrimeRénov’ ou à d’autres dispositifs, combien le plan de relance prévoit de son côté, avec plus d’un tiers des crédits consacrés à la transition écologique, des moyens à cet effet. Nous ne céderons jamais à la tentation d’opposer progrès économique et progrès écologique.
Transformer notre économie, enfin, c’est nous doter de nouvelles capacités industrielles, c’est réarmer notre souveraineté économique et faire de la France un pays mieux préparé au défi technologique de demain. Je vous l’ai dit, j’étais, lundi, à Lyon puis à Grenoble sur cette thématique industrielle. Le plan de relance y consacre des moyens inédits, avec des résultats que j’ai pu constater sur place. Quel symbole, notamment dans l’Isère, que celui de la relocalisation de la production du Paracétamol. Mais il nous faut multiplier ces exemples. Nous lancerons donc, à la demande du président de la République dans les prochaines semaines, un nouveau plan d’investissement pour bâtir la France de 2030, et faire émerger dans notre pays et en Europe les grands champions de demain dans les domaines du numérique, de l’énergie verte, de l’industrie décarbonée, des biotechnologies ou encore de l’agriculture et de la forêt. Ce ne sont là que des premiers exemples. Il ne s’agira pas, j’ai déjà eu l’occasion de le dire, d’un plan de relance bis, mais bien d’un travail sur un temps plus long visant à porter des investissements de rupture concernant les secteurs industriels et économiques d’avenir. Nous présenterons ce plan France 2030 au cours de la première quinzaine d’octobre, avec une traduction dès 2022. C’est un enjeu majeur d’emplois, d’aménagement du territoire, mais surtout et peut-être surtout, de souveraineté nationale. C’est ce que nos concitoyens, je le crois profondément, attendent de nous : gérer au mieux cette crise de la façon la plus sérieuse, la crise sanitaire, la crise économique, mais aussi savoir très vite tirer les conséquences plus structurelles de cette crise. Quelle faiblesse a-t-elle révélé ? Quelles difficultés structurelles a-t-elle mis en relief ? C’est la responsabilité des pouvoirs publics d’analyser ça et dans un cadre évidemment partagé, concerté, de savoir le plus vite possible en tirer toutes les conséquences. Tout faire pour éviter une reprise de l’épidémie, amplifier la reprise économique, voilà les deux grands impératifs de cette rentrée.
Mais évidemment, l’action du Gouvernement ne s’arrêtera pas et ne s’arrête pas là. Ce matin, nous avons passé en revue l’ensemble des chantiers engagés, il y en a beaucoup. Mais je souhaite, devant vous, insister sur 3 d’entre eux qui vont nous mobiliser plus particulièrement.
nous aurons créé Cela a été l’un des axes forts de mon engagement pris à la faveur de ma déclaration de politique générale prononcée devant le Parlement il y a un peu plus d’un an nous concourons à l’amélioration de l’éducation et nous agissons in fine contre l’insécurité Et pendant trop d’années la population à ces états généraux de la justice. La justice, c’est l’affaire de tous. C’est une des grandes causes de l’action gouvernementale.
Autre enjeu de protection sur lequel nos concitoyens attendent que nous agissions jusqu’au dernier jour leur protection sociale. Tout en le mettant à rude épreuve, la crise a démontré combien notre système était précieux. Elle a aussi, là encore, révélé ses limites ou ses faiblesses. Il nous faut donc le consolider, le renforcer et l’améliorer, à commencer, bien évidemment, par notre système de santé qui a besoin d’un investissement massif. Nous avons commencé l’an dernier avec les accords de Ségur, signés dès mon arrivée à Matignon, par les partenaires sociaux majoritaires et qui ont permis d’augmenter à hauteur d’environ un peu plus qu’un treizième mois, les salaires de plus de 1 million et demi de soignants dans les hôpitaux et les EHPAD. Après les revalorisations salariales, nous sommes maintenant engagés dans la phase 2 du Ségur, celle de l’investissement pour la modernisation de nos établissements de santé et de notre offre de soins. Nous allons y consacrer 19 milliards d’euros; c’est une somme colossale et inédite ; et nous allons dévoiler dans les prochaines semaines, avec évidemment le ministre des Solidarités et de la Santé, la carte des sites retenus pour ces investissements. Autre enseignement de la crise sanitaire et en particulier des périodes de confinement, les Assises nationales de la santé mentale qui se tiendront très prochainement, permettront d’annoncer de nouvelles initiatives en matière d’organisation et de prise en charge des soins psychiatriques et psychologiques. Au rang des avancées sociales, la loi bioéthique promulguée cet été, élargie comme le président de la République, s’y était engagée, la procréation médicalement assistée aux couples de femmes et aux femmes célibataires. Ce droit entrera en vigueur à compter d’octobre prochain. Toutes ces priorités d’action se traduiront dans le dernier PLFSS, pardon, projet de loi de financement pour la Sécurité sociale que nous présenterons en Conseil des ministres le 6 octobre. Ce texte portera également des mesures nouvelles en vue de renforcer la cinquième branche de la Sécurité sociale que, je vous le rappelle, nous avons créée l’année dernière dans le champ de l’autonomie des personnes âgées et de la prise en charge de la dépendance. Ce défi du vieillissement, cette meilleure prise en compte du handicap, nous devons continuer de nous y préparer, même s’il ne prendra toute son ampleur que de manière progressive.
Mais aussi pour restaurer l’équité entre les cotisants dans le cadre d’un régime universel. La crise sanitaire a interrompu le processus de réforme et, comme je l’ai redit aux partenaires sociaux lorsque je les ai reçus la semaine dernière, ce processus, du reste modifié compte-tenu des conditions nouvelles, ne pourra reprendre que lorsque la pandémie sera sous contrôle et que la reprise économique sera suffisamment solide. C’est une question de bon sens, j’allais dire, c’est un préalable à la réussite de cette réforme très importante. A ce jour, ces conditions ne sont toujours pas réunies. Nous avons plus que jamais l’impérieux devoir de favoriser au maximum l’unité du pays. Enfin, dernière grande priorité débattue ce matin, le Gouvernement entend poursuivre dans les prochains mois le chantier de la réforme de l’Etat et des pouvoirs publics. Un projet de loi déjà examiné par le Sénat avant l’été sera soumis à l’Assemblée nationale au mois, au début du mois de décembre. Il comprendra des dispositions sur le fonctionnement de l’Etat et des collectivités locales dans les territoires et permettra aussi d’accompagner la mise en œuvre des chantiers ouverts, par exemple la semaine dernière à Marseille par le président de la République pour porter une nouvelle ambition dans cette métropole. Nous voulons sans cesse et toujours davantage faire confiance aux territoires, c’est aussi là encore l’une de mes marques de fabrique. Nous allons continuer à réformer l’Etat pour qu’il soit plus proche de nos concitoyens et davantage présent dans les territoires. L’Etat dont l’utilité a été clairement rappelée pendant cette crise sanitaire et je veux encore saluer tous ses serviteurs qui, à côté de ceux des collectivités territoriales, des organismes de protection sociale et des associations n’ont cessé d’être sur le pont depuis de longs mois. Pour cela, les pouvoirs et les moyens des services de l’Etat dans les départements centraux, ça aussi c’est un enseignement de la crise, le nécessaire renforcement de la proximité, ses pouvoirs et ses moyens seront renforcés autour du fameux couple maire-préfet dont j’ai depuis longtemps fait l’apologie. Conformément à ce que j’avais annoncé au moement de ma prise de fonction, toutes les créations d’emplois qui seront autorisées dans le budget 2022 seront affectées, sauf exceptions justifiées, dans les services départementaux de l’Etat et pas dans les administrations centrales.
S’agissant de la haute fonction publique, nous mènerons, comme nous l’avons annoncé en avril dernier une refonte profonde et indispensable des modalités de recrutement, de formation, de gestion, des carrières des cadres supérieurs et d’accès aux grands corps de l’État. Le nouvel institut national du service public remplacera l’ENA le 1er janvier prochain. Nous devons conduire davantage de hauts fonctionnaires sur le terrain, nous devons là encore rapprocher la décision des territoires de la République.
Enfin, ai-je besoin de vous rappeler que le 12 décembre prochain se tiendra la troisième consultation référendaire en Nouvelle-Calédonie. Nous sommes à cet effet pleinement mobilisés avec le ministre des Outre-mer qui se rendra sur place en octobre pour que la consultation se conduise dans de très bonnes conditions et pour que l’information des électeurs soit la plus complète et la plus objective possible.
Vous le voyez, l’agenda des premières semaines et des prochains mois sera finalement aussi intense que si nous étions au début d’un quinquennat et s’y ajoutera à compter du 1er janvier prochain, un rendez-vous majeur. La France prendra la présidence de l’Union européenne, et ce, pour les six premiers mois de 2022. Nous avons consacré un long temps séminaire de ce matin à cette échéance. Car cela se prépare sur le plan matériel et sur le plan politique. Et j’ai moi-même, depuis plusieurs mois, animé plusieurs réunions de ministres pour préparer cette présidence. La France présentera à ses partenaires avant la fin de la présente année les priorités d’action que nous entendons porter pendant ces six mois. Elles viseront notamment à renforcer l’Europe sociale via, nous l’espérons, la mise en place d’un salaire minimum européen, à faire avancer la nouvelle ambition européenne en matière de réchauffement climatique, avec notamment la mise en place d’une taxe carbone aux frontières de l’Union et à engager enfin une indispensable réforme de la politique migratoire européenne. Mesdames et messieurs, vous l’avez compris, le Gouvernement est à la tâche, pleinement et totalement à la tâche, avec une seule boussole : le service du pays, la protection de nos concitoyens, la préparation de notre avenir. 200 jours nous séparent des prochaines échéances démocratiques, rendez-vous évidemment essentiel pour notre pays. 200 jours pour agir jusqu’au bout, car c’est non seulement l’intérêt du pays, mais c’est évidemment la conception que nous nous faisons de notre responsabilité.Je vous remercie.